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04/11/2013

Ode au gras n°1 : n'ayons pas peur du gras !

Il y a quelques jours, la conjonction de deux événements m'a donné envie de vous (re)parler du gras des aliments ou des aliments gras...

D'abord, j'ai lu un passionnant article ethno-culturello-gustatif d'Eric Roux sur le site de l'Observatoire des Cuisines Populaires à propos de l'utilisation et l'évolution des gras en France. Ensuite, j'étais invitée il y a quelques jours au vernissage de l'exposition Coch-coch autour de l'art et du cochon (j'ai tardé à en parler, elle ne durait que quelques jours et est terminée). Une exposition interprétant, mélangeant, travaillant le cochon (on ne dit plus porc, avez-vous remarqué ?!) en images ou en chair.

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Etonnant mélange de l'art et du cochon à l'exposition "Coch Coch"

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Initiatives intéressantes et, soyons clairs, non dénuées d'intérêts particuliers à revaloriser le gras : l'Observatoire des cuisines populaires est soutenu par Lesieur, l'exposition est à l'initiative de la Fédération Française des Industriels Charcutiers-Traiteurs. Mais je ne peux leur en vouloir de chercher à redorer leur blason tellement ils sont mal traités dans un monde où beaucoup traquent le gras sans répit, que ce soit pour la silhouette ou la santé.

Alors que, combien de fois devra-t-on vous le répéter, notre corps et notre tête ont BESOIN DE GRAS !

Le gras (qu'on nomme aussi les lipides en nutrition) est indispensable à notre organisme, aux membranes de nos cellules, à l'élasticité de notre peau, à notre système nerveux, aux connexions de notre cerveau, à notre fonctionnement hormonal, à l'utilisation de certaines vitamines, à notre système immunitaire... Aussi je me désole quand je vois des femmes m'affirmer qu'elles ne mangent pas gras du tout. Elles se trompent certes car il y a forcément du gras dans certains aliments qu'elles avalent mais si peu : elles cuisinent sans matière grasse, mangent des viandes maigres, des courgettes vapeur ou des haricots verts nature, des yaourts allégés, assaisonnent à peine leurs salades, se privent de pâtisseries, de crème, de beurre, de fromage... Elles croient bien faire pour leur poids sans se préoccuper de leur santé. Et même pour leur poids, elles se trompent : ce n'est pas le gras qui fait grossir, c'est son EXCES ! 

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C'est tellement bon une tartine beurrée...

Le gras revêt plusieurs formes : il y a les matières grasses que l'on ajoute soi-même pour tartiner, assaisonner, cuisiner... Il y a le gras présent dans de nombreux aliments : viandes, poissons, laitages, oeufs, charcuterie, fruits oléagineux, ... Et il y a les matières grasses présentes dans les aliments transformés que l'on achète dans le commerce. Ce sont ces dernières peut-être que l'on repère et maîtrise le moins, une raison supplémentaire de ne pas abuser de ces produits... Pour le reste, se limiter trop strictement dans sa consommation de matières grasses et d'aliments bien pourvus en gras, c'est un peu triste...

Alors halte à la culpabilité et à la privation, ne nous goinfrons pas mais faisons-nous plaisir et MANGEONS DE TOUT AVEC MODERATION !

Toute la semaine, je continuerai les "Odes au gras" !

26/09/2013

S'organiser pour bien manger : 4. La Fabrique à menus, fabrique à banalité ?

Je n'avais pas forcément l'intention d'écrire un billet sur la Fabrique à Menus, ce nouveau service en ligne qui s'est fait connaître il y a quelques mois à grands renforts de pub. Mais de nombreuses personnes m'ont demandé ce que j'en pensais (via twitter notamment) et le plus simple est de leur répondre (tardivement) ici.

La Fabrique à menus est un service lance par le PNNS (Plan National Nutrition Santé) pour aider les personnes à élaborer des menus équilibrés.

D'abord, une remarque sur le principe : l'équilibre nutritionnel se fait sur la durée avec une alimentation variée, on n'a absolument pas besoin que chaque repas soit parfaitement équilibré.
D'autant plus que ce souci de repas équilibré peut conduire à manger trop, ce que j'observe souvent chez des patient(e)s : on n'a plus faim après le plat, on a fini son assiette, mais on mange quand même laitage et fruit au nom de l'équilibre...

Ensuite, le format proposé (les menus) me rend perplexe : n'est-ce pas plutôt de plats dont on a besoin ? Je ne connais pas beaucoup de personnes qui prennent le temps de préparer quotidiennement entrée/plat/dessert. Le repas comprend plus souvent, au moins en semaine, un plat et un dessert tout prêt (laitage, crème dessert, fruit, compote...).

Enfin, qu'en est-il du contenu lui-même des repas ? J'ai fait plusieurs essais pour tester le système.

D'abord la version "large" entrée/plat/dessert : un exemple de menu proposé pour un dîner du lundi pour deux personnes :

Concombre à la menthe
Œufs aux poivrons et tomates
Haricots verts extra-fins et blé
Fromage blanc nature
Prune reine-claude
Pain

On se demande bien qui va avoir le temps de préparer tout cela... Et puis, ai-je vraiment besoin d'un site pour me dire de cuire des haricots verts et du blé ? Pourquoi y a-t-il forcément du pain à tous les repas ? Bien sûr, on a besoin de manger des féculents mais ils sont apportés à chaque fois aussi par un autre aliment. On peut manger un peu des deux pour la variété mais les quantités paraissent assez importantes.
Autre bizarrerie, les oeufs. Car le repas de la veille, le dimanche est celui que vous voyez ci-dessous, donc déjà avec des oeufs.

Salade de maïs et de tomates fraîches
Œufs brouillés aux poivrons
Gâteau de pommes de terre à la provençale
Sabayon aux prunes (maison)
Pain

On peut quand même les garder un peu au frigo, ce ne sont pas des restes à consommer rapidement... C'est un repas du dimanche, proposé pour le dîner, sans doute long à préparer. Il n'y a pas d'indication de portion mais cela parait vraiment copieux alors que souvent, on a bien mangé le dimanche midi. Etrange à nouveau, un sabayon à base de jaunes d’œufs alors qu'on mange des œufs brouillés...

Je suis vraiment interloquée par le nombre de plats et le temps de préparation associé. Ainsi le repas du vendredi soir serait : 

Bricks aux pommes et au comté

Boulettes de viande aux épices
Petits pois-carottes
Fromage
Raisin blanc
Pain

Laissons donc de côté cette option de repas complet. Soyons minimalistes : on peut choisir l'option plat-dessert et même ajouter une mention "repas express". Mais alors on peut se retrouver face à cette proposition un peu basique me semble-t-il et en même temps peut-être pas des plus économiques si on veut une certaine qualité...

Tranches de saumon fumé et salade
Fromage
Banane
Pain

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Dans ce exemple, farfalle le lundi, spaghetti le mercredi, pâtes au quinoa le jeudi, salade de macaronis le vendredi. OK, j'aime les pâtes mais quand même...

J'ai quand même noté un progrès entre mes premières visites et celles plus récentes : le critère de la saison semble avoir été davantage pris en compte et on parle par exemple de prune ou de figue. 

Il y a eu un gros travail informatique derrière ce site, pour fournir la composition des menus. Mais la machine peut-elle vraiment remplacer la personne avec la complexité de ses préférences, ses envies, ses contraintes...

Certaines personnes ne savent pas cuisiner. Ou n'ont pas l'envie ou la possibilité de le faire. Ce site ne répondra pas à leur problématique. J'entends souvent aussi des personnes qui me consultent se plaindre du manque d'idées. Mais est-ce vraiment ce type de menus qui va les attirer ? N'attendent-elles pas des suggestions un peu plus savoureuses et originales ? Pour ma part, même si je fais parfois des suggestions au départ quand cela est nécessaire,  je préfère développer progressivement l'autonomie des personnes dans la composition de leurs repas, en leur faisant prendre conscience de leurs capacités d'imagination et d'organisation.

Par exemple, prenez une feuille de papier, mettez-vous éventuellement à plusieurs, et listez les repas que vous aimez bien manger le soir, pas trop compliqués. Vous verrez que les idées ne manqueront pas..

Et vous, ressentez-vous le besoin de ce type de site ? Si vous l'avez utilisé, votre avis m'intéresse ! (j'avoue que je n'ai pas poussé le dévouement à ce blog jusqu'à suivre leurs menus, j'ai des recettes plus appétissantes qui m'attendent...).



10/06/2013

Mode, mannequins, minceur, maigreur : quand changera-t-on de modèles ?!

Les mannequins, forcément, vous en voyez. Dans les pages de magazines, les publicités, sur les affiches, dans les comptes-rendus des défilés. Et au-delà de la mode, certaines deviennent des vedettes, des actrices, chanteuses. Cette personnalisation est assez récente comme le montrait une intéressante exposition qui est encore à voir quelques jours à la Cité de la Mode. Même si vous n'êtes pas accro à la mode, leur silhouette s'imprime inconsciemment dans votre rétine. 

Au départ, était le porte-manteau. Puis la mannequin sans tête donc anonyme (démarche reprise aujourd'hui par certains sites de vente de vêtements). Et c'est ce besoin de "femmes porte-manteaux" qui a conduit de nombreux couturiers peu à peu à privilégier des femmes très minces sans beaucoup de formes qui ne faisaient que porter/mettre en valeur les vêtements.

Donc, rien a voir avec la vraie vie. Sauf que peu à peu, ce type de femmes a investi la publicité, les pages des magazines féminins, les sujets mode et elles sont aussi devenues de plus en plus maigres. Sans compter les retouches tellement facilitées par l'ordinateur, devenues systématiques.

Vous pensez peut-être que ce n'est pas un problème, que tout le monde fait la différence avec les "vraies" femmes, celles qu'on voit dans la rue dans toute leur diversité. Pas si sûr... J'avais été ainsi étonnée lors d'un atelier que j'avais animé pour des ados de constater que cette extrême maigreur, elles la qualifiaient de minceur voire de normalité. Et, à partir de là nait souvent l'envie de se conformer à cette pseudo-normalité et donc le refus d'accepter son propre corps, sa silhouette si elle s'éloigne de cette norme. D'où la course au régime, à la restriction alimentaire, .... 

Qu'en est-il du rôle des magazines, qui présentent largement à la fois des campagnes de publicité et des pages de mode, toujours avec des mannequins mincissimes. Ils ne doivent pas se sentir complètement innocents... L'année dernière, j'avais été intéressée par la démarche annoncée en fanfare par Vogue, un pacte en six points, déclarant que désormais les magazines travailleraient avec "des mannequins en bonne santé", refuseraient d'encourager les marques recherchant des mannequins extrêmement minces, ...

Pour suivre au plus près leur changement, je suis allée jusqu'à m'abonner... Quelle tristesse ! D'abord, j'ai rarement vu un magazine aussi rempli de pubs, il faut quasiment chercher à la loupe le rédactionnel ! Ensuite, pas trace du moindre changement de silhouette des mannequins : imaginons qu'il soit difficile d'influencer les campagnes de publicité. Mais leurs propres clichés ?!!! En voici un petit échantillon. A moins qu'on diverge sur la notion de "extrêmement mince"... ?

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Bref, pure intox !

Certes, on commence à voir quelques ébauches de diversification des silhouettes. Enfin, diversification est un grand mot : des femmes rondes de temps en temps mais quasiment jamais des femmes "normales", celles qui sont la majorité ! Et je me demande s'il n'y a pas une dimension socio-économique dans ces initiatives : ainsi, c'est H&M qui montre des femmes rondes pour sa dernière collection de maillots de bains, pas une marque de luxe... Sans doute cela signifie-t-il que H&M a compris l'intérêt marketing de donner à voir à ses clientes potentielles des modèles qui leur ressemblent davantage...

Mais mon souhait n'est pas que l'on remplace les maigres par des rondes à tout prix. Ce que j'aimerais, c'est que l'on accepte et que l'on montre la DIVERSITE des corps ! Je ne suis bien sûr pas la seule dans ce cas, une collègue québecoise a écrit récemment un intéressant billet à ce sujet. Le magazine Psychologies avait lancé une campagne, mais quel effet ?

Une très bonne émission Service Public de France Inter a aussi traité le sujet à l'occasion de l'exposition Mannequins.

Et vous, que pensez-vous de l'influence de ces images sur notre envie de corps mince et parfait ?

A relire : les 3M : morphologie-métabolisme-minceur

Photos droits réservés Vogue

07/05/2013

Journée sans Régime : arrêtons tous les régimes, vive la gourmandise !

Dimanche, je lançais deux idées un peu à l'improviste pour animer la "Journée sans régime" de lundi 6 mai,  avec la contribution de Florence :

- "Postez une image de votre gourmandise sur pinterest". C'est ici si vous connaissez ce réseau.

- "Décrivez en mots votre gourmandise ou votre horreur des régimes sur twitter". Alors, voilà quelques contributions, merci à toutes !

Côté gourmandise

« Si j'en ai vraiment envie, c'est que c'est bon » - @Domydom

« un peu de chocolat au quotidien garde la dépression bien loin » @Sophiaprincesse

"La privation entraîne la frustration. Mange de tout avec plaisir mais avec modération" @meringuetoquee

Côté horreur des régimes (le mot n'est pas trop fort !)

« culpabilité, mise en échec, danger, yoyo, frustration, éphémère, pensée magique » - @AurensanC_Diet

« Quelqu'un dans ma famille a même pris des hormones de chevaux #regimepourri »@mthldv

« moi qui ai une mère passée de "rondouillette" à "médicalement obèse" à force de régimes et de yoyo » @unfilencuisine

« 1982 : 58kg,  2012 : 98 kg, entre les deux 30 ans de régimes Qu'on ne m'en parle plus (2013 : 60kg,mais un estomac en moins) "  @moune78

« le panier de la nana qui s'est fait dukaniser le cerveau : petits corayas, blancs de poulets OGM, fromage blanc 0% » @themarioncousin

 " Raidissante Experience Gaguesque Incapacitant Moultes Energies" @ExclusiveMotion

"régime = frustration + tristesse. Coach minceur = arnaque. Mieux vaut se faire plaisir, tout est dans la modération" @cecilegolfier

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Alors, pas seulement pour un jour, mais définitivement, je vous conseille d'abandonner les régimes, ce qui ne signifie pas abandonner l'idée de mincir (si vous avez des kilos à perdre). D'accord ?

06/05/2013

6 mai : Journée sans Régime (No Diet Day) : oubliez les régimes pour un jour et pourquoi pas pour toujours !

Comme je vous l'avais annoncé, plutôt que de vous parler encore une fois des méfaits des régimes, je préfère aujourd'hui donner la parole à des femmes qui ont eu l'expérience dans leur tête, dans leur corps, dans leur chair de ces régimes et qui en parlent. Merci à toutes celles qui ont donné leur témoignage.

Les  aberrations

« Un régime célèbre dans les années 80 : il s'agit de manger un seul aliment toute la journée, et chaque jour ça change, par exemple jambon, le lendemain pamplemousse, etc... c'est le pire des régimes... je l'ai fait avec ma soeur, nous étions adolescentes, nous avons tenu une semaine. Avec le recul, je ne comprends pas que ma mère nous ai laissées faire ! »

La culpabilisation

« Avec un papa chef pâtissier j'ai grandi en ayant à portée de bouche plein de bonnes choses, j'aime le sucré mais ne me suis jamais "gavée", j'étais toujours mince, voire maigre après 2 enfants. Mais soudain tout a basculé, en 6 mois j'ai pris 13 kg, j'ai complexé et j'étais en rage, je suis allée voir un nutritionniste pour être aidée, pour comprendre, pour vérifier ma santé. Pas de diabète pas de cholesterol - à sa grande surprise-, car ce cher médecin m'a de suite sermonnée sur ma vie alimentaire, m'a dit que c'était "normal que ça me retombe dessus" et puis à 39 ans je commençais à être âgée alors Madame il ne faut PLUS JAMAIS manger de sucre ! J'ai essayé son régime, pas droit au sucre pas droit au riz, mince, plus le droit d'être heureuse alors ? J'ai abandonné, je pense que ce n'est pas en me faisant culpabiliser qu'on m'aidera à réparer mon corps, et me priver de tout, non merci ! Qu'elle est triste la vie sans chocolat ! »

A qui faire confiance ?!

« Je crois que le pire et le plus dangereux était via un "médecin" dont j'avais eu les coordonnées dans la presse, son principe, ce que l'on mange le matin compte pour 0 calories et ensuite déjeuner et diner on multiplie par 2 puis par 4. Donc il conseillait de manger pizza et chocolat au petit déjeuner.... ce qui fait que j'en mangeais tous les matins. Par ailleurs il m'avait prescrit des gélules à base de "plantes" que j'ai prises scrupuleusement pendant plusieurs semaines; J'ai bien maigri mais je n'étais pas en forme du tout. A l'occasion de vacances, mon oncle (médecin généraliste) chez qui je séjournais m'a demandé quel régime je suivais et je lui ai montré l'ordonnance, il a bondi, il s'agissait d'extraits thyroidiens et amphétamines....  j'ai tout jeté et j'en ai subi les conséquences pendant un moment sur le plan de la santé, nervosité, agitation »

« Les premiers régimes qu'on m'a obligée à suivre ont été prescrits par des médecins (généraliste, endocrino, diététicien), et tous étaient dangereux que ce soit au regard de mon jeune âge (7 ans pour le 1er régime) ou du régime prescrit : hypocalorique et sans sucre à 7 ans, hyperprotéiné en sachets à 16 ans. Je n'ai jamais rêvé d'être filiforme, j'ai toujours eu conscience des limites de mon corps, mais c'était sans compter la toute puissance médicale et la pression familiale. J'ai dû faire pas moins de 20 régimes alors que j'en avais pas besoin et à chaque régime un échec à moyen terme, des kilos en plus. L'addition est salée et au final les médecins disent que je ne me donne pas la peine d'aller mieux. J'ai décidé de ne plus consulter de médecin sur le sujet vu leur incompétence et leur rapidité à brandir une diète hyperprotéinée. Et là miracle, je ne prends plus de poids. C'est mieux que rien. »

« Ma mère m'a mis au régime dès 11/12 ans, à l'époque, je pesais 62 kilos pour 1m55 et elle ne voulait pas que je souffre de l'obésité comme elle. J'ai vu un acupuncteur qui m'a donné des gélules de "je ne sais quoi" puis j'ai eu l'isoméride à 15 ans car j'étais arrivée à 75 kilos pour 1 m63.

J'ai perdu 25 kilos en 6 mois en me privant en dépit du bon sens pour mes 18 ans et je suis restée à 62 kilos pendant 3 ans environ. A 21 ans, j'ai commencé à travailler en décalé dans l'hotellerie et à manger à n'importe quelle heure et j'ai pris près de 30 kilos en 2 ans ».

La relation aux autres

« Quand j'étais au régime, je souffrais énormément lors des soirées entre amis où rien de ce qu'il y avait à manger n'était autorisé dans mon régime. Je regardais les gens boire et manger avec plaisir. Je ne partageais rien de ce moment de convivialité. Parfois même, je déclinais les invitations pour ne pas me mettre à l’épreuve. Un jour, un couple que je connaissais à peine, nous a invités à dîner. Je ne me sentais pas de leur avouer que j’étais au régime. J’apprends que ça sera soirée raclette !!! Rien ne pouvait être pire. Ça prenait des proportions catastrophiques. J’en venais à imaginer de véritables subterfuges pour donner l’illusion que je n’étais pas au régime. J’ai ramené de la salade verte et de la viande de grison. J’ai senti, vu l’expression sur son visage, que mon initiative avait déplu à la maîtresse de maison. Lors de cette soirée, je n’ai mangé que de la salade, et la charcuterie autorisée. J’ai laissé dans mon assiette une pomme de terre enrobée de fromage à laquelle je n’ai pas touché et j’avais convenu avec mon copain qu’il devait se servir du fromage que je mettais à fondre dans l’appareil à raclette. J'ai passé tout le dîner focalisée sur mon stratagème alimentaire et je n'ai pas profité du tout de la soirée... »

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Celle de gauche sera-t-elle vraiment plus heureuse que celle de droite ?

L’instinct de survie

« J'ai tenté Dukan, mais pas plus d'une journée, déjà largement suffisant, je me revois en train de me gaver de surimis alors que je déteste.... »

« Il y a très longtemps, je me demandais si je n'étais pas un peu trop ronde... J'étais jeune aussi. Une amie qui me voulait du bien m'offrit un livre écrit par Monsieur Montignac. Las ! Je commence le livre et, dès la deuxième page, j'apprends que, pour maigrir, je dois abandonner à tout jamais, mais alors à tout jamais, terminé, fini, pour toujours ... le miel. J'ai refermé le livre et n'ai plus voulu en entendre parler »

Le soulagement quand on arrête

« Je crois avoir toujours pensé que j’étais trop grosse ; maintenant que je le suis vraiment, je réalise qu’à 20 ans, 1,64 m et 62 kilos, c’était plutôt pas mal et qu’il fallait vraiment être idiote pour vouloir absolument ressembler à ma meilleure amie : 1,64 m et 48 kilos toute mouillée...Aujourd’hui, 1,64 m et 90 kilos, je suis trop grosse, obèse disent en choeur la nutritionniste et WW. Des régimes j’en ai fait pas mal : des protéïnés en sachets, WW  à plusieurs reprises, chronobio, Dukan et j’en passe.

J’ai maigri certes mais j’ai repris, tout et le bonus qui va avec ! Le moral en berne, le corps douloureux, les mouvements limités par mon poids, l’essoufflement régulier lors d’efforts pourtant pas si importants, tout est là. Et puis il y a peu je vois l’émission de télé sur les régimes qui me donne un choc, j’arrive sur ton blog qui me donne un deuxième choc et je décide de tout plaquer. Fini les régimes. Après moi le déluge ! Et ça fait 10 jours maintenant. Pas de changement sur la balance, trop tôt pour ça. Par contre, un allègement certain au niveau du mental : plus d’interdits, plus de “j’ai droit – j’ai pas droit”, plus de “t’aurais pas du”, “il faut pas” et autres pensées négatives. Je me sens bien, libérée d’un énorme poids “mental”  et ça, ça n’a pas de prix. »

 

Toujours à propos de régimes, un très intéressant "Téléphone sonne" sur France Inter le 30 avril, à écouter, avec notamment la participation de Jean-Philippe Zermati et d'une responsable de l'ANSES plutôt sensée.

Visuel © tontan - Fotolia.com

29/04/2013

Le 6 mai, Journée Internationale Sans Régime : vous avez la parole !

Chaque année, le 6 mai, c'est la Journée Internationale Sans Régime. Une initiative relayée dans de nombreux pays pour dénoncer les méfaits des régimes et mettre en garde contre eux, notamment les adolescentes, facilement tentées. Alors que ce serait tellement mieux si les femmes acceptaient leur juste poids, arrêtaient de se torturer mentalement avec des calculs de calories et des "il faut/il faut pas", savouraient tous les aliments sans culpabilité...

J'en ai déjà parlé ici. L'année dernière, le 6 mai tombait un dimanche et, en France, c'était le 2eme tour de l'élection présidentielle. Autant dire que l'attention était retenue ailleurs...

Cette année, j'ai envie de vous donner la parole. Alors, d'ici à la fin de cette semaine, si vous le voulez bien, envoyez-moi vos anecdotes de régime, drôles ou tristes, vos histoires, votre expérience, vos enseignements, vos conseils, les déclics que vous avez eus, pourquoi vous avez fini par abandonner cette éphémère façon de perdre du poids, ...

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Vous avez déjà songé à cadenasser votre frigo ou vos placards pendant un régime ?


Envoyez-moi tout cela à l'adresse JourneeSansRegime@gmail.com et j'en ferai un large florilège que je publierai lundi 6 mai et relaierai le plus largement possible.

Merci à vous de m'aider à dire NON AUX REGIMES !

05/04/2013

Tiens, des hommes chez la diététicienne...

Je constate depuis quelque temps que j'ai de plus en plus d'hommes dans ma clientèle. Bien sûr les femmes restent très largement majoritaires mais je n'en suis plus au temps où je comptais ces messieurs sur les doigts d'une main !

Préoccupation santé ou esthétique accrue, plus grande acceptation à se faire accompagner, échec du régime D., davantage d'écoute des conseils de leur entourage féminin ? Je ne sais pas...

Cela m'a donné envie en tout cas de reprendre un ancien billet sur le sujet :

L'homme est-il une femme comme les autres ?

Ma clientèle est très majoritairement composée de femmes. Les hommes sont moins enclins à venir me consulter. Je vois à cela plusieurs explications, notamment : 

- les hommes sont beaucoup moins obsédés par leur poids et leur silhouette que les femmes car ils ne subissent pas autant (pour combien de temps encore ?) la même dictature de la minceur.

- les hommes sont peut-être moins enclins à rechercher un accompagnement et s'ils décident de gérer leur ligne, ils vont plutôt le faire seuls.

- quand ils prennent conscience de kilos accumulés au fil des années à force de repas d'affaires, apéros entre copains, d'arrêt de toute activité sportive ..., ils ont tendance à prendre des mesures drastiques simples : "je supprime le pain, le fromage, le vin". Ainsi beaucoup perdent des kilos très vite car leur métabolisme n'a pas encore été perturbé par des régimes. Mais souvent ils les reprennent s'ils ne changent pas leurs habitudes durablement.

En même temps, il semble que de plus en plus d'hommes se soucient de leur ligne. Ils sont sans doute sensibles aux discours santé qui insistent sur les risques liés à l'embonpoint et aussi soucieux de leur apparence, qui est tellement valorisée dans le monde d'aujourd'hui, minceur devenant synonyme de performance, de maîtrise, de volonté. Du coup, le marketing a encore frappé, en découvrant un nouveau territoire à conquérir. Ainsi, au milieu d'une offre croissante de produits de beauté, il y a même des crèmes minceur spécial ventre ! Et de très nombreux hommes se sont lancés dans le célèbre régime du Dr D.... Peut-être parce qu'ils apprécient une action coup de poing qui puisse donner des résultats rapides. Le problème, c'est qu'ils commencent à se rendre compte que les kilos reviennent assez vite...

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Du coup, j'ai l'impression qu'on assiste à une séparation croissante entre deux types d'hommes (je schématise, la réalité est bien sûr plus complexe):

- ceux qui deviennent obsédés de leur image, quasiment à l'égal des femmes, et sont donc clients des crèmes, régimes, salles de sport, plat légers, ...

- ceux qui regardent les kilos s'accumuler sans trop réagir, à coup de repas d'affaires, de bons vins, de convivialité, ... et sont parfois alertés seulement quand leur médecin ou leur cardiologue agite un risque santé.

A tous, je voudrais dire que "la brioche n'est pas une fatalité" (nom d'un atelier spécial homme que j'anime parfois) et qu'on peut lutter contre elle sans être dans la privation et la frustration. Et que les régimes ne sont pas la solution ! Qu'ils demandent donc aux femmes qui ont une large expérience en la matière...

Chers lecteurs, avez-vous un avis sur la question ? 

Image © ankomando - Fotolia.com

19/03/2013

Omega 3 : pourquoi en parle-t-on autant ?

Les omega 3, vous avez dû remarquer, on n'arrête pas aujourd'hui de voir cette expression. Sur les produits alimentaires, sur les compléments alimentaires, pour nous convaincre de les acheter. Et on peut se demander : pourquoi tant d'emballement pour cette notion ? Comment faisait-on avant ?

En fait, on en parle beaucoup parce qu'on connait mieux leur utilité et aussi parce que notre alimentation a changé.

D'une part, la connaissance du fonctionnement de notre corps progresse régulièrement et on a identifié l'intérêt d'un type de gras qu'on appelle les acides gras insaturés, dont font partie les omega 3. Ces derniers auraient notamment un effet bénéfique pour notre cerveau et peut-être dans certaines maladies cardio-vasculaires ou les cancers, ... Dans un premier temps, on a mis dans le même sac deux constituants distincts, les omega 3 et les omega 6. Du coup, on s'est peu à peu rendu compte qu'on consommait beaucoup trop d'omega 6, au détriment des omega 3. Et cela serait vraiment "contre-performant". Je n'entrerai pas dans les détails, mon idée n'est surtout pas de vous noyer sur des informations nutritionnelles, vous savez que je le fais rarement.

Si vous voulez approfondir le sujet, je vous recommande le passionnant livre de Pierre Weil, « Tous gros demain ? », qui revisite l'évolution de notre alimentation depuis des millénaires de façon très accessible.

Le problème, c'est que dans le même temps, notre alimentation est de moins en moins naturellement pourvue en omega 3. En effet, des changements dans la nourriture des animaux ont eu pour conséquence de réduire la richesse naturelle en omega 3 des aliments issus de ces animaux : viande, œufs, charcuterie par exemple.

Mais on peut y remédier . Comment améliorer simplement, sans se prendre trop la tête, son apport en omega 3 ?

- en pensant à l'huile de colza pour les assaisonnements. Si vous aimez les huiles au goût neutre, elle devrait vous convenir. Si vous préférez un goût plus prononcé, n'hésitez pas à la mélanger à de l'huile d'olive (pour information, le rôle de l'huile d'olive est neutre dans cette histoire).

- en mangeant régulièrement du poisson gras : en plus, ils sont bons et pas chers (pourvu que ça dure !) : d'abord les sardines et le maquereau, puis le thon et le saumon. Donc pas de scrupules, au contraire, à ouvrir une boîte de sardines quand vous êtes un peu pressé (e)...

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- et aussi en recherchant les produits porteurs du logo Bleu Blanc Cœur, de plus en plus présents dans nos supermarchés. Vous pouvez aller visiter leur site pour voir les chaînes de magasins et marques concernées. On trouve ainsi des œufs, de la charcuterie, du poulet, naturellement enrichis en omega 3. L'association Bleu Blanc Coeur s'efforce de reconstruire l'ensemble de la chaîne agro-alimentaire pour que les produits qui arrivent dans nos assiettes soient naturellement riches en omega 3, cela en agissant sur l'alimentation animale.

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J'ai plusieurs fois rencontré les personnes de Bleu-Blanc-Coeur au Salon de l'Agriculture et cette année, ils concluaient un accord avec Serge Papin pour que tous les oeufs de marque Système U soient des oeufs Bleu-Blanc-Coeur.

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Par ailleurs, on peut essayer de réduire son apport en Omega 6 :
- en faisant la chasse à l'huile de palme, notamment en achetant le moins de produits industriels possible et en privilégiant le fait maison.
- en limitant l'huile de tournesol et d'arachide.

Bref, comme toujours, le mieux, c'est la VARIETE sans se prendre trop la tête !

22/02/2013

Gluten ou sans gluten, rien n'est simple !

Bon, vous avez lu (ou pas) les épisodes précédents. Vous avez un avis (ou pas) sur la question du gluten. Vous vous demandez peut-être pourquoi certains en font tout un plat ou au contraire vous trouvez que l'on ne prend pas ce sujet assez au sérieux. Je ne vais sans doute pas répondre à toutes vos questions sur ce vaste thème, je souhaite juste vous faire prendre conscience que le sujet est vraiment complexe et peut-être vous amener à réfléchir un peu sur votre relation à certains aliments.

D'abord, voilà un petit schéma pour résumer la situation et vous montrer :
- que les choses ne sont pas tout blanc ou tout noir mais qu'il y a quelques nuances de gris... comme le disait aussi Florence mercredi,
- que cette situation est due à de multiples facteurs.

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Le gluten c'est quoi ?
C'est une protéine contenue dans le blé, le seigle, l'orge, l'avoine. Récemment, on a dit que l'avoine était toléré par les personnes intolérantes au gluten. On peut se demander si c'est encore un coup du Dr D. pour vendre son son d'avoine ! (je suis mauvaise langue, en fait, ce n'est pas le même type de protéine !).

A l'une des extrémités du schéma, il y a l'intolérance au gluten ou maladie coeliaque : le fait de manger des aliments contenant du gluten attaque les villosités de la paroi de l'intestin et cela crée douleurs, fatigue, perte de poids, ... Cela arrive souvent dès l'enfance mais aussi potentiellement vers 40 ou 50 ans. Si on a des présomptions d'avoir cette intolérance, il faut vraiment faire des examens sanguins pour le vérifier plutôt que de décider seul(e) d'arrêter le gluten.

Lors d'une excellente émission "Service Public" sur France Inter il y a quelques mois, le professeur Yorham Bouhnik, chef du service de gastro-entérologie à l'hopital Beaujon disait qu'on constate maintenant qu'il y a différents degrés de maladie coeliaque, avec différents symptômes, mais qu'en l'absence de diagnostic avéré, "arrêter le gluten est abusif". Il a vraiment insisté sur la nécessité de dépister d'abord si on pense détecter des symptômes et surtout de ne pas arrêter le gluten de soi-même car ensuite le diagnostic ne sera plus possible, ou vraiment compliqué. Et on risque alors peut-être de se priver à vie du gluten sans bonne raison...

Si vous avez cette intolérance avérée, cela vous prive de certains aliments de base et cela vous oblige à cuisiner le plus souvent (ce qui n'est pas forcement à regretter...) car beaucoup de produits industriels peuvent contenir du gluten. Mais vous avez à votre disposition le riz et la farine de riz, le maïs (et donc la maizena et la polenta), la pomme de terre, le sarrasin (non panifiable mais qui fait de délicieuses crêpes), la farine de pois chiches, ... Et grâce à internet, on peut maintenant avoir accès à une multitude d'idées de recettes et de conseils pratiques.

Une des choses les plus compliquées est aussi de sortir au restaurant. On commence à trouver des infos, des lieux spécialisés. Il y a aussi le très utile site et les actions de l'AFDIAG, l'Association Française des Intolérants au Gluten.

A l'autre extrémité, il y a des personnes, comme moi, qui n'ont pas d'inconfort lié au gluten ou à d'autres aliments et qui mangent de tout. Elles sont libres de supprimer des catégories d'aliments mais elles ont intérêt à y réfléchir, à se demander  pourquoi elles le font, à rééquIlibrer avec autre chose si elles éliminent une catégorie entière, ....

Mais je vous disais que la situation n'est pas binaire et, entre ces deux extrêmes, il y a toutes sortes de perceptions qui font que beaucoup de personnes, visiblement de plus en plus, ressentent des inconforts permanents ou occasionnels, intenses ou légers. Les causes sont multiples et complexes :

L'évolution du gluten des aliments

Comme le disait Roland Feuillas dans le billet d'hier, le gluten, par exemple dans les farines qui servent à faire le pain, a largement évolué, est de plus en plus raffiné, est de plus en plus présent. Puis le pain n'est pas forcément le même qu'il y a 50 ans. Cela, il n'est pas certain que notre organisme soit prêt à le supporter... Et le fait qu'on ait une alimentation de plus industrialisée avec souvent la présence de gluten crée peut-être une sorte de saturation...?

Les autres sources d'inconfort

De très nombreuses personnes souffrent d'inconfort intestinal, de mal au ventre, de ballonnements, de digestion difficile. Jusqu'à il y a peu de temps, leur médecin, voire le gastro-entérologue n'y voyait aucune raison physiologique et on a qualifié ces symptômes de "syndrome de l'intestin irritable", de "colopathie fonctionnelle", ... Certains attribuaient cela au seul stress, laissant parfois les patients désemparés, agacés, perplexes. Des recherches, notamment australiennes, ont montré qu'il y a bien certains composants de notre alimentation que nous avons, pour certains d'entre nous, du mal à digérer. Le gluten en fait partie. Mais ne mettons pas tout sur son dos ! Il y a des tas d'autres composants, et on les regroupe sous l'acronyme "FODMAPS" dont je vous reparlerai plus en détail.

FODMAP, ce terme mystérieux, cela signifie de façon barbare, retenez votre souffle : "Fermentable Oligo-Di-Monosaccharides and Polyols" en anglais ou alors "Fermentescibles Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides & Polyols. Cela recouvre toutes sortes de molécules présentes dans de nombreux aliments, notamment par exemple (de façon non exhaustive) :

- le fructose de certains fruits (pomme, poire, ...) et présent dans de nombreuses boissons et produits transformés,

- les fructanes présents dans les oignons, l'ail (en quantité), certains légumes,

- les polyols qu'on trouve dans de nombreux produits "sans sucre": chewin gum, bonbons, ...

Chez certaines personnes, certaines de ces molécules sont mal digérées et fermentent dans le système digestif créant un inconfort plus ou moins intense. Parmi tous ces produits, ceux que l'on tolère plus ou moins sont très variables selon chaque personne. Il n'est donc pas question d'éliminer "sauvagement" tel ou tel aliment mais de mener éventuellement une observation attentive puis éventuellement de faire l'expérience d'une période où l'on arrête un aliment suspecté.

Le système intestinal et le microbiote

Notre organisme aussi joue un rôle bien sûr. Notre système digestif, qu'on appelle maintenant le "deuxième cerveau" est d'une immense complexité, encore partiellement méconnue. Et il englobe ce qu'on appelle le microbiote, qu'on nommait avant la "flore intestinale". Un monde microscopique, très peuplé (des milliards de bactéries), pas encore très bien connu non plus et propre à chacun. La tolérance plus ou moins grande de notre système digestif aux aliments, elle peut être due à de multiples facteurs, qui vont de la façon dont la mère a accouché (la césarienne joue un rôle) à la prise d'antibiotiques en passant par l'alimentation, ...

Si vous voulez explorer un peu ce monde mystérieux, vous pouvez notamment écouter La Tête au Carré justement sur France Inter cette semaine.gluten_interaction2.jpg

L'interaction entre l'alimentation et le système digestif de chacun est complexe et unique !

 

Les habitudes alimentaires

Parfois, par facilité, on va incriminer tel ou tel composant car cela parait simple de l'éviter. Mais quelquefois il serait plus utile et adapté de prendre du recul sur ses habitudes alimentaires. Est-ce qu'on a une alimentation très riche qu'on digère mal, est-ce qu'on manque de fibres facilitant le transit, est-ce qu'on mange à toute vitesse sans beaucoup mâcher rendant la digestion pénible, est-ce qu'on mange en quantité exagérée et qu'on sort de table en se sentant plus que rassasié... ? N'est-ce pas tout cela qu'il faudrait regarder de plus près ?Fotolia_©viperagp.jpgJe me suis ainsi amusée (si on peut dire) de ce dialogue entendu entre deux jeunes femmes au Café Pinson :
L'une : "j'ai arrêté le gluten parce que quand je mangeais beaucoup de pain, j'avais mal au ventre !"
Réponse de l'autre : "mais si tu manges beaucoup de pain sans gluten, tu auras probablement mal
au ventre aussi !"

Il m'est ainsi arrivé de recevoir des personnes qui se plaignaient d'avoir mal au ventre après avoir avalé une baguette de pain entière à toute vitesse... En réapprenant à manger doucement et en quantité adaptée, le mal de ventre a disparu...

La psychologie

Il y a des personnes qui décident du jour au lendemain de se priver des aliments sources de gluten et qui tout à coup se sentent tellement mieux... Est-ce que ce ne serait pas leur tête plutôt que leur corps qui leur dirait cela ? Alors qu'elles ont mangé du pain, des pâtes, des biscuits pendant des années sans aucun inconfort. Que sont leurs motivations ? Comme le dit Florence, c'est  parfois reprendre une forme de maîtrise. Comme l'a évoqué Gérard Apfeldorfer dans un très intéressant article de Psychologies, la distance de plus en plus grande avec les composants de notre alimentation, la méconnaissance des modes de fabrication, les inquiétudes générées par ce côté abstrait (cf la récente "crise des lasagnes") génèrent des peurs et nourrissent cette envie de maîtrise. 

Pour certaines autres personnes, c'est probablement l'attirance pour une mode qui va passer plus ou moins vite, être remplacée par une autre. Mais elles peuvent parfois être influencées par les tendances venues des Etats-Unis et propagées par quelques vedettes. Mais aux Etats-Unis, se sent-on mieux parce qu'on a arrêté le gluten ou parce qu'on a arrêté la junkfood ?

Alors bien sûr cette tendance participe à une meilleurs prise en compte de la maladie, notamment par les industriels qui ont vite flairé une tendance potentiellement rémunératrice. Mais a-t-on vraiment envie d'être la "victime" crédule de leurs argumentaires commerciaux ?

P1070214.JPG

Cela peut bien sûr faciliter la vie des intolérants. Mais ce qui m'agace, c'est que cela semble banaliser la vraie souffrance des personnes qui ont une intolérance au gluten (ou maladie coeliaque) diagnostiquée et qui rêvent peut-être, elles, de pouvoir manger autrement. Quand la part de mode sera passée, ces personnes vont continuer à souffrir, pensera-t-on moins à elles alors ?

En fait, si vous devez retenir une chose, c'est vraiment que chaque personne est unique et devrait, plutôt que prendre des décisions basées sur des discours généraux, surtout apprendre à s'écouter et bien se connaître, et faire appel à des professionnels compétents et des examens adaptés si besoin.

 
Visuels © jas et © ivolodina - Fotolia.com (le schéma du haut est de moi)

21/02/2013

Parlons du gluten : la parole à Roland Feuillas

Deuxième interlocuteur que j'ai souhaité interroger : Roland Feuillas. Cet homme passionné a complètement changé de vie pour devenir paysan, meunier et boulanger à Cucugnan. J'ai déjà eu la chance de goûter son pain en attendant de découvrir plus globalement son travail.

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1. Pourquoi selon vous un tel engouement pour le "sans gluten" aujourd'hui ?

"Je pense qu'il y a deux raisons pour cet engouement :  une première, factuelle, ne mérite pas le vocable engouement au sens "enthousiasme soudain et passager pour quelque chose" car elle est basée sur de réels et très préoccupants soucis, en forte évolution, avec le gluten. Une deuxième, oui c'est exact, est davantage liée à des aspects "psychologiques".
 
Sur le premier aspect, on peut être légitimement inquiet des différentes données provenant de sources médicales démontrant qu'il y a bien un problème relativement nouveau et en forte augmentation lié à l'ingestion du gluten. Toutefois, nous sommes plusieurs à remarquer que le retour à des blés de variétés anciennes offre bien souvent la possibilité aux personnes concernées de remanger des produits céréaliers contenant du gluten.  Des études plus poussées et de véritables essais cliniques seraient nécessaires pour comprendre mieux les évolutions des structures du gluten lors du siècle passé mais aussi la notion de "marqueur" des dits gluten que nos organismes ont tendance à avoir des difficultés à décrypter.
 
Nous avons mené des expériences sérieuses avec la variété la plus ancienne exploitée par l'homme, l'Engrain (appelé à tort "Petit Epeautre" car ce n'est pas un épeautre). Il est clair que bon nombre de personnes en grand trouble avec les glutens de blés modernes arrivent très bien à digérer le peu de gluten (5 à 6%) généré par la pétrie de cette céréale. Il semble que les glutens obtenus soient de nature très différente de celle des froments modernes (notamment par le taux de protéines). On peut aussi citer le Kamut et d'autres blés générant des glutens vraisemblablement moins allergènes. Des professeurs, notamment le Pr. Henri Joyeux, travaille sur ce sujet et nous espérons en avoir des enseignements". 
 
 
3. Comment souhaiteriez-vous que la situation évolue concernant le gluten et plus largement le pain ?
 
"Seule une prise de conscience massive de la population pourrait, par les comportements d'achats et les modes de consommation du Pain, conduire à un rééquilibrage des principes régissant la filière blé-farine-pain. Seule cette évolution pourrait infléchir les tendances et faire alors prendre conscience aux acteurs de la filière qu'il faut faire marche arrière sur les dérives productivistes pour préserver un réel avenir au Pain, base de notre pyramide alimentaire, base de notre culture, base de notre spiritualité.
 
- Aux champs, l'optimisation de la production par rapport à la surface cultivée, principe même de l'agriculture intensive, doit être revue avec un retour à des semences sélectionnées selon des critères au profit du consommateur avant toute autre forme de considération.
- Au Moulin, la farine doit être poussée vers des critères de type nutrition & santé avant de chercher un esthétisme, une légèreté, une blancheur du Pain.
- C'est surtout au fournil que les choses doivent évoluer : réapprendre à travailler des farines moins "musclées", revoir la mécanisation petit à petit pour revenir autant que possible à des principes différents de production, adaptés à des pâtes moins tolérantes. La formation du corps professionnel des boulangers serait à développer à ce sens.
Les Boulangers les premiers devraient exiger d'autres types de farines du meunier, sans glutens rajoutés avec des taux de protéines plus faibles. Ce sera ensuite à eux d'exercer tout leur art pour sortir du beau pain avec des farines douces.
 
Seul un public de plus en plus averti (est-ce un espoir béat ?) pourrait faire évoluer les choses.
Mais pouvons-nous imaginer un seul instant une population privée de son histoire, de la source nourricière de tous ses ancêtres, des fondements mêmes des mots compagnons, copains, bref du partage ?"
 
Merci beaucoup Roland pour cette esquisse de chemin à suivre, qui sera sûrement long...