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08/03/2013

Rencontre avec Lucie, gourmande BCBT

P1070330.JPGAujourd'hui, 8 mars, c'est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Et cela inclut le droit d'être bien dans son corps quelle que soit sa silhouette. Le droit de ne pas se conformer aux diktats de la minceur et d'aimer manger sans se priver. C'est ainsi que j'ai conçu cette rubrique des Gourmandes "Bien dans leur Corps, Bien dans Leur Tête". Aujourd'hui, c'est une rencontre avec Lucie.

Lucie est une toute jeune femme qui a plusieurs casquettes. Journaliste freelance, elle écrit pour plusieurs supports et anime l'excellent blog orienté alimentation du site Slate.fr, "Quand l'appétit va". Elle a aussi créé avec une amie un site gourmand et rigolo, la Super Supérette, où elles s'amusent à cuisiner des déclinaisons maison de produits emblématiques du commerce, le plus souvent sucrés.

On a d'abord fait connaissance virtuellement via twitter, il lui est arrivé de me demander mon avis de diététicienne pour des articles, puis nous nous sommes rencontrées au hasard d'événements gourmets. Tout cela a constitué un faisceau de présomptions pour imaginer qu'elle avait le profil d'une gourmande BCBT (Bien dans son Corps, Bien dans sa Tête). Interview !

Ta définition de la gourmandise
La gourmandise, c'est se faire plaisir en mangeant, si possible avec d'autres, de bonnes choses faites par soi ou les autres.

Ta gourmandise favorite
Les confitures ! Faites maison ou très bonnes. J'en consomme des quantités ! Et aussi la tarte Tatin et le reblochon.

Ta dernière découverte gourmande
La véritable mozzarella à l'Epicerie Musicale, avec un goût et une texture incroyables !

Le plat / l’aliment que tu ne parviens absolument pas à aimer

Le seul, c'est les huitres, vraiment pas !

Tu pars sur une île déserte, l’aliment que tu emportes absolument ?

Des pâtes ! Je fais du feu avec des silex et je prends de l'eau de mer pour les cuire : elle est déjà salée ! Ou alors des biscuits super énergétiques : la priorité, c'est de survivre !

Que consommes-tu sans modération ?
En hiver, les soupes. Et en toute saison, l'eau, le thé, le café. Et les très bonnes viennoiseries, des brioches maison par exemple.

D’où vient ton tempérament gourmand ?
J'ai toujours été gourmande. Et c'est de famille. Mes parents aiment bien manger, mon père adore cuisiner et le fait très bien, mes grands-mères cuisinent. Donc, je m'y suis mise enfant, en faisant d'abord des gâteaux le mercredi, et aussi avec mes. grands-mères. L'une d'elles fait notamment des bugnes merveilleuses

Ta gourmandise inavouable ?
Je n'en ai pas vraiment. Bon, il m'arrive de manger des biscuits industriels mais cela n'a rien d'inavouable...

La cuisine, c’est quoi pour toi ?
C'est prendre un moment pour fabriquer quelque chose de ses mains pour soi et les autres et faire plaisir. C'est aussi un moment de détente qui peut parfois 2me calmer si je suis énervée. Mais je n'ai pas trop envie de passer 4 heures en cuisine non plus !

Dans tes placards (et ton frigo), il y a toujours… ?
Des oeufs, de la farine, du sucre : de quoi pouvoir faire de la patisserie si l'envie m'en prend. Et aussi de la tapenade, du beurre, des lardons, des pâtes, des légumes basiques, du bon pain, de quoi improviser un apéro, ...

Ta madeleine de Proust, le goût que tu n’arrives pas à retrouver ?
Ce sont plutôt des goûts liés aux voyages, par exemple des empanadas chiliennes ou des rouleaux à la cannelle norvégiens, que je n'arrive ni à reproduire ni à retrouver identiques ici... Question vraiment de goût ou de contexte ?

Ta recette super-express et super-bonne ?
Les brioches maison dont je parlais. On les prépare le soir avec 20cl de lait, un sachet de levure de boulanger, 50g de beurre fondu, 350g de farine, 50g de sucre. On petrit la pâte (avec tous les ingrédients), on la fait lever dans un saladier 30 minutes, on forme des boules sur une plaque de four et on fait à nouveau lever au moins 30 minutes, on les fait gonfler dans le four laa 100 (facultatif) puis on fait les fait cuire 20 mn environ à 180 jusqu'à ce qu'elles dorent. Le lendemain matin, on les passe 2 mn dans le four et on se régale !

L’effort que tu fais pour ta ligne ?
Le seul : quand j'ai fait un repas excessif, simplement faire un repas léger ensuite : ça se fait naturellement.

C’est quoi les régimes pour toi ?
C'est une alimentation ennuyeuse, avec des obligations, des restrictions. Je n'en ai jamais fait mais je vois des amies qui en font : cela pourrit un peu la vie et ce n'est pas utile sur le long terme.

Ta meilleure façon de bouger ?
Je fais un peu de sport et ça me fait du bien : un peu de gym suédoise, de course, de natation. Ça, c'est plutôt pour Paris, sinon, j'adore la randonnée, le ski, le VTT.

Une astuce gourmande pour embellir le quotidien ?
D'abord se prévoir un petit déjeuner gourmand, c'est vraiment important pour embellir la journée.
Ensuite, penser à tous les petits ajouts qui vont embellir les plats, les salades : du gomasio, du
sésame grillé, des amandes, ...

Merci Lucie pour ce joli partage et je vous recommande vivement d'aller visiter les allées de la Super Superette !

07/03/2013

"On est foutus, on mange trop" : pas vraiment démodé, Souchon !

La semaine dernière, j'ai assisté à un concert d'Alain Souchon. De longues années que je suis fan de ce chanteur qui n'a pas son pareil pour épingler les caractéris-tics d'une époque. Le florilège de chansons qu'il avait choisies ne portait pas vraiment à l'optimisme et à la gaité, qu'il s'agisse de solitude, de soumission à la société de consommation, de désenchantement...

Il y a une chanson qu'il n'a pas chantée, qui figurait sur un des premiers 33 tours que j'avais achetés de lui, c'est "Papa Mambo" alias "On est foutus, on mange trop". 

La chanson à écouter...

...ou les paroles à lire

Extrait : 

"Nous voilà jolis, nous voilà beaux,
Tout empâtés, patauds, par les pâtés les gâteaux.
Nous voilà beaux, nous voilà jolis,
Ankylosés, soumis, sous les kilos de calories".

La chanson date de 1978 (35 ans !) et elle n'a pourtant fait que gagner en actualité, vous ne trouvez pas ?... Tiens, vous aviez vu Wall-e ?

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06/03/2013

Oh, l'hiver est déjà bientôt terminé ?!

Vous allez peut-être croire que je me moque de vous. Car vous êtes nombreu(x)ses à attendre le printemps avec impatience. Eh bien moi, pas tant que ça... Bien sûr, je me réjouis des jours qui rallongent, je ne suis pas contre des températures plus douces. Mais en fait, je savoure pleinement chaque saison, avec ses particularités, ses pratiques. Et bien sûr ses plats. Et l'hiver n'est vraiment pas à plaindre de ce côté-là.

Du coup, je vois le temps passer et je me dis que je n'ai toujours pas fait un gratin chou fleur-brocoli qui me tentait, ou perfectionné mon savoir-faire en tarte aux poireaux. Ou réalisé ma première soupe à l'oignon. Ou varié les crumbles, ... La liste est longue !

Mais il y a déjà eu de bien plaisants régals d'hiver. Ainsi, Monsieur nous a concocté un délicieux gratin d'endives avec lard de poitrine et Fourme d'Ambert.

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Et aussi de délicieuses pâtes totalement de saison avec poireau, saucisse toscane et Trévise. Car il n'y a pas que la sauce tomate... Une recette découverte l'hiver dernier et toujours aussi savoureuse.

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L'hiver, c'est aussi la saison des coquilles St Jacques. Cette fois, elles ont été délicatement enrobées d'une fine tranche de lard de Colonnata, une recontre italo-bretonne, un délice !

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Pour ma part, je vous ai déjà dit ma reconnaissance pour les blogs de cuisine, pour la variété, la clarté, la simplicité souvent, de leurs recettes.

Ainsi, la semaine dernière, je suis arrêtée sur une recette de curry de légumes d'hiver publiée sur le délicieux blog de Clotilde Dusoulier, inspirée par Beena Paradin. C'est typiquement le genre de plats que j'aime et avec lesquels je montre à mes patients que manger des légumes :
- ça peut vraiment être un plaisir,
- c'est extrêmement varié,
- c'est possible, en toute saison sans être triste,
- ce n'est pas compliqué.

J'ai donc acheté des légumes d'hiver sans me caler rigoureusement sur la recette. Et toujours sur internet, je suis aussi tombée sur une vidéo de la merveilleuse et toujours concrète Esterellequi livrait ses astuces, notamment de placer chou-fleur et brocoli tranquillement sur les autres légumes car ils cuisent plus vite. Pour ne pas me compliquer la vie à mélanger des épices, j'ai tout simplement utilisé un mélange que Beena a concocté avec Olivier Roellinger (rien que ça !).

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Le résultat, avec du riz basmati (si vous voulez être sûr(e) de bien le cuire, suivez les conseils de Beena) était un delice parfumé et voyageur.

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Le lendemain, j'en ai mangé à nouveau. Comme j'en avais fait une grande quantité, j'ai congelé ce qui restait puis j'ai eu l'idée de mixer les légumes en soupe pour un troisième repas. Cela a donné un velouté onctueux et parfumé , auquel on a ajouté un peu de coriandre.

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Et vous, vous appréciez l'hiver côté assiette ? 

05/03/2013

J'ai testé pour vous... le Waterbike !

Il y a quelques mois, je vous avais parlé de l'Aquabike, une drôle de discipline consistant à faire du vélo dans une piscine en musique. J'avais trouvé l'idée amusante et le moment pas désagréable mais l'ambiance un peu glauque dans deux endroits testés.

Mais l'envie d'eau est demeurée car, depuis mai 2012, les piscines maintenaient une grève au seul horaire où je peux y aller, en début de matinée, ce qui a engendré une terrible frustration, seulement interrompue par une pause estivale...

Et puis un jour, par hasard, sur le chemin entre mon cabinet et mon nid douillet, j'ai vu en passant devant un institut de beauté une annonce de Waterbike©. Je suis entrée, curieuse, et j'ai réservé une séance.

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On m'a bien expliqué comment cela marchait, les réglages, ... Quelle est la différence avec l'aquabike ? Ce n'est plus un bassin collectif, on pédale dans une petite "baignoire" privée, à son rythme, sans professeur, avec ou sans musique. Comme il n'y a pas de "coach", il n'y a pas de programme obligé et l'espace ne serait de toute façon pas adapté à trop d'excentricités. Mais on peut pédaler très vite si on le souhaite. Et il y a des couleurs censées être relaxantes, des jets massants, ... Evidemment la promesse minceur est autant mise en avant que pour l'aquabike mais le déroulement est moins axé entrainement sportif...

Les avantages (dans cet institut) :
- la flexibilité des horaires, 
- le calme et la sérénité du lieu,
- la gentillesse de l'accueil.

La différence avec la piscine :
- c'est nettement plus cosy,
- les horaires sont beaucoup plus pratiques, surtout pour moi qui dispose parfois de moments en pleine journée,
- on n'est pas dérangée par les autres qui peuvent vous bousculer,
- on peut rester maquillée !
- on ressort de là très détendue, les jambes extrêmement légères, avec une impression de flottement très agréable, différente des sensations post-piscine.

Par ailleurs, l'hygiène est très bonne, chaque cabine est vidée et nettoyée après chaque personne.

En fait, cela a beau être dans l'eau, cela n'a rien à voir, du moins dans mon expérience personnelle, avec la natation :
- à la piscine, il y a pour moi un vrai plaisir à glisser dans l'eau et cette activité capte mon attention, je ne pense pas à autre chose, je suis concentrée sur la nage et cela me vide la tête du reste.
- au contraire, quand je pédale dans l'eau, mon esprit divague, je laisse aller mes pensées. C'est ce qui en fait un moment très plaisant, une pause tranquille et en fait, c'est  davantage cela qui me plaît que la perspective de me fuseler des jambes de gazelle...

Les deux sont donc des moments de détente physique et mentale mais disons que le Waterbike©, c'est plus cosy mais beaucoup plus cher !

Dernière minute : la grève dans les piscines s'est terminée jeudi 28 février. Je suis retournée nager samedi : bonheur !

Institut des Abbesses, 4 rue Houdon, Paris 18eme

01/03/2013

Cresson en 3 épisodes, vive les saveurs locales !

Lundi, j'étais au Salon de l'Agriculture et j'ai acheté deux bottes de cresson récolté en Ile-de-France, directement auprès du cressiculteur comme on nomme les agriculteurs spécialisés dans ce légume un peu ingrat : comme me le disait ce monsieur venu vendre son cresson, le métier est très diifficile car il se fait entièrement à la main. La saison, c'est de septembre à avril et il travaille en partie dans l'eau (bras et jambes).

J'étais contente car j'aime beaucoup ce légume feuillu à la saveur poivrée. J'ai surtout l'habitude de le préparer en soupe mais cette fois, j'ai profité de sa fraîcheur pour commencer par une salade. J'avais repéré une recette sympathique dans Elle à Table(eh oui, mon abonnement n'est toujours pas terminé !) : salade de cresson aux crevettes et agrumes (clémentine et pamplemousse). C'était très rapide à préparer, parfumé et délicieux, avec un cresson très savoureux.

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Le lendemain, avec la deuxième. botte, Monsieur a réalisé une poêlée de cresson mêlée à des dés de pomme de terre, qui a été un excellent accompagnement pour un pavé de saumon. Car le cresson est aussi bon cru que cuit.

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Il était resté des feuilles un peu abîmées et une partie des tiges. Avec des pommes de terre, j'ai tenté une soupe. Une troisième façon de se régaler, elle était délicieuse.

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Et c'est déjà fini, dommage, j'en aurais bien eu davantage. Cela m'a donné bien envie d'en racheter même si ce cresson arrivera sans doute par un circuit un peu plus long. Et pour les prochaines fois, j'ai retrouvé une vieille page "Foodingues" de Jacky Durand datant de 2010, avec deux idées de plats fort appétissantes :
- une salade cresson-oeuf dur-pomme de terre-câpres,
- une tartine chèvre-cresson-radis.

Alors suite au prochain episode !

Et vous, aimez-vous le cresson ? Comment le préférez-vous ?

28/02/2013

Rencontres, balade et gourmandise : vive la slow life !

Vendredi dernier, j'avais pris une journée off pour cause de festivités personnelles. On en a profité pour se balader et se régaler. L'idée était de flâner dans le centre-Est parisien à la découverte de quelques bonnes adresses.

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On est ainsi allés faire un tour du côté des nouvelles boutiques Terroirs d'Avenir, projet pour lequel j'ai de la sympathie depuis qu'ils m'avaient émerveillée avec un cageot de leurs tomates si parfumées. Ce n'était pas le jour de se charger de légumes mais je me suis emparée de quelques noisettes (on va voir si elles rivalisent avec celles de Rap...) et pâte assortie et on a salivé devant les beaux poissons.

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Là, on a eu une sympathique discussion avec un des deux poissonniers japonais, originaire de la région du Kyushu et habitué de Kurokawa Onsen, un endroit qu'on avait adoré.

Dans le même quartier, on a visité la Boutique des Saveurs, spécialisée dans les produits des parcs régionaux, mais on n'a pas été emballé. J'ai quand même acheté un amusant "pudding médiéval".

Vers l'heure du déjeuner, on a décidé d'orienter nos pas vers le canal St Martin où j'avais très envie de découvrir "L'Epicerie musicale", boutique-cantine italienne vantée par Esterelle à qui je fais grandement confiance côté gastronomie.

Quel plaisir de découvrir un lieu atypique, tenu par deux Italiens adorables, dont l'un alterne préparation des plats et choix de musique dans sa riche collection de 33 tours. Ce jour-là, ce furent chanteuses de jazz et chanson napolitaine, pour notre grand bonheur. Côté assiette, on a choisi le plat du jour, une spécialité de la région du Frioul dans le Nord de l'Italie, le "frico" : une sorte de galette de fromage et pomme de terre râpée, bien nourrissante et de saison, servie avec de plaisants légumes (chou-fleur, potiron, tomate) et accompagnée de fines tranches de pancetta.

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On est aussi allés faire un tour à l'exposition "Japan Eat Good" mais on connait un peu trop bien le Japon et ses produits pour avoir vraiment découvert quelque chose et ce n'était pas l'heure des ateliers...

En route, on a aussi croisé une boutique éphémère de déco où on a passé un plaisant moment à essayer des tabourets chinois et papoter.

Pour se reposer et rester dans une note japonaise, on a savouré un thé chez Toraya, mais sans toucher aux délicates pâtisseries car on se réservait pour le dîner.

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En effet, comme il s'agissait de festoyer, on avait réservé une table à Ze Kitchen Galerie, lieu sans équivalent pour nous et on a choisi le menu dégustation. Un merveilleux régal de bout en bout, de belles assiettes et une explosion de parfums, de saveurs, de texture : un plaisir de tous les sens !

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Les desserts, miam !

Quel bonheur de se réserver de temps en temps des parenthèses à vivre ainsi avec tranquillité et gourmandise.

Et vous, vous vous autorisez parfois de jolies parenthèses où vous prenz votre temps ?

27/02/2013

Visite locavore au Salon de l'Agriculture 2013

Lundi, je m'étais réservé du temps pour faire une visite au Salon de l'Agriculture. Je la voulais différente de la précédente et j'ai eu l'idée de l'orienter locavorisme, la tendace au manger local gagnant du terrain (j'avais écrit un billet à ce sujet quand c'était encore peu évoqué). Peut-on être locavore en Ile de France ? Peut-on manger de tout, avoir une alimentation variée et plaisante en mangeant des aliments produits au plus près ?

Partie sur cette piste, j'ai, à quelques exceptions près, essentiellement axé ma visite sur les produits d'Ile-de-France. Ce n'est pas trop compliqué car la plupart sont regroupés. Si le goût et le type de produits m'ont orientée, c'est surtout la qualité des rencontres, l'accueil, la passion des personnes qui m'ont fait apprécier, et souvent acheter, tel ou tel produit. Du coup, je n'ai pas été du tout exhaustive, heureusement, mais je suis quand même revenue bien chargée.

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Au global, il y a maintenant un label "Saveurs Paris-Ile-de-France" pour des produits qui répondent à un cahier des charges précis du CERVIA (le Centre régional de valorisation et d'innovation agricole et alimentaire). Le stand de la région permet de les découvrir et d'avoir des informations sur les ressources de la région, ... Et j'ai aussi déjeuné local car le stand a concocté une formule raisonnable (7 euros) et savoureuse : sandwich avec pain des boulangers d'Ile-de-France frais et croustillant et jambon de Paris, jus de pomme, yaourt à boire de la Ferme de Viltain.

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Je n'ai pas conclu le déjeuner par n'importe quel café médiocre mais je suis allée à la Brûlerie Caron, torréfacteur installé en Ile-de-France depuis 40 ans, qui torréfie artisanalement son propre mélange avec un vieux torréfacteur. Le café Caron, c'est un assemblage de quatre grands crus (Brésil, Guatemala, Nicaragua, Ethiopie). Le jeune homme qui prend la relève s'inscrit dans le renouveau qualitatif du café et participe à des championnats de barista. Je ne suis pas repartie avec un paquet de café mais j'ai été tentée par une plaque de chocolat au café, qui s'est avéré très parfumé.

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Je me suis donc promenée de stand en stand. Un moment, j'ai cru que manger local voulait dire manger manger sucré ! Car j'ai d'abord découvert "Les deux gourmands", sympathiques et passionnés créateurs de biscuits très locaux. Certes ce n'est vraiment pas donné (un produit pour bobos ?) mais c'est le prix d'un travail artisanal, avec la parfaite traçabilité d'ingrédients locaux de qualité. J'ai été agréablement surprise par le subtil parfum des biscuits au coquelicot, les sablés à la pomme ou au miel sont très bons aussi, peut-être un peu trop "beurrés" pour mon goût personnel. La société est toute récente mais le monde fermier leur est familier (car familial pour l'un des deux).

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J'ai aussi découvert les moelleux macarons de Réau, nettement plus anciens (une existence d'une quarantaine d'années). Habituellement, je ne suis guère attirée par les stands pâtissiers dans ce genre de salons mais j'ai goûté sans a priori et j'ai été séduite par ceux à la noisette, riches de ce parfum que j'adore. Ils sont issus d'une recette toute simple et traditionnelle, perpétuée en famille. Comme me l'a expliquée la très charmante détentrice de la dite recette, c'est facile : sucre-blanc d'oeuf-noisette, poids pour poids (3 fois 1/3). Euh, il y a peut-être un peu de savoir-faire aussi ?!

A proximité, un sympathique jeune homme m'a fait goûter un caramel tout onctueux et fondant. Leur nom, les Nicettes, m'était familier car je les avais aperçus au Lafayette Gourmet mais en les pensant peut-être niçois ?! Ce sont des caramels artisanaux composés de sucre, de crème (une en particulier qui est la seule à donner le bon résultat, en la laissant "vieillir" un peu) et d'une pincée de sel. Lui-même, représentant la 4eme génération de caramélier, vient de reprendre l'activité et compte la développer dans le respect d'une tradition de qualité. Beau projet ! 

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Bon, passons au salé. Pour de prochaines recettes, j'ai acquis un paquet de lentilles de la Brie (eh oui, il n'y a pas que celles du Puy !). J'ai été ravie d'acheter du cresson fraichement cueilli mais combien de temps cela sera-t-il possible ? Le couple producteur de cette mono-culture m'a raconté la dureté du travail (illustrée par une plaisanterie du monsieur : "on est les seuls agriculteurs qui iront au paradis car on travaille à genoux !") et le manque d'envie de leurs enfants à leur succéder.

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J'ai aussi goûté et acheté du Brie de Melun fermier, très différent et beaucoup plus compliqué et long à fabriquer que celui de Meaux, plus répandu. Et (dans un autre pavillon) des yaourts de la Ferme de Viltain, nature tout simples, même si je sais leurs yaourts à boire délicieux, surtout celui à la vanille.

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Côté boissons, il existe plusieurs bières locales mais n'aimant pas cette boisson, je suis restée au jus de pommes. C'était sur le stand des producteurs bio d'Ile-de-France et du coup, j'y ai aussi acheté du pain (semi-complet) dont toute la chaine de production est locale, et un petit pot de miel. Un peu plus loin, j'ai découvert les infusions de l'herbier de Milly dont la célèbre (parait-il) menthe poivrée de Milly-la-Forêt. J'ai surtout découvert une femme adorable et passionnée, dernière représentante d'une herboristerie localement alors qu'il y en avait 150 en 1950...

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Et, outre les produits, je suis repartie avec plein d'invitations à venir découvrir la production des biscuits gourmands, les animations macaronesques, la fête de la menthe poivrée, les cueillettes de fruits, ...

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Bilan locavore : l'Ile-de-France est clairement une région riche en production agricole et en ressources alimentaires. Je n'ai pour ma part pas l'intention de devenir locavore de façon stricte mais au global mieux vaut sans doute être un peu flexitarien: côté fruits, légumes, féculents, oeufs, laitages, on a tout ce qu'il faut. Mais bien sûr, pas de poisson et outre le jambon de Paris, côté viande, il faut visiblement se contenter d'un peu d'agneau élevé localement, d'après les cartes des ressources de la région.

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PS1 : côté Saveurs Paris-Ile de France, il y a aussi désormais un label pour les restaurants utilisant des produits locaux, la liste des premiers est disponible sur le site déjà mentionné.

PS2 : puisqu'on parle de production locale, une campagne vers le grand public a récemment été lancée pour sauver Paris Lait, dernière laiterie de la région, étranglée par des formalités administratives. Plus d'infos ici

26/02/2013

Mais non, la convivialité ne fait pas forcément grossir !

Le hasard, et un peu plus de disponibilité que d'habitude, ont fait que j'ai eu il y a quelques jours une semaine très conviviale. Souvent ce sont ces occasions qui font peur à mes patientes et à des personnes qui sont vraiment dans une relation perturbée à l'alimentation. Car elles craignent de craquer en excès devant les tentations, de manger beaucoup plus que les autres jours, de prendre du poids, ... Et certaines en viennent même à refuser des sorties amicales par peur de grossir. Ou d'autres me racontent avec découragement les kilos pris chaque week-end à l'occasion de sorties.

Comme cela m'arrive souvent, j'ai voulu faire une expérience (garantie sans trucage !). Voilà comment s'est déroulée ma semaine côté convivialité.

Samedi
On dîne chez des amis italiens avant un concert : ils ont prévu un délicieux repas  : quelques morceaux de parmesan à l'apéritif ; plusieurs entrées : délicieux jambon de Parme, mozzarella di bufala et artichauts à l'huile ; gnocchi di patate avec une sauce "ragu" maison, des fruits et des macarons.

Dimanche
Je suis invitée à prendre le café chez un ami, je m'attends à peut-être quelques biscuits et il y a en fait une copieuse "Forêt Noire" et du champagne.

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Mardi
Je prends le thé avec une amie chez Colorova, joli salon de thé-pâtisserie, je prends un petit moelleux au chocolat pour accompagner mon thé (les autres gâteaux sont un peu trop sophistiqués à mon goût).

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Le soir, j'assiste à une conférence professionnelle et il y a un buffet de choses à grignoter qui fait office de dîner : cake salé, tomates cerise, tarte aux pommes, chouquettes, mini-éclairs, ... : je mange salé et sucré selon mon envie.

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Mercredi
Je prends un thé avec la très passionnée Camille à L'Essence de Thé-Cannon et la discussion est très nourrissante, je ne mange rien !

Jeudi
Je revois avec plaisir la coach Sylvaine Pascual et nous prenons longuement un café à un horaire hors repas.

Vendredi
Je déjeune indien au Saravana Bhavan avec la très gourmande Claire et je prends un (copieux) plateau assorti du Nord de l'Inde.

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On a invité un ami à dîner : mini-toasts gorgonzola ou pâte de cèpes, succulent "tataki" de St Jacques au yuzu et à la trévise, onctueux risotto aux gambas-fenouil-safran (Monsieur en cuisine), panettone, vin blanc.

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Le reste du temps, circonstances normales, j'ai mangé des pâtes, une tarte salée, un déjeuner japonais, un bento, un curry de légumes, un sandwich, etc.

Bilan de la semaine : combien de kilos pris ?!

Rien !!! Enfin, 100-200 grammes qui vont et viennent.

Pourquoi ?

- parce qu'on peut avoir des occasions conviviales sans forcément manger, le plus important, c'est la rencontre.

- parce que je sais écouter ma faim et m'arrêter,

- parce que si j'ai trop mangé, j'atttends d'avoir à nouveau faim,

- parce qu'aller au restaurant ne signifie pas forcément trop manger,

- parce que je sais dire non poliment si on me propose de me resservir ou de prendr du fromage. alors que je n'ai plus faim.

Donc cela n'a été que du plaisir !

Et vous, vous savez faire rimer convivialité et sérénité alimentaire ?

22/02/2013

Gluten ou sans gluten, rien n'est simple !

Bon, vous avez lu (ou pas) les épisodes précédents. Vous avez un avis (ou pas) sur la question du gluten. Vous vous demandez peut-être pourquoi certains en font tout un plat ou au contraire vous trouvez que l'on ne prend pas ce sujet assez au sérieux. Je ne vais sans doute pas répondre à toutes vos questions sur ce vaste thème, je souhaite juste vous faire prendre conscience que le sujet est vraiment complexe et peut-être vous amener à réfléchir un peu sur votre relation à certains aliments.

D'abord, voilà un petit schéma pour résumer la situation et vous montrer :
- que les choses ne sont pas tout blanc ou tout noir mais qu'il y a quelques nuances de gris... comme le disait aussi Florence mercredi,
- que cette situation est due à de multiples facteurs.

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Le gluten c'est quoi ?
C'est une protéine contenue dans le blé, le seigle, l'orge, l'avoine. Récemment, on a dit que l'avoine était toléré par les personnes intolérantes au gluten. On peut se demander si c'est encore un coup du Dr D. pour vendre son son d'avoine ! (je suis mauvaise langue, en fait, ce n'est pas le même type de protéine !).

A l'une des extrémités du schéma, il y a l'intolérance au gluten ou maladie coeliaque : le fait de manger des aliments contenant du gluten attaque les villosités de la paroi de l'intestin et cela crée douleurs, fatigue, perte de poids, ... Cela arrive souvent dès l'enfance mais aussi potentiellement vers 40 ou 50 ans. Si on a des présomptions d'avoir cette intolérance, il faut vraiment faire des examens sanguins pour le vérifier plutôt que de décider seul(e) d'arrêter le gluten.

Lors d'une excellente émission "Service Public" sur France Inter il y a quelques mois, le professeur Yorham Bouhnik, chef du service de gastro-entérologie à l'hopital Beaujon disait qu'on constate maintenant qu'il y a différents degrés de maladie coeliaque, avec différents symptômes, mais qu'en l'absence de diagnostic avéré, "arrêter le gluten est abusif". Il a vraiment insisté sur la nécessité de dépister d'abord si on pense détecter des symptômes et surtout de ne pas arrêter le gluten de soi-même car ensuite le diagnostic ne sera plus possible, ou vraiment compliqué. Et on risque alors peut-être de se priver à vie du gluten sans bonne raison...

Si vous avez cette intolérance avérée, cela vous prive de certains aliments de base et cela vous oblige à cuisiner le plus souvent (ce qui n'est pas forcement à regretter...) car beaucoup de produits industriels peuvent contenir du gluten. Mais vous avez à votre disposition le riz et la farine de riz, le maïs (et donc la maizena et la polenta), la pomme de terre, le sarrasin (non panifiable mais qui fait de délicieuses crêpes), la farine de pois chiches, ... Et grâce à internet, on peut maintenant avoir accès à une multitude d'idées de recettes et de conseils pratiques.

Une des choses les plus compliquées est aussi de sortir au restaurant. On commence à trouver des infos, des lieux spécialisés. Il y a aussi le très utile site et les actions de l'AFDIAG, l'Association Française des Intolérants au Gluten.

A l'autre extrémité, il y a des personnes, comme moi, qui n'ont pas d'inconfort lié au gluten ou à d'autres aliments et qui mangent de tout. Elles sont libres de supprimer des catégories d'aliments mais elles ont intérêt à y réfléchir, à se demander  pourquoi elles le font, à rééquIlibrer avec autre chose si elles éliminent une catégorie entière, ....

Mais je vous disais que la situation n'est pas binaire et, entre ces deux extrêmes, il y a toutes sortes de perceptions qui font que beaucoup de personnes, visiblement de plus en plus, ressentent des inconforts permanents ou occasionnels, intenses ou légers. Les causes sont multiples et complexes :

L'évolution du gluten des aliments

Comme le disait Roland Feuillas dans le billet d'hier, le gluten, par exemple dans les farines qui servent à faire le pain, a largement évolué, est de plus en plus raffiné, est de plus en plus présent. Puis le pain n'est pas forcément le même qu'il y a 50 ans. Cela, il n'est pas certain que notre organisme soit prêt à le supporter... Et le fait qu'on ait une alimentation de plus industrialisée avec souvent la présence de gluten crée peut-être une sorte de saturation...?

Les autres sources d'inconfort

De très nombreuses personnes souffrent d'inconfort intestinal, de mal au ventre, de ballonnements, de digestion difficile. Jusqu'à il y a peu de temps, leur médecin, voire le gastro-entérologue n'y voyait aucune raison physiologique et on a qualifié ces symptômes de "syndrome de l'intestin irritable", de "colopathie fonctionnelle", ... Certains attribuaient cela au seul stress, laissant parfois les patients désemparés, agacés, perplexes. Des recherches, notamment australiennes, ont montré qu'il y a bien certains composants de notre alimentation que nous avons, pour certains d'entre nous, du mal à digérer. Le gluten en fait partie. Mais ne mettons pas tout sur son dos ! Il y a des tas d'autres composants, et on les regroupe sous l'acronyme "FODMAPS" dont je vous reparlerai plus en détail.

FODMAP, ce terme mystérieux, cela signifie de façon barbare, retenez votre souffle : "Fermentable Oligo-Di-Monosaccharides and Polyols" en anglais ou alors "Fermentescibles Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides & Polyols. Cela recouvre toutes sortes de molécules présentes dans de nombreux aliments, notamment par exemple (de façon non exhaustive) :

- le fructose de certains fruits (pomme, poire, ...) et présent dans de nombreuses boissons et produits transformés,

- les fructanes présents dans les oignons, l'ail (en quantité), certains légumes,

- les polyols qu'on trouve dans de nombreux produits "sans sucre": chewin gum, bonbons, ...

Chez certaines personnes, certaines de ces molécules sont mal digérées et fermentent dans le système digestif créant un inconfort plus ou moins intense. Parmi tous ces produits, ceux que l'on tolère plus ou moins sont très variables selon chaque personne. Il n'est donc pas question d'éliminer "sauvagement" tel ou tel aliment mais de mener éventuellement une observation attentive puis éventuellement de faire l'expérience d'une période où l'on arrête un aliment suspecté.

Le système intestinal et le microbiote

Notre organisme aussi joue un rôle bien sûr. Notre système digestif, qu'on appelle maintenant le "deuxième cerveau" est d'une immense complexité, encore partiellement méconnue. Et il englobe ce qu'on appelle le microbiote, qu'on nommait avant la "flore intestinale". Un monde microscopique, très peuplé (des milliards de bactéries), pas encore très bien connu non plus et propre à chacun. La tolérance plus ou moins grande de notre système digestif aux aliments, elle peut être due à de multiples facteurs, qui vont de la façon dont la mère a accouché (la césarienne joue un rôle) à la prise d'antibiotiques en passant par l'alimentation, ...

Si vous voulez explorer un peu ce monde mystérieux, vous pouvez notamment écouter La Tête au Carré justement sur France Inter cette semaine.gluten_interaction2.jpg

L'interaction entre l'alimentation et le système digestif de chacun est complexe et unique !

 

Les habitudes alimentaires

Parfois, par facilité, on va incriminer tel ou tel composant car cela parait simple de l'éviter. Mais quelquefois il serait plus utile et adapté de prendre du recul sur ses habitudes alimentaires. Est-ce qu'on a une alimentation très riche qu'on digère mal, est-ce qu'on manque de fibres facilitant le transit, est-ce qu'on mange à toute vitesse sans beaucoup mâcher rendant la digestion pénible, est-ce qu'on mange en quantité exagérée et qu'on sort de table en se sentant plus que rassasié... ? N'est-ce pas tout cela qu'il faudrait regarder de plus près ?Fotolia_©viperagp.jpgJe me suis ainsi amusée (si on peut dire) de ce dialogue entendu entre deux jeunes femmes au Café Pinson :
L'une : "j'ai arrêté le gluten parce que quand je mangeais beaucoup de pain, j'avais mal au ventre !"
Réponse de l'autre : "mais si tu manges beaucoup de pain sans gluten, tu auras probablement mal
au ventre aussi !"

Il m'est ainsi arrivé de recevoir des personnes qui se plaignaient d'avoir mal au ventre après avoir avalé une baguette de pain entière à toute vitesse... En réapprenant à manger doucement et en quantité adaptée, le mal de ventre a disparu...

La psychologie

Il y a des personnes qui décident du jour au lendemain de se priver des aliments sources de gluten et qui tout à coup se sentent tellement mieux... Est-ce que ce ne serait pas leur tête plutôt que leur corps qui leur dirait cela ? Alors qu'elles ont mangé du pain, des pâtes, des biscuits pendant des années sans aucun inconfort. Que sont leurs motivations ? Comme le dit Florence, c'est  parfois reprendre une forme de maîtrise. Comme l'a évoqué Gérard Apfeldorfer dans un très intéressant article de Psychologies, la distance de plus en plus grande avec les composants de notre alimentation, la méconnaissance des modes de fabrication, les inquiétudes générées par ce côté abstrait (cf la récente "crise des lasagnes") génèrent des peurs et nourrissent cette envie de maîtrise. 

Pour certaines autres personnes, c'est probablement l'attirance pour une mode qui va passer plus ou moins vite, être remplacée par une autre. Mais elles peuvent parfois être influencées par les tendances venues des Etats-Unis et propagées par quelques vedettes. Mais aux Etats-Unis, se sent-on mieux parce qu'on a arrêté le gluten ou parce qu'on a arrêté la junkfood ?

Alors bien sûr cette tendance participe à une meilleurs prise en compte de la maladie, notamment par les industriels qui ont vite flairé une tendance potentiellement rémunératrice. Mais a-t-on vraiment envie d'être la "victime" crédule de leurs argumentaires commerciaux ?

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Cela peut bien sûr faciliter la vie des intolérants. Mais ce qui m'agace, c'est que cela semble banaliser la vraie souffrance des personnes qui ont une intolérance au gluten (ou maladie coeliaque) diagnostiquée et qui rêvent peut-être, elles, de pouvoir manger autrement. Quand la part de mode sera passée, ces personnes vont continuer à souffrir, pensera-t-on moins à elles alors ?

En fait, si vous devez retenir une chose, c'est vraiment que chaque personne est unique et devrait, plutôt que prendre des décisions basées sur des discours généraux, surtout apprendre à s'écouter et bien se connaître, et faire appel à des professionnels compétents et des examens adaptés si besoin.

 
Visuels © jas et © ivolodina - Fotolia.com (le schéma du haut est de moi)

21/02/2013

Parlons du gluten : la parole à Roland Feuillas

Deuxième interlocuteur que j'ai souhaité interroger : Roland Feuillas. Cet homme passionné a complètement changé de vie pour devenir paysan, meunier et boulanger à Cucugnan. J'ai déjà eu la chance de goûter son pain en attendant de découvrir plus globalement son travail.

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1. Pourquoi selon vous un tel engouement pour le "sans gluten" aujourd'hui ?

"Je pense qu'il y a deux raisons pour cet engouement :  une première, factuelle, ne mérite pas le vocable engouement au sens "enthousiasme soudain et passager pour quelque chose" car elle est basée sur de réels et très préoccupants soucis, en forte évolution, avec le gluten. Une deuxième, oui c'est exact, est davantage liée à des aspects "psychologiques".
 
Sur le premier aspect, on peut être légitimement inquiet des différentes données provenant de sources médicales démontrant qu'il y a bien un problème relativement nouveau et en forte augmentation lié à l'ingestion du gluten. Toutefois, nous sommes plusieurs à remarquer que le retour à des blés de variétés anciennes offre bien souvent la possibilité aux personnes concernées de remanger des produits céréaliers contenant du gluten.  Des études plus poussées et de véritables essais cliniques seraient nécessaires pour comprendre mieux les évolutions des structures du gluten lors du siècle passé mais aussi la notion de "marqueur" des dits gluten que nos organismes ont tendance à avoir des difficultés à décrypter.
 
Nous avons mené des expériences sérieuses avec la variété la plus ancienne exploitée par l'homme, l'Engrain (appelé à tort "Petit Epeautre" car ce n'est pas un épeautre). Il est clair que bon nombre de personnes en grand trouble avec les glutens de blés modernes arrivent très bien à digérer le peu de gluten (5 à 6%) généré par la pétrie de cette céréale. Il semble que les glutens obtenus soient de nature très différente de celle des froments modernes (notamment par le taux de protéines). On peut aussi citer le Kamut et d'autres blés générant des glutens vraisemblablement moins allergènes. Des professeurs, notamment le Pr. Henri Joyeux, travaille sur ce sujet et nous espérons en avoir des enseignements". 
 
 
3. Comment souhaiteriez-vous que la situation évolue concernant le gluten et plus largement le pain ?
 
"Seule une prise de conscience massive de la population pourrait, par les comportements d'achats et les modes de consommation du Pain, conduire à un rééquilibrage des principes régissant la filière blé-farine-pain. Seule cette évolution pourrait infléchir les tendances et faire alors prendre conscience aux acteurs de la filière qu'il faut faire marche arrière sur les dérives productivistes pour préserver un réel avenir au Pain, base de notre pyramide alimentaire, base de notre culture, base de notre spiritualité.
 
- Aux champs, l'optimisation de la production par rapport à la surface cultivée, principe même de l'agriculture intensive, doit être revue avec un retour à des semences sélectionnées selon des critères au profit du consommateur avant toute autre forme de considération.
- Au Moulin, la farine doit être poussée vers des critères de type nutrition & santé avant de chercher un esthétisme, une légèreté, une blancheur du Pain.
- C'est surtout au fournil que les choses doivent évoluer : réapprendre à travailler des farines moins "musclées", revoir la mécanisation petit à petit pour revenir autant que possible à des principes différents de production, adaptés à des pâtes moins tolérantes. La formation du corps professionnel des boulangers serait à développer à ce sens.
Les Boulangers les premiers devraient exiger d'autres types de farines du meunier, sans glutens rajoutés avec des taux de protéines plus faibles. Ce sera ensuite à eux d'exercer tout leur art pour sortir du beau pain avec des farines douces.
 
Seul un public de plus en plus averti (est-ce un espoir béat ?) pourrait faire évoluer les choses.
Mais pouvons-nous imaginer un seul instant une population privée de son histoire, de la source nourricière de tous ses ancêtres, des fondements mêmes des mots compagnons, copains, bref du partage ?"
 
Merci beaucoup Roland pour cette esquisse de chemin à suivre, qui sera sûrement long...