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27/05/2011

Les Bretons doivent rigoler...

alimentation,nutrition,cuisine,bento,sarrasin,soba,sobacha,blé noir,galette,crêpesLundi midi, je m'étais préparé un bento à base de sarrasin. J'ai trouvé cela vraiment délicieux. Le goût et la texture changent du quinoa, du blé, du riz, de l'épeautre, ... J'ai réédité la chose cette fois avec une association classique avocat-pamplemousse-crevettes et j'y ai ajouté des dés de concombre, un reste d'asperges vertes, des graines germées, du basilic. Un régal !

Le sarrasin est à la mode. Les gourous de l'alimentation santé s'en sont emparés comme d'un nouvel aliment miracle, un super-aliment comme la grenade, les cranberries. On parle d'une fabuleuse boisson detox ! Pour ma part, j'en mange et bois depuis pas mal de temps sans me poser de question car cela fait partie des basiques japonais (alimentation dont je suis très friande, vous le savez) : il y a les soba, pâtes à base de sarrasin et le sobacha, infusion à base de graines de sarrasin.

Ici, on a l'impression qu'on vient de découvrir cet ingrédient... Du coup, ce sont les Bretons qui doivent rigoler ! Car le sarrasin fait partie de leur alimentation depuis probablement le 15eme siècle, apporté par les Sarrasins, et on le connaît bien à travers leurs galettes dites de blé noir : c'est bien de sarrasin qu'il s'agit (en l'occurence on utilise la farine de sarrasin). Le sarrasin est aussi bien connu à l'Est de l'Europe et on y utilise le sarrasin grillé, qu'on appelle kacha.

Pour information, j'avais d'ailleurs acheté mon sarrasin à St Malo .

NB : ce n'est pas compliqué à préparer : basiquement, une douzaine de minutes dans l'eau bouillante salée, et il est préférable si possible de le faire griller ou revenir avec un peu de matière grasse au préalable.

Et vous, mangez-vous du sarrasin ? 

25/05/2011

Suis-je flexitarienne ?

Connaissez-vous les flexitariens ? C'est une nouvelle catégorie de mangeurs inventée il y a quelques années par les Américains. Il s'agit d'une sorte de végétariens flexibles, des personnes en voie de "végétarisation" ou qui ont une alimentation majoritairement à base de fruits, légumes, céréales, légumineuses, mais qui peuvent par goût ou par nécessité manger de la viande ou du poisson de temps en temps.

Pour ma part, je n'ai aucun problème à faire un repas sans viande ou poisson. Ainsi, lundi midi, j'ai préparé un bento avec quelques restes que j'avais : des pousses d'épinard, de la feta, de la pastèque, de la coriandre et j'ai mélangé cela avec du sarrasin (c'était frais et délicieux !). Cela ne me choque pas de faire un tel repas. Je ne me pose pas la question, j'aime beaucoup le poisson, les oeufs, la viande, j'en mange régulièrement mais je ne me sens pas obligée d'en manger à chaque repas. Je mange assez rarement de la viande rouge, plus par manque d'opportunité que par manque de goût pour elle. Je n'ai aucune intention de devenir végétarienne mais j'adore le tofu et il m'arrive fréquemment de faire un repas de pâtes aux légumes ou à base de quinoa sans que cela me perturbe. Au contraire, je me régale.

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Il existe ainsi de nombreuses personnes qui ne sont pas végétariennes mais qui mangent relativement peu de viande, qui ont une façon de s'alimenter souple, ni végétarienne ni carnivore. Faut-il pour autant les mettre dans une case ? Je ne suis sans doute pas flexitarienne mais quelle importance ?!

Et vous, vous sentez-vous flexitarien (ne) ?

22/05/2011

Un homme au fourneau, 3eme : miam, du poisson !

Cuisiner, c'est bon pour le goût, la santé, le porte-monnaie... et l'estime de soi !  Samedi, c'était le troisième atelier "un homme au fourneau", destiné à mettre en pratique une cuisine bonne, facile, peu coûteuse. Cette fois, c'était un des participants qui avait proposé une recette personnelle, puisée auprès de son père, du poisson à l'antillaise. Il avait participé la veille aux courses et avait préparé une marinade pour que le poisson puisse s'imprégner de ses parfums toute la nuit.

Nous voilà donc en cuisine le samedi matin pour :

- préparer une magnifique salade de fruits : une façon gaie, colorée et savoureuse de manger des fruits. Là, il y avait pomme, poire, orange, pamplemousse, kiwi, banane, fraises mais la salade de fruits est un espace de liberté et on fait selon son envie, ses moyens, la saison. Et découper les fruits ou les légumes à plusieurs, cela fait un agréable moment de convivialité.

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- faire cuire les lentilles et le riz, pour accompagner le poisson.

- faire frire le poisson, puis des oignons émincés qui le complètent (qui sont frits dans un mélange huile-vinaigre).

Résultat : un plat de poisson absolument délicieux, très parfumé par la marinade* : tout le monde s'est régalé, même les plus récalcitrants au poisson. Conclusion : n'ayons pas d'a priori, goûtons !

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Le cuisinier du jour était ravi du succès de son plat, heureux d'avoir partagé un peu de ses racines avec les autres, fier d'avoir réussi un plat transmis par son père. Car c'est tout cela la cuisine, du plaisir, du partage, du sentiment comme le dit Jacky Durand ! Rien à voir avec un Filet O'fish ! (clin d'oeil aux intéressés).

*Je vous livre la recette de la marinade, basée sur des ingrédients qu'on peut avoir dans son placard : citron, poivre, pâte de piment sur un côté du poisson, pâte de curry sur l'autre (marinade pendant une nuit). On a fariné les poissons pour les cuire, un mode de cuisson usuel (qui n'est pas pour tous les jours mais qu'on peut utiliser en alternance avec d'autres modes de cuisson : au four, en papillote, à la vapeur, simplement poêlé, ...) .

Ce repas (plat + dessert) est revenu à environ 2,50 euros par personne.

Pour mémoire, le premier atelier et le deuxième atelier.

Et on se retrouve en juin pour un atelier spécial buffet (ou fête, pique-nique, ...), l'occasion de décliner de nouvelles recettes simples et économiques.

26/04/2011

Quel mangeur/se de pain êtes-vous ?

J'étais récemment à une table ronde organisée par l'Observatoire du Pain, à l'occasion de la sortie d'un livre du chercheur Abdu Gnaba, "Anthropologie des mangeurs de pain".

Probablement, comme l'immense majorité des Français, mangez-vous du pain régulièrement. Mais avez-vous déjà réfléchi à votre relation avec le pain ? Est-elle apaisée, solide, gourmande, curieuse, indifférente, tourmentée ? Ce dernier qualificatif car vous mangez peut-être parfois du pain avec culpabilité : comme on l'a évoqué ce jour-là, l'empreinte du message "le pain fait grossir", diffusé il y a 20 ou 30 ans est encore bien présente et perturbe la relation à cet aliment hautement familier.

Non, le pain ne fait pas grossir, c'est l'excès le problème. Oui, on en a besoin car c'est un féculent source d'énergie. De plus, il fait vraiment partie de notre culture, il est partout, c'est pratique et facile à manger, en accompagnement d'un repas ou comme ingrédient principal sous forme des sandwich ou de tartine. Et on peut manger tous les pains, la variété étant un plaisir. A vous de voir quel est la meilleure alliance entre ceux qui vous plaisent gustativement et qui sont doux pour votre activité digestive. 

Ce n'est pas forcément ce type de registres qu'a exploré Abdu Gnaba mais il a notamment dégagé une typologie des mangeurs de pain, sur la base des nombreux entretiens qu'il a menés. Même si le pain tend à nous rassembler et à faire partie de notre identité, il y a des habitudes et des modes de consommation différents. Je vous en donne les grandes lignes, de façon un peu schématique. On n'est pas obligé de se reconnaitre dans un profil ou un autre, on peut évidemment se trouver au carrefour de plusieurs types. 

L'Authentique est un mangeur de pain attaché à la tradition. Il a toujours du pain à ses repas qui restent structurés. En général, il s'agit des classiques : le gros pain ou la baguette.

Le Bipolaire (à ne pas confondre avec le trouble psychologique du même nom. On aurait pu trouver une autre appellation) est écartelé entre le respect de la tradition et l'envie d'innover, entre la baguette et les pains spéciaux qui ont fleuri ces dernières années.

Le Déphasé n'est pas gros consommateur de pain pour l'instant en liaison avec son mode de vie, et il est d'ailleurs assez indifférent à son alimentation en général. Il se tourne vers le basique/pratique : baguette courante ou pain industriel.

L'Errant n'est pas attaché au pain, ce n'est pas un pilier de son alimentation, il a tendance à le remplacer par des équivalents, pizza, beignet, mais éventuellement au détriment de l'équilibre nutritionnel. On l'imagine avoir un paquet de pain de mie industriel dans son placard plutôt que passer à la boulangerie tous les soirs.

L'Hédoniste est en quête de plaisir autour du pain, comme sans doute aussi pour d'autres nourritures. Il est toujours prêt à goûter de nouveaux pains qui vont satisfaire sa curiosité et ses sens. Il est sûrement bon client des pains spéciaux ou d'une baguette, mais de tradition, pas le modèle de base

Le Nomade a un rythme pressé et le pain s'insère dans son rythme de vie ici et là mais sans identité précise. Sans doute un client des sandwiches davantage que de la baguette familiale.

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Quelques-uns de mes plaisirs panifiés !

Pour ma part, j'adore le pain comme vous avez dû le remarquer si vous lisez ce blog depuis quelque temps. J'aime une baguette tradition bien croustillante, plutôt assez cuite. C'est elle que je privilgié quand je souhaite un pain plutôt neutre pour accompagner un repas. Mais j'aime aussi beaucoup goûter d'autres pains, aux céréales, au sésame, de seigle, complet ; le fabuleux pain au miso de Gontran Cherrier, le pain noir allemand ou la focaccia italienne, ... Du coup, c'est sans doute de l'"Hédoniste" que je suis la plus proche.

Et vous ? Vous vous reconnaissez ? Quel mangeur (se) de pain êtes-vous ?

25/04/2011

Printemps : tentation des régimes, attention danger !

Fotolia_© Sandra Cunningham.jpgDepuis quelques années, on nous parle régimes à peu près toute l'année. Cure detox en janvier, régime de renouveau du printemps, régime cool avant l'été, régime express juste avant le maillot, reprise en main de rentrée, préparatif des fêtes, ... !

Toutefois, le printemps reste une période particulièrement sensible. Tout à coup, on se met à compter les mois avant les vacances, on réessaie ses vêtements d'été, on commence à s'imaginer en maillot, ... Et là, c'est la panique ! Hors de question d'apparaître ainsi sur les plages, impossible de se montrer ainsi, ... La raison vacille et, même si on a déjà fait beaucoup de régimes et toujours repris du poids, on se laisse tenter. "Allez, ce sera le bon cette fois". "Promis, ce sera le dernier et je ne raterai pas la stabilisation". Même certaines de mes patientes les plus convaincues de la nécessité d'une approche alternative et qui mesurent la complexité de leur relation à l'alimentation peuvent avoir des moments de faiblesse...

Rapelez-vous, comme l'a indiqué le rapport Anses, les régimes, c'est non seulement mauvais pour la santé, mais c'est aussi terrible pour l'opinion qu'on a de soi. A chaque régime raté, on diminue un peu son estime de soi, on croit qu'on manque de volonté, on se juge sévèrement. En fait, simplement, cela ne marche pas dans 95% des cas.

Alors, revenez à la raison : pourquoi se priver encore pour un résultat si éphémère ? Les vacances seront-elles si horribles avec 3 kilos de plus ? N'est-ce pas plutôt dans votre tête que cela se passe ? ne pourriez-vous pas vous regarder avec un peu plus de bienveillance ?

Le Journal des Femmes, pourtant souvent disert en matière de régimes, publie un dossier plutôt raisonnable sur le sujet en incitant clairement à éviter les régimes, à se demander pourquoi on a pris du poids, ..., quand même un peu nutritionnellemennt correct avec sport obligé et respect du PNNS. Mais bon, c'est déjà pas mal !

Le site plus iconoclaste Fauteuses de trouble a quant à lui publié un dossier pro-gourmandise et carrément anti-régime.

Alors, pas de régime s'il vous plait ! A la place, pourquoi pas une petite relecture des 10 principes de l'Art de manger ?

Image © Sandra Cunningham - Fotolia.com

25/03/2011

Stop aux super-aliments !

alimentation,nutrition,super-aliments,anti-oxydants,baies de goji,brocoli,santéRécemment, la très sympathique Isabelle, freelance en communication, a pensé à moi pour animer un événement autour des baies de Goji. Je lui aurais bien fait plaisir mais mener une action à laquelle je ne crois pas, ce n'est pas possible pour moi. Alors, j'ai dit non. Pourquoi ?

D'abord, car, par curiosité, j'ai déjà goûté des baies de Goji, dans mon mélange de fruits secs ou dans mon muesli du matin, et franchement, je n'ai pas été convaincue par leur intérêt gustatif.

Ensuite, car cet intérêt pour quelque chose d'inconnu il y a peu et qu'on qualifie tout à coup de super-aliment indispensable à notre santé m'agace !

Régulièrement, en effet, on nous parle de super-aliments dotés de propriétés quasi-miraculeuses pour nous préserver de tas de maladies, dont le cancer : les baies de goji, le jus de grenade, les cranberries, le thé vert, le brocoli, ... Du coup, de nombreuses personnes se tournent vers ces super-aliments, pour certains assez chers, en pensant que c'est bon pour leur santé.

Pour ma part, je ne suis pas vraiment d'accord avec cette folie des super-aliments :

- d'abord, de nombreuses personnes consomment certains de ces aliments sans en tirer de plaisir gustatif. Un patient me racontait ainsi qu'il s'était forcé à boire du jus de grenade le matin alors qu'il préférait largement le jus d'orange, mais il pensait au bénéfice santé supposé ;

- ensuite, les études mettant en valeur les propriétés de ces aliments sont très évolutives, plus ou moins sérieuses et ils ne peuvent de toute façon pas nous garantir d'éviter les maladies ;

- enfin, j'ai l'impression qu'on évolue vers une société des extrêmes : d'une part, des personnes extrêmement soucieuses de l'impact de l'alimentation sur leur santé et s'orientant donc vers une alimentation fonctionnelle plus que source de plaisir (le modèle anglo-saxon de relation à la nourriture). De l'autre, des personnes qui vont au plus simple, au plus rapide, et consomment moult produits industriels, plats préparés, ... sans se soucier des additifs qu'ils contiennent le plus souvent. Ne serait-il pas préférable de promouvoir une "voie du milieu", basée sur une alimentation plutôt naturelle, variée et saine sans se préoccuper spécifiquement de manger tel ou tel aliment. Pour de nombreuses personnes, ce changement plus global ne serait-il pas d'abord souhaitable ?

Donc, il n'y a pas de raison de se priver de certains de ces aliments si on les aime mais n'en attendons surtout pas des miracles.

Et vous, que pensez-vous de ces super-aliments ? 

15/03/2011

Faut-il stresser devant son assiette ?

Il est assez probable que vous ayez entendu parler du documentaire diffusé ce soir sur Arte, "Notre poison quotidien", réalisé par Marie-Monique Robin. C'était la réalisatrice d'un sérieux documentaire sur Monsanto et cela incite plutôt à regarder.

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notre poison quotidien, stress, alimentation, nutrition, arte, pesticides, stress devant l'assietteDans le domaine de l'alimentation, comme dans les autres, réjouissons-nous de la transparence, d'être informés, que les excès et manquements de toutes sortes soient dénoncés pour faire évoluer les pratiques. Mais faut-il nous déverser autant d'angoisse, comme le fait par exemple Télérama avec sa couverture de cette semaine : "Manger tue" ? (pour info, manger fait vivre aussi !).

Le problème, c'est que le risque est fort que cela augmente encore votre stress devant l'assiette, votre inquiétude sur ce que vous mangez, votre questionnement incessant : faut-il manger ceci, ne pas manger cela (la viande qui polluerait, le lait qui nous ferait du mal, les fruits et légumes qui seraient pleins de pesticides, le poisson qui transporterait des métaux lourds, etc.), ce qui pourrait vous enlever ce plaisir si agréable d'un bon repas.

Pour ma part, je ne pense pas que chaque citoyen doive devenir un expert de l'alimentation passant son temps à décrypter les étiquettes, à connaître la composition détaillée des aliments (et ce n'est pas parce que j'ai peur pour mon boulot !). Je suis plutôt pour une alimentation intuive, où le bon sens aurait une large place, où l'on aurait majoritairement de saines habitudes sans se prendre trop la tête : acheter des produits bruts, de saison, plutôt locaux, dont on connait à peu près l'origine, manger varié, cuisiner, ... Mais il me parait utile également qu'on ait un regard critique sur les discours peu nuancés, qu'ils viennent de l'agro-alimentaire, du monde de la santé, des acteurs du développement durable, .... pour ne pas se laisser embrigader d'un côté ou de l'autre, pour savoir pourquoi on agit de telle ou telle façon, qu'il s'agisse de manger bio, d'arrêter la viande ou de boire du jus de grenade !

Je serais ravie d'avoir vos retours sur cette émission si vous la regardez. Bonne soirée !

27/02/2011

Retour sur le débat "Pourquoi sommes-nous trop gros ?"

cnrs,débat,apfeldorfer,surpoids,obésité,régimes,mqb,gestion des émotionsPetit retour sur le débat organisé par le CNRS, "Pourquoi sommes-nous trop gros ?" que vous pouvez encore visionner (combien de temps ?) si vous le souhaitez ici

Quelques messages ont été passés par les quatre intervenants durant ce débat, que je partage :

- ils ont insisté sur la complexité et l'hétérogénéité des situations de surpoids et d'obésité et les interactions entre des déterminants multiples pour expliquer la prise de poids ;

- ils ont rappelé qu'il n'y a pas d'aliment "obésogène" en soi, que ce n'est pas la nature des aliments qui crée l'excès de poids mais la quantité de calories absorbées au global ;

- ils ont affirmé qu'il n'y a pas d'addiction physiologique à un aliment mais il peut en revanche y avoir une addiction comportementale, les aliments étant utilisés comme protection contre des émotions intolérables. Mais cela n'a rien d'irrémédiable, cela peut se modifier si on y travaille.

La tendance était assez pessimiste dans la mesure où les spécialistes présents ont insisté sur le fait que la plupart des personnes obèses ne pourraient probablement pas maigrir autant qu'elles le souhaiteraient. D'où l'importance de prévenir. Et donc de ne surtout pas faire de régimes ! Ils ont été unanimes sur le caractère inefficace de tous les régimes. Et aussi dangereux, quels qu'ils soient. En effet, non seulement on atteint en général un poids plus élevé à terme que le poids de départ, mais cela présente aussi des risques pour la santé (cf le rapport ANSES) et cela crée très souvent des problèmes psychologiques (troubles du comportement alimentaire, baisse de l'estime de soi, voire dépression). Que faire alors ? a demandé l'animateur, un peu désespéré. Selon eux, on peut maigrir jusqu'à son poids d'équilibre (qui a pu évoluer dans le temps), en revenant à écouter ses sensations de faim et de rassasiement, et c'est possible notamment si on est un mangeur émotionnel et qu'on arrive peu à peu à gérer ses émotions autrement.

Petite note personnelle : j'ai regretté que Gérard Apfeldorfer, quand on lui a demandé s'il valait mieux voir un psy qu'un nutritionniste, n'ait pas mentionné que le G.R.O.S., dont il est Président d'honneur, forme des diététiciennes (dont moi !) à une approche globale du comportement alimentaire, dont la prise en compte des émotions, et qu'il n'est donc pas toujours nécessaire d'aller voir un psy !

Image © Alexey Bannykh_fotolia.com

30/01/2011

Faisons goûter les enfants !

alimentation,nutrition,goût,enfants,dégustation,saveur,éducation au goût,classes du goûtCette fois, je ne vais pas vous parler du goûter, cet agréable (et souvent nécessaire) moment de pause dans l'après-midi. Mais plutôt du goût et de son éveil. Cette semaine, je participais à un colloque sur l'éducation au goût des jeunes, sous l'égide du Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation... (trop long à citer en entier !). Sujet qui m'intéresse vivement car je suis persuadée qu'une éducation au goût et aux aliments est plus utile pour développer une relation sereine et plaisante à l'alimentation qu'une éducation nutritionnelle orientée santé.

Un petit zoom sur quelques points qui m'ont parlé (il ne s'agit en aucun cas d'un compte-rendu exhaustif et je reviendrai peut-être sur d'autres points). Globalement, j'ai été confortée dans ce que je connaissais concernant le comportement alimentaire des enfants :

- le bébé est naturellement régulé dans ses sensations de faim et de rassasiement. Il adapte spontanément ses prises alimentaires en fonction de la densité calorique des aliments. Cette auto-régulation peut diminuer quand il grandit mais il est souhaitable de la préserver le mieux possible. Malheureusement, de nombreux éléments peuvent l'éloigner de cette régulation :
- si on lui sert des portions inadaptées, trop importantes pour son âge,
- si on l'incite fortement à finir son assiette,
- si on positionne certains aliments comme des récompenses, par exemple : "si tu manges tes légumes, tu auras du dessert",
- si un parent est lui-même en restriction, au régime et contrôle ce que mange l'enfant par peur qu'il grossisse,
- si on lui interdit certains aliments, ce qui en renforce l'envie et pourra le faire "se lâcher" quand il en aura devant lui, etc.

Les bébés ont dès le départ une attirance naturelle (de survie !) pour les aliments gras et sucrés (dont le lait maternel) car ce sont les plus riches en énergie, les plus nourrissants. L'enfant qui grandit continue le plus souvent à préférer les aliments doux et denses (les féculents par exemple).

Mais on peut quand même développer peu à peu son goût d'autres aliments. Au hasard, les légumes !
On a observé qu'il y avait plusieurs facteurs favorables pour que les enfants aient progressivement du plaisir à manger des légumes :

- d'abord, cela peut paraître une évidence, qu'il y en ait dans la maison, qu'ils soient disponibles. Cela aide à les rendre plus familiers. Cela signifie aussi bien sûr que les parents mangent des légumes avec plaisir et pas par contrainte, montrent l'exemple ! Encore mieux, faire le marché avec les enfants, les associer à la cuisine. Avec des tâches adaptées à chaque âge : un enfant très petit peut ainsi commencer à touiller la pâte à gâteau ou à crêpe, ...

- qu'il y ait des consommations répétées. Eh oui, il ne faut pas se décourager ! L'enfant (et pas que lui !) n'aime pas la nouveauté et va souvent rejeter un aliment à la première ou deuxième proposition. Beaucoup de parents arrêtent au bout de 3 ou 4 essais mais plusieurs études  ont montré qu'il fallait environ 7 à 8 présentations d'un même aliment pour qu'il soit accepté. C'est ainsi que l'enfant se familiarise peu a peu avec lui et finit souvent par l'aimer autant que les autres. Et l'aliment doit être présenté de façon identique, sinon il est à chaque fois perçu comme nouveau.

- que cela se passe de façon à la fois cadrée et chaleureuse : ni un comportement autoritaire ni un comportement laxiste laissant l'enfant décider de ce qu'il mange ne donnent de résultats satisfaisants. Les parents devraient inciter sans forcer, développer la curiosité, ...

Chaque enfant peut bien sûr avoir ses préférences mais il ne faut pas les confondre avec le refus d'un aliment. Une préférence éventuelle ne peut s'exprimer qu'une fois l'aliment goûté. Il est donc essentiel d'inciter l'enfant a goûter, à être curieux, à ne pas dire "j'aime pas" s'il n'a pas goûté. alimentation,nutrition,goût,enfants,dégustation,saveur,éducation au goût,classes du goûtSi certains aliments ne sont toujours pas appréciés après de nombreux essais, alors il peut s'agir de préférences individuelles : elles ont le droit de s'exprimer légitimement, personne n'est obligé d'aimer tous les aliments ! Et ces préférences évoluent au fil du temps.

Ce colloque visait à lancer un réseau de professionnels qui pourront mettre en place des actions d'éveil du goût (en premier lieu, les "Classes du goût" initiées par Jacques Puisais dans les années 70 et réactivées maintenant - visuel du CD-Rom associé ci-contre). Toutefois, c'est en premier lieu aux parents de réaliser l'éducation des enfants dans le domaine alimentaire, comme dans les autres domaines de la vie courante, et notamment de jouer un rôle dans le choix des aliments, la façon dont on mange, ...

Si le sujet de l'alimentation des enfants vous intéresse, que vous vous sentez concerné(e), vous pouvez prolonger le sujet avec deux lectures qui me semblent intéressantes et pas trop orientées vers le "nutritionnellement correct" :
- "Manger, un jeu d'enfant", de Guylaine Guevremont et Marie-Claude Lortie (Canada)
- "Libérons l'assiette de nos enfants", de Laura Annaert et Laurence Haurat.

11/01/2011

Stop au déjeuner devant l'ordi !

Fotolia_© Jiri Hera - Fotolia.com_ordi&repas.jpgJe rencontre beaucoup de personnes qui travaillent et qui déjeunent à toute vitesse au bureau devant leur ordinateur. Il peut s'agir d'un sandwich, d'un plat de traiteur, d'un repas apporté de la maison ou autre : il sera avalé rapidement, machinalement, sans y prêter attention, celle-ci étant captée par l'écran. Cela peut arriver occasionnellement bein sûr mais certain(e)s vivent cela au quotidien.

A cela, je dis stop ! Pourquoi ?

D'abord, parce que, aussi impliqué (e) dans son boulot que l'on soit, on a le droit à une vraie pause. Quelle que soit sa charge de travail, ne me dites pas qu'on ne peut pas s'accorder 1/4 heure pour déconnecter et manger tranquillement un plat ou un sandwich. Nous ne sommes pas faits pour bosser 12 heures pas jour sans pause : on ne peut pas être performant (e) non stop !

Manger en pensant à autre chose ou en ayant une autre activité empêche de sentir le moment où l'on est rassasié (e). On risque de manger trop puisque c'est la fin du plat qui signalera l'arrêt et non le fait d'avoir assez mangé.

Par ailleurs, manger machinalement enlève beaucoup de plaisir gustatif, ce qui limite l'intérêt du repas. On ne mange pas seulement pour prendre de l'énergie. Certaines personnes me disent qu'elles doivent faire autre chose en mangeant sinon elles s'ennuient. Cela est sans doute signe d'un plat fade et sans intérêt. Est-ce si compliqué de réinjecter un peu de plaisir dans ce repas ?

Enfin, manger, c'est aussi du partage. Alors, sauf si tous vos collègues sont vraiment insupportables, pourquoi ne pas déjeuner avec certains d'entre eux : au restaurant d'entreprise s'il existe et est correct ; à l'extérieur ; mais aussi ensemble au bureau autour d'une table ? En parlant d'autre chose que du travail bien sûr ! Pour garder le lien avec ses collègues et ne pas communiquer seulement par mail ! Cela vous parait peut-être anodin mais dans des drames récents en entreprise, n'a-t-on pas parlé de la grande solitude des salariés ?

Et vous, que pensez-vous de la pause déjeuner ?

Photo © Jiri Hera - Fotolia.com