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28/02/2013

Rencontres, balade et gourmandise : vive la slow life !

Vendredi dernier, j'avais pris une journée off pour cause de festivités personnelles. On en a profité pour se balader et se régaler. L'idée était de flâner dans le centre-Est parisien à la découverte de quelques bonnes adresses.

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On est ainsi allés faire un tour du côté des nouvelles boutiques Terroirs d'Avenir, projet pour lequel j'ai de la sympathie depuis qu'ils m'avaient émerveillée avec un cageot de leurs tomates si parfumées. Ce n'était pas le jour de se charger de légumes mais je me suis emparée de quelques noisettes (on va voir si elles rivalisent avec celles de Rap...) et pâte assortie et on a salivé devant les beaux poissons.

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Là, on a eu une sympathique discussion avec un des deux poissonniers japonais, originaire de la région du Kyushu et habitué de Kurokawa Onsen, un endroit qu'on avait adoré.

Dans le même quartier, on a visité la Boutique des Saveurs, spécialisée dans les produits des parcs régionaux, mais on n'a pas été emballé. J'ai quand même acheté un amusant "pudding médiéval".

Vers l'heure du déjeuner, on a décidé d'orienter nos pas vers le canal St Martin où j'avais très envie de découvrir "L'Epicerie musicale", boutique-cantine italienne vantée par Esterelle à qui je fais grandement confiance côté gastronomie.

Quel plaisir de découvrir un lieu atypique, tenu par deux Italiens adorables, dont l'un alterne préparation des plats et choix de musique dans sa riche collection de 33 tours. Ce jour-là, ce furent chanteuses de jazz et chanson napolitaine, pour notre grand bonheur. Côté assiette, on a choisi le plat du jour, une spécialité de la région du Frioul dans le Nord de l'Italie, le "frico" : une sorte de galette de fromage et pomme de terre râpée, bien nourrissante et de saison, servie avec de plaisants légumes (chou-fleur, potiron, tomate) et accompagnée de fines tranches de pancetta.

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On est aussi allés faire un tour à l'exposition "Japan Eat Good" mais on connait un peu trop bien le Japon et ses produits pour avoir vraiment découvert quelque chose et ce n'était pas l'heure des ateliers...

En route, on a aussi croisé une boutique éphémère de déco où on a passé un plaisant moment à essayer des tabourets chinois et papoter.

Pour se reposer et rester dans une note japonaise, on a savouré un thé chez Toraya, mais sans toucher aux délicates pâtisseries car on se réservait pour le dîner.

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En effet, comme il s'agissait de festoyer, on avait réservé une table à Ze Kitchen Galerie, lieu sans équivalent pour nous et on a choisi le menu dégustation. Un merveilleux régal de bout en bout, de belles assiettes et une explosion de parfums, de saveurs, de texture : un plaisir de tous les sens !

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Les desserts, miam !

Quel bonheur de se réserver de temps en temps des parenthèses à vivre ainsi avec tranquillité et gourmandise.

Et vous, vous vous autorisez parfois de jolies parenthèses où vous prenz votre temps ?

27/02/2013

Visite locavore au Salon de l'Agriculture 2013

Lundi, je m'étais réservé du temps pour faire une visite au Salon de l'Agriculture. Je la voulais différente de la précédente et j'ai eu l'idée de l'orienter locavorisme, la tendace au manger local gagnant du terrain (j'avais écrit un billet à ce sujet quand c'était encore peu évoqué). Peut-on être locavore en Ile de France ? Peut-on manger de tout, avoir une alimentation variée et plaisante en mangeant des aliments produits au plus près ?

Partie sur cette piste, j'ai, à quelques exceptions près, essentiellement axé ma visite sur les produits d'Ile-de-France. Ce n'est pas trop compliqué car la plupart sont regroupés. Si le goût et le type de produits m'ont orientée, c'est surtout la qualité des rencontres, l'accueil, la passion des personnes qui m'ont fait apprécier, et souvent acheter, tel ou tel produit. Du coup, je n'ai pas été du tout exhaustive, heureusement, mais je suis quand même revenue bien chargée.

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Au global, il y a maintenant un label "Saveurs Paris-Ile-de-France" pour des produits qui répondent à un cahier des charges précis du CERVIA (le Centre régional de valorisation et d'innovation agricole et alimentaire). Le stand de la région permet de les découvrir et d'avoir des informations sur les ressources de la région, ... Et j'ai aussi déjeuné local car le stand a concocté une formule raisonnable (7 euros) et savoureuse : sandwich avec pain des boulangers d'Ile-de-France frais et croustillant et jambon de Paris, jus de pomme, yaourt à boire de la Ferme de Viltain.

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Je n'ai pas conclu le déjeuner par n'importe quel café médiocre mais je suis allée à la Brûlerie Caron, torréfacteur installé en Ile-de-France depuis 40 ans, qui torréfie artisanalement son propre mélange avec un vieux torréfacteur. Le café Caron, c'est un assemblage de quatre grands crus (Brésil, Guatemala, Nicaragua, Ethiopie). Le jeune homme qui prend la relève s'inscrit dans le renouveau qualitatif du café et participe à des championnats de barista. Je ne suis pas repartie avec un paquet de café mais j'ai été tentée par une plaque de chocolat au café, qui s'est avéré très parfumé.

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Je me suis donc promenée de stand en stand. Un moment, j'ai cru que manger local voulait dire manger manger sucré ! Car j'ai d'abord découvert "Les deux gourmands", sympathiques et passionnés créateurs de biscuits très locaux. Certes ce n'est vraiment pas donné (un produit pour bobos ?) mais c'est le prix d'un travail artisanal, avec la parfaite traçabilité d'ingrédients locaux de qualité. J'ai été agréablement surprise par le subtil parfum des biscuits au coquelicot, les sablés à la pomme ou au miel sont très bons aussi, peut-être un peu trop "beurrés" pour mon goût personnel. La société est toute récente mais le monde fermier leur est familier (car familial pour l'un des deux).

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J'ai aussi découvert les moelleux macarons de Réau, nettement plus anciens (une existence d'une quarantaine d'années). Habituellement, je ne suis guère attirée par les stands pâtissiers dans ce genre de salons mais j'ai goûté sans a priori et j'ai été séduite par ceux à la noisette, riches de ce parfum que j'adore. Ils sont issus d'une recette toute simple et traditionnelle, perpétuée en famille. Comme me l'a expliquée la très charmante détentrice de la dite recette, c'est facile : sucre-blanc d'oeuf-noisette, poids pour poids (3 fois 1/3). Euh, il y a peut-être un peu de savoir-faire aussi ?!

A proximité, un sympathique jeune homme m'a fait goûter un caramel tout onctueux et fondant. Leur nom, les Nicettes, m'était familier car je les avais aperçus au Lafayette Gourmet mais en les pensant peut-être niçois ?! Ce sont des caramels artisanaux composés de sucre, de crème (une en particulier qui est la seule à donner le bon résultat, en la laissant "vieillir" un peu) et d'une pincée de sel. Lui-même, représentant la 4eme génération de caramélier, vient de reprendre l'activité et compte la développer dans le respect d'une tradition de qualité. Beau projet ! 

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Bon, passons au salé. Pour de prochaines recettes, j'ai acquis un paquet de lentilles de la Brie (eh oui, il n'y a pas que celles du Puy !). J'ai été ravie d'acheter du cresson fraichement cueilli mais combien de temps cela sera-t-il possible ? Le couple producteur de cette mono-culture m'a raconté la dureté du travail (illustrée par une plaisanterie du monsieur : "on est les seuls agriculteurs qui iront au paradis car on travaille à genoux !") et le manque d'envie de leurs enfants à leur succéder.

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J'ai aussi goûté et acheté du Brie de Melun fermier, très différent et beaucoup plus compliqué et long à fabriquer que celui de Meaux, plus répandu. Et (dans un autre pavillon) des yaourts de la Ferme de Viltain, nature tout simples, même si je sais leurs yaourts à boire délicieux, surtout celui à la vanille.

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Côté boissons, il existe plusieurs bières locales mais n'aimant pas cette boisson, je suis restée au jus de pommes. C'était sur le stand des producteurs bio d'Ile-de-France et du coup, j'y ai aussi acheté du pain (semi-complet) dont toute la chaine de production est locale, et un petit pot de miel. Un peu plus loin, j'ai découvert les infusions de l'herbier de Milly dont la célèbre (parait-il) menthe poivrée de Milly-la-Forêt. J'ai surtout découvert une femme adorable et passionnée, dernière représentante d'une herboristerie localement alors qu'il y en avait 150 en 1950...

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Et, outre les produits, je suis repartie avec plein d'invitations à venir découvrir la production des biscuits gourmands, les animations macaronesques, la fête de la menthe poivrée, les cueillettes de fruits, ...

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Bilan locavore : l'Ile-de-France est clairement une région riche en production agricole et en ressources alimentaires. Je n'ai pour ma part pas l'intention de devenir locavore de façon stricte mais au global mieux vaut sans doute être un peu flexitarien: côté fruits, légumes, féculents, oeufs, laitages, on a tout ce qu'il faut. Mais bien sûr, pas de poisson et outre le jambon de Paris, côté viande, il faut visiblement se contenter d'un peu d'agneau élevé localement, d'après les cartes des ressources de la région.

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PS1 : côté Saveurs Paris-Ile de France, il y a aussi désormais un label pour les restaurants utilisant des produits locaux, la liste des premiers est disponible sur le site déjà mentionné.

PS2 : puisqu'on parle de production locale, une campagne vers le grand public a récemment été lancée pour sauver Paris Lait, dernière laiterie de la région, étranglée par des formalités administratives. Plus d'infos ici

26/02/2013

Mais non, la convivialité ne fait pas forcément grossir !

Le hasard, et un peu plus de disponibilité que d'habitude, ont fait que j'ai eu il y a quelques jours une semaine très conviviale. Souvent ce sont ces occasions qui font peur à mes patientes et à des personnes qui sont vraiment dans une relation perturbée à l'alimentation. Car elles craignent de craquer en excès devant les tentations, de manger beaucoup plus que les autres jours, de prendre du poids, ... Et certaines en viennent même à refuser des sorties amicales par peur de grossir. Ou d'autres me racontent avec découragement les kilos pris chaque week-end à l'occasion de sorties.

Comme cela m'arrive souvent, j'ai voulu faire une expérience (garantie sans trucage !). Voilà comment s'est déroulée ma semaine côté convivialité.

Samedi
On dîne chez des amis italiens avant un concert : ils ont prévu un délicieux repas  : quelques morceaux de parmesan à l'apéritif ; plusieurs entrées : délicieux jambon de Parme, mozzarella di bufala et artichauts à l'huile ; gnocchi di patate avec une sauce "ragu" maison, des fruits et des macarons.

Dimanche
Je suis invitée à prendre le café chez un ami, je m'attends à peut-être quelques biscuits et il y a en fait une copieuse "Forêt Noire" et du champagne.

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Mardi
Je prends le thé avec une amie chez Colorova, joli salon de thé-pâtisserie, je prends un petit moelleux au chocolat pour accompagner mon thé (les autres gâteaux sont un peu trop sophistiqués à mon goût).

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Le soir, j'assiste à une conférence professionnelle et il y a un buffet de choses à grignoter qui fait office de dîner : cake salé, tomates cerise, tarte aux pommes, chouquettes, mini-éclairs, ... : je mange salé et sucré selon mon envie.

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Mercredi
Je prends un thé avec la très passionnée Camille à L'Essence de Thé-Cannon et la discussion est très nourrissante, je ne mange rien !

Jeudi
Je revois avec plaisir la coach Sylvaine Pascual et nous prenons longuement un café à un horaire hors repas.

Vendredi
Je déjeune indien au Saravana Bhavan avec la très gourmande Claire et je prends un (copieux) plateau assorti du Nord de l'Inde.

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On a invité un ami à dîner : mini-toasts gorgonzola ou pâte de cèpes, succulent "tataki" de St Jacques au yuzu et à la trévise, onctueux risotto aux gambas-fenouil-safran (Monsieur en cuisine), panettone, vin blanc.

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Le reste du temps, circonstances normales, j'ai mangé des pâtes, une tarte salée, un déjeuner japonais, un bento, un curry de légumes, un sandwich, etc.

Bilan de la semaine : combien de kilos pris ?!

Rien !!! Enfin, 100-200 grammes qui vont et viennent.

Pourquoi ?

- parce qu'on peut avoir des occasions conviviales sans forcément manger, le plus important, c'est la rencontre.

- parce que je sais écouter ma faim et m'arrêter,

- parce que si j'ai trop mangé, j'atttends d'avoir à nouveau faim,

- parce qu'aller au restaurant ne signifie pas forcément trop manger,

- parce que je sais dire non poliment si on me propose de me resservir ou de prendr du fromage. alors que je n'ai plus faim.

Donc cela n'a été que du plaisir !

Et vous, vous savez faire rimer convivialité et sérénité alimentaire ?

22/02/2013

Gluten ou sans gluten, rien n'est simple !

Bon, vous avez lu (ou pas) les épisodes précédents. Vous avez un avis (ou pas) sur la question du gluten. Vous vous demandez peut-être pourquoi certains en font tout un plat ou au contraire vous trouvez que l'on ne prend pas ce sujet assez au sérieux. Je ne vais sans doute pas répondre à toutes vos questions sur ce vaste thème, je souhaite juste vous faire prendre conscience que le sujet est vraiment complexe et peut-être vous amener à réfléchir un peu sur votre relation à certains aliments.

D'abord, voilà un petit schéma pour résumer la situation et vous montrer :
- que les choses ne sont pas tout blanc ou tout noir mais qu'il y a quelques nuances de gris... comme le disait aussi Florence mercredi,
- que cette situation est due à de multiples facteurs.

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Le gluten c'est quoi ?
C'est une protéine contenue dans le blé, le seigle, l'orge, l'avoine. Récemment, on a dit que l'avoine était toléré par les personnes intolérantes au gluten. On peut se demander si c'est encore un coup du Dr D. pour vendre son son d'avoine ! (je suis mauvaise langue, en fait, ce n'est pas le même type de protéine !).

A l'une des extrémités du schéma, il y a l'intolérance au gluten ou maladie coeliaque : le fait de manger des aliments contenant du gluten attaque les villosités de la paroi de l'intestin et cela crée douleurs, fatigue, perte de poids, ... Cela arrive souvent dès l'enfance mais aussi potentiellement vers 40 ou 50 ans. Si on a des présomptions d'avoir cette intolérance, il faut vraiment faire des examens sanguins pour le vérifier plutôt que de décider seul(e) d'arrêter le gluten.

Lors d'une excellente émission "Service Public" sur France Inter il y a quelques mois, le professeur Yorham Bouhnik, chef du service de gastro-entérologie à l'hopital Beaujon disait qu'on constate maintenant qu'il y a différents degrés de maladie coeliaque, avec différents symptômes, mais qu'en l'absence de diagnostic avéré, "arrêter le gluten est abusif". Il a vraiment insisté sur la nécessité de dépister d'abord si on pense détecter des symptômes et surtout de ne pas arrêter le gluten de soi-même car ensuite le diagnostic ne sera plus possible, ou vraiment compliqué. Et on risque alors peut-être de se priver à vie du gluten sans bonne raison...

Si vous avez cette intolérance avérée, cela vous prive de certains aliments de base et cela vous oblige à cuisiner le plus souvent (ce qui n'est pas forcement à regretter...) car beaucoup de produits industriels peuvent contenir du gluten. Mais vous avez à votre disposition le riz et la farine de riz, le maïs (et donc la maizena et la polenta), la pomme de terre, le sarrasin (non panifiable mais qui fait de délicieuses crêpes), la farine de pois chiches, ... Et grâce à internet, on peut maintenant avoir accès à une multitude d'idées de recettes et de conseils pratiques.

Une des choses les plus compliquées est aussi de sortir au restaurant. On commence à trouver des infos, des lieux spécialisés. Il y a aussi le très utile site et les actions de l'AFDIAG, l'Association Française des Intolérants au Gluten.

A l'autre extrémité, il y a des personnes, comme moi, qui n'ont pas d'inconfort lié au gluten ou à d'autres aliments et qui mangent de tout. Elles sont libres de supprimer des catégories d'aliments mais elles ont intérêt à y réfléchir, à se demander  pourquoi elles le font, à rééquIlibrer avec autre chose si elles éliminent une catégorie entière, ....

Mais je vous disais que la situation n'est pas binaire et, entre ces deux extrêmes, il y a toutes sortes de perceptions qui font que beaucoup de personnes, visiblement de plus en plus, ressentent des inconforts permanents ou occasionnels, intenses ou légers. Les causes sont multiples et complexes :

L'évolution du gluten des aliments

Comme le disait Roland Feuillas dans le billet d'hier, le gluten, par exemple dans les farines qui servent à faire le pain, a largement évolué, est de plus en plus raffiné, est de plus en plus présent. Puis le pain n'est pas forcément le même qu'il y a 50 ans. Cela, il n'est pas certain que notre organisme soit prêt à le supporter... Et le fait qu'on ait une alimentation de plus industrialisée avec souvent la présence de gluten crée peut-être une sorte de saturation...?

Les autres sources d'inconfort

De très nombreuses personnes souffrent d'inconfort intestinal, de mal au ventre, de ballonnements, de digestion difficile. Jusqu'à il y a peu de temps, leur médecin, voire le gastro-entérologue n'y voyait aucune raison physiologique et on a qualifié ces symptômes de "syndrome de l'intestin irritable", de "colopathie fonctionnelle", ... Certains attribuaient cela au seul stress, laissant parfois les patients désemparés, agacés, perplexes. Des recherches, notamment australiennes, ont montré qu'il y a bien certains composants de notre alimentation que nous avons, pour certains d'entre nous, du mal à digérer. Le gluten en fait partie. Mais ne mettons pas tout sur son dos ! Il y a des tas d'autres composants, et on les regroupe sous l'acronyme "FODMAPS" dont je vous reparlerai plus en détail.

FODMAP, ce terme mystérieux, cela signifie de façon barbare, retenez votre souffle : "Fermentable Oligo-Di-Monosaccharides and Polyols" en anglais ou alors "Fermentescibles Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides & Polyols. Cela recouvre toutes sortes de molécules présentes dans de nombreux aliments, notamment par exemple (de façon non exhaustive) :

- le fructose de certains fruits (pomme, poire, ...) et présent dans de nombreuses boissons et produits transformés,

- les fructanes présents dans les oignons, l'ail (en quantité), certains légumes,

- les polyols qu'on trouve dans de nombreux produits "sans sucre": chewin gum, bonbons, ...

Chez certaines personnes, certaines de ces molécules sont mal digérées et fermentent dans le système digestif créant un inconfort plus ou moins intense. Parmi tous ces produits, ceux que l'on tolère plus ou moins sont très variables selon chaque personne. Il n'est donc pas question d'éliminer "sauvagement" tel ou tel aliment mais de mener éventuellement une observation attentive puis éventuellement de faire l'expérience d'une période où l'on arrête un aliment suspecté.

Le système intestinal et le microbiote

Notre organisme aussi joue un rôle bien sûr. Notre système digestif, qu'on appelle maintenant le "deuxième cerveau" est d'une immense complexité, encore partiellement méconnue. Et il englobe ce qu'on appelle le microbiote, qu'on nommait avant la "flore intestinale". Un monde microscopique, très peuplé (des milliards de bactéries), pas encore très bien connu non plus et propre à chacun. La tolérance plus ou moins grande de notre système digestif aux aliments, elle peut être due à de multiples facteurs, qui vont de la façon dont la mère a accouché (la césarienne joue un rôle) à la prise d'antibiotiques en passant par l'alimentation, ...

Si vous voulez explorer un peu ce monde mystérieux, vous pouvez notamment écouter La Tête au Carré justement sur France Inter cette semaine.gluten_interaction2.jpg

L'interaction entre l'alimentation et le système digestif de chacun est complexe et unique !

 

Les habitudes alimentaires

Parfois, par facilité, on va incriminer tel ou tel composant car cela parait simple de l'éviter. Mais quelquefois il serait plus utile et adapté de prendre du recul sur ses habitudes alimentaires. Est-ce qu'on a une alimentation très riche qu'on digère mal, est-ce qu'on manque de fibres facilitant le transit, est-ce qu'on mange à toute vitesse sans beaucoup mâcher rendant la digestion pénible, est-ce qu'on mange en quantité exagérée et qu'on sort de table en se sentant plus que rassasié... ? N'est-ce pas tout cela qu'il faudrait regarder de plus près ?Fotolia_©viperagp.jpgJe me suis ainsi amusée (si on peut dire) de ce dialogue entendu entre deux jeunes femmes au Café Pinson :
L'une : "j'ai arrêté le gluten parce que quand je mangeais beaucoup de pain, j'avais mal au ventre !"
Réponse de l'autre : "mais si tu manges beaucoup de pain sans gluten, tu auras probablement mal
au ventre aussi !"

Il m'est ainsi arrivé de recevoir des personnes qui se plaignaient d'avoir mal au ventre après avoir avalé une baguette de pain entière à toute vitesse... En réapprenant à manger doucement et en quantité adaptée, le mal de ventre a disparu...

La psychologie

Il y a des personnes qui décident du jour au lendemain de se priver des aliments sources de gluten et qui tout à coup se sentent tellement mieux... Est-ce que ce ne serait pas leur tête plutôt que leur corps qui leur dirait cela ? Alors qu'elles ont mangé du pain, des pâtes, des biscuits pendant des années sans aucun inconfort. Que sont leurs motivations ? Comme le dit Florence, c'est  parfois reprendre une forme de maîtrise. Comme l'a évoqué Gérard Apfeldorfer dans un très intéressant article de Psychologies, la distance de plus en plus grande avec les composants de notre alimentation, la méconnaissance des modes de fabrication, les inquiétudes générées par ce côté abstrait (cf la récente "crise des lasagnes") génèrent des peurs et nourrissent cette envie de maîtrise. 

Pour certaines autres personnes, c'est probablement l'attirance pour une mode qui va passer plus ou moins vite, être remplacée par une autre. Mais elles peuvent parfois être influencées par les tendances venues des Etats-Unis et propagées par quelques vedettes. Mais aux Etats-Unis, se sent-on mieux parce qu'on a arrêté le gluten ou parce qu'on a arrêté la junkfood ?

Alors bien sûr cette tendance participe à une meilleurs prise en compte de la maladie, notamment par les industriels qui ont vite flairé une tendance potentiellement rémunératrice. Mais a-t-on vraiment envie d'être la "victime" crédule de leurs argumentaires commerciaux ?

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Cela peut bien sûr faciliter la vie des intolérants. Mais ce qui m'agace, c'est que cela semble banaliser la vraie souffrance des personnes qui ont une intolérance au gluten (ou maladie coeliaque) diagnostiquée et qui rêvent peut-être, elles, de pouvoir manger autrement. Quand la part de mode sera passée, ces personnes vont continuer à souffrir, pensera-t-on moins à elles alors ?

En fait, si vous devez retenir une chose, c'est vraiment que chaque personne est unique et devrait, plutôt que prendre des décisions basées sur des discours généraux, surtout apprendre à s'écouter et bien se connaître, et faire appel à des professionnels compétents et des examens adaptés si besoin.

 
Visuels © jas et © ivolodina - Fotolia.com (le schéma du haut est de moi)

21/02/2013

Parlons du gluten : la parole à Roland Feuillas

Deuxième interlocuteur que j'ai souhaité interroger : Roland Feuillas. Cet homme passionné a complètement changé de vie pour devenir paysan, meunier et boulanger à Cucugnan. J'ai déjà eu la chance de goûter son pain en attendant de découvrir plus globalement son travail.

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1. Pourquoi selon vous un tel engouement pour le "sans gluten" aujourd'hui ?

"Je pense qu'il y a deux raisons pour cet engouement :  une première, factuelle, ne mérite pas le vocable engouement au sens "enthousiasme soudain et passager pour quelque chose" car elle est basée sur de réels et très préoccupants soucis, en forte évolution, avec le gluten. Une deuxième, oui c'est exact, est davantage liée à des aspects "psychologiques".
 
Sur le premier aspect, on peut être légitimement inquiet des différentes données provenant de sources médicales démontrant qu'il y a bien un problème relativement nouveau et en forte augmentation lié à l'ingestion du gluten. Toutefois, nous sommes plusieurs à remarquer que le retour à des blés de variétés anciennes offre bien souvent la possibilité aux personnes concernées de remanger des produits céréaliers contenant du gluten.  Des études plus poussées et de véritables essais cliniques seraient nécessaires pour comprendre mieux les évolutions des structures du gluten lors du siècle passé mais aussi la notion de "marqueur" des dits gluten que nos organismes ont tendance à avoir des difficultés à décrypter.
 
Nous avons mené des expériences sérieuses avec la variété la plus ancienne exploitée par l'homme, l'Engrain (appelé à tort "Petit Epeautre" car ce n'est pas un épeautre). Il est clair que bon nombre de personnes en grand trouble avec les glutens de blés modernes arrivent très bien à digérer le peu de gluten (5 à 6%) généré par la pétrie de cette céréale. Il semble que les glutens obtenus soient de nature très différente de celle des froments modernes (notamment par le taux de protéines). On peut aussi citer le Kamut et d'autres blés générant des glutens vraisemblablement moins allergènes. Des professeurs, notamment le Pr. Henri Joyeux, travaille sur ce sujet et nous espérons en avoir des enseignements". 
 
 
3. Comment souhaiteriez-vous que la situation évolue concernant le gluten et plus largement le pain ?
 
"Seule une prise de conscience massive de la population pourrait, par les comportements d'achats et les modes de consommation du Pain, conduire à un rééquilibrage des principes régissant la filière blé-farine-pain. Seule cette évolution pourrait infléchir les tendances et faire alors prendre conscience aux acteurs de la filière qu'il faut faire marche arrière sur les dérives productivistes pour préserver un réel avenir au Pain, base de notre pyramide alimentaire, base de notre culture, base de notre spiritualité.
 
- Aux champs, l'optimisation de la production par rapport à la surface cultivée, principe même de l'agriculture intensive, doit être revue avec un retour à des semences sélectionnées selon des critères au profit du consommateur avant toute autre forme de considération.
- Au Moulin, la farine doit être poussée vers des critères de type nutrition & santé avant de chercher un esthétisme, une légèreté, une blancheur du Pain.
- C'est surtout au fournil que les choses doivent évoluer : réapprendre à travailler des farines moins "musclées", revoir la mécanisation petit à petit pour revenir autant que possible à des principes différents de production, adaptés à des pâtes moins tolérantes. La formation du corps professionnel des boulangers serait à développer à ce sens.
Les Boulangers les premiers devraient exiger d'autres types de farines du meunier, sans glutens rajoutés avec des taux de protéines plus faibles. Ce sera ensuite à eux d'exercer tout leur art pour sortir du beau pain avec des farines douces.
 
Seul un public de plus en plus averti (est-ce un espoir béat ?) pourrait faire évoluer les choses.
Mais pouvons-nous imaginer un seul instant une population privée de son histoire, de la source nourricière de tous ses ancêtres, des fondements mêmes des mots compagnons, copains, bref du partage ?"
 
Merci beaucoup Roland pour cette esquisse de chemin à suivre, qui sera sûrement long...
 
 

20/02/2013

Parlons du gluten : la parole à Flo "Makanai"

Sur ce sujet complexe et controversé du gluten dont je vous parle cette semaine, j'ai décidé de donner la parole à deux personnes concernées de très près.

D'abord Flo "Makanai". Florence tient depuis plusieurs années (elle a récemment fait une pause puis repris un peu différemment) un blog très riche, plein d'informations, de conseils et de recettes à l'intention des personnes ayant une intolérance alimentaire, car elle-même a dû affronter cette situation au sein de sa famille. Elle a acquis des connaissances pointues sur le sujet, qu'elle a aussi partagé dans un livre vraiment très bien fait sur le sujet.

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Je lui ai posé trois questions autour de la problématique du gluten.
 
1. Pourquoi y a-t-il selon toi un tel engouement pour le "sans gluten" aujourd'hui ?
 
Je pense qu'il y a plusieurs raisons, parce qu'il y a plusieurs profils de consommateurs de "sans gluten". Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne et il est donc important de ne surtout pas vouloir stéréotyper le mangeur "sans", le mangeur "autrement" de façon générale, ce serait un mépris dangereux.
 
Il y a d'abord des raisons subjectives :
- manger "sans gluten" est un moyen comme un autre pour beaucoup, de se (re)focaliser sur leur propre personne. La vie va si vite et est si complexe que nous allons plutôt mal (stress, déprime, fatigue et maladies physiques...). Nous avons l'impression de n'avoir que peu de contrôle sur tout cela. Nous avons envie de reprendre les rênes de nos vies, d'en redevenir acteurs... Quelle meilleure façon de se remettre au centre de ses propres préoccupations, de son monde, que de surveiller attentivement ce que l'on va manger, se faire à manger ? Je crois vraiment qu'en ce sens, le "sans gluten" est un régime parmi des dizaines d'autres, particulièrement attractif pour ceux qui ont besoin de vérifier que seul ce qu'ils veulent rentre dans leur corps.
- manger "sans gluten" permet de se singulariser. Et nous sommes nombreux à aspirer à cette singularité, à avoir besoin de nous sentir hors du lot, différent, dans un monde qui tend à tout uniformiser, à vouloir nous imposer un modèle unique de "vie comme il faut", une pensée unique. Dans la même veine, manger "sans gluten" peut donner l'impression d'appartenir à une minorité "qui sait" ce qui est bon, générer un sentiment de supériorité qui peut faire du bien si l'on a peu de confiance en soi.
- le "sans gluten" est très médiatisé : certaines personnes optent certainement pour cette alimentation juste parce que c'est tendance... Exactement comme elles achèteront des chaussures hideuses qui leur font mal aux pieds juste parce que X ou Y, star de la mode, les possède. Ces personnes-là laissent les autres penser à leur place, rien d'autre (on peut les espérer ultra minoritaires, mais elles existent, c'est évident).
 
Mais surtout, il y a des raisons objectives :
- il est indiscutable que le gluten (en particulier celui du blé, mais celui du seigle aussi) a envahi notre alimentation et met en péril notre équilibre alimentaire. Si l'on regarde par exemple les préconisations de l'Université de Harvard concernant une assiette saine, notre consommation quotidienne devrait être composée de fruits et légumes à 50%, protéines saines à 25 % et céréales ou assimilés complets à 25 %. Bon, cette assiette n'est pas idéale (où sont les graisses, par exemple, indispensables ?) mais elle est tout de même très sensée. Or, même chez moi, qui consomme énormément de fruits et de légumes mais (sans doute trop) peu de protéines, la part des céréales et assimilés a tendance à couvrir 50 % de mon alimentation. Alors chez tous ceux qui ne consomment quasi pas d'autre légume que la sauce tomate sur leur pizza ou la feuille de salade du sandwich, pas d'autre fruit que la compote de pommes de leur beignet ou les fruits séchés dans leur céréales du petit déjeuner... C'est plus simple de passer au "sans gluten", pour certains, à l'écoute des discours qui mettent ce dernier en cause dans plusieurs maladies, plutôt que de manger bien plus de légumes et de fruits.
- il me semble indiscutable aussi que le gluten que nous consommons aujourd'hui n'est pas celui de nos ancêtres, et qu'il pourrait bien ne pas convenir plus que cela à nos santés.
- ce qui m'amène à un dernier point : les gens qui cessent de consommer du gluten se sentent généralement bien mieux dans leur peau, sont moins malades, ont plus d'énergie, meilleur moral etc. Ce n'est quand même pas à négliger !Photo Flo Makanai 1 MO.jpg

2. Quels sont les avantages et les inconvénients de cet engouement pour les personnes atteintes de la maladie coeliaque ?
Je crois fermement qu'il existe un niveau intermédiaire entre le non intolérant au gluten et le malade céliaque : la personne (hyper)sensible au gluten. De très nombreux travaux sont entrepris dans le monde scientifique sur cette question de la sensibilité au gluten, des experts affirment que cette sensibilité existe. Mais en France, elle est niée. L'humain n'est pas malade ou pas malade, céliaque ou pas céliaque, il existent des foules d'états intermédiaires de mal-être plus ou moins prononcé... Doit-on les ignorer purement et simplement ? Pourquoi ?

Les avantages : un meilleur étiquetage alimentaire, une offre bien plus importante de produits "sans", une meilleure considération de leur maladie, des moyens mis en place pour aider leur participation à la vie en collectivité (admission dans des cantines avec menus "sans", par exemple)...

Les inconvénients : Le premier inconvénient auquel je pense n'est pas dû à l'engouement en tant que tel mais aux réactions de tous ceux qui se permettent de décréter que le "sans gluten" n'est qu'une mode sans fondement, juste parce que le gluten ne leur fait aucun effet. Ces réactions nourrissent le mépris envers les intolérants au gluten, et plus généralement envers ceux qui mangent "autrement". C'est très dommage. Le deuxième inconvénient est que ceux qui crient haut et fort être intolérants au gluten mais qui mangent toutefois et en public des aliments qui en contiennent quand cela leur chante, alimentent l'idée que tout cela n'est que balivernes...

3. Comment souhaiterais-tu que la situation évolue concernant le gluten ?
 Je voudrais que la France envoie un ou plusieurs experts indépendants dans les réunions internationales qui réfléchissent sur les maladies liées au gluten.
Que la France finance des labos de recherche pour que, en toute transparence, sans pression de tel ou tel lobby, la qualité du gluten que nous ingérons massivement chaque jour soit analysée.
Que le PNNS abandonne des idées comme 5 fruits et légumes mais adopte une image d'assiette équilibrée comme la Healthy Plate que j'ai citée plus haut, pour que chacun limite la quantité de céréales, donc de gluten mais pas que, que nous ingérons chaque jour...
Et que l'offre du "sans gluten" en supermarché devienne une offre de qualité, parce qu'aujourd'hui c'est une catastrophe : amidon, amidon et encore amidon, gomme de ceci, mauvaises huiles, mauvais sucres, et j'en passe... Le "sans gluten" est aujourd'hui principalement de la malbouffe ! Sauf bien sûr pour celui qui mange surtout des fruits, des légumes et des protéines, et limite son apport en céréales et assimilées à 1/4 de son assiette max, on en revient encore et encore là...
 
Merci beaucoup Florence pour ta franchise, ta clarté et ton envie de faire bouger les choses !

19/02/2013

J'ai testé pour vous... la vie sans gluten !

Cela fait pas mal de temps que j'ai l'intention de vous parler du gluten. Car le thème est très souvent sur le tapis, donne lieu à débats et les voix anti-gluten sont de plus en plus nombreuses. Encore davantage ces dernières semaines. D'où des interrogations, une certaine confusion Je vais y revenir.

Mais d'abord, comme je l'avais fait pour le lait, j'ai eu envie de me livrer à une petite expérience personnelle. Je viendrai donc à des réflexions plus générales ensuite, c'est pourquoi je vous demanderai si possible de réserver vos commentaires et questions plutôt aux prochains jours où je donnerai notamment la parole à des personne particulièrement concernées. Vous y trouverez peut-être des réponses à vos préoccupations.

Je disais donc que j'ai voulu me mettre dans la peau d'une personne qui arrête le gluten. Je n'en attendais pas de bienfait physique car je n'avais conscience d'aucun inconfort lié à ma consommation, assez importante, de gluten (pain, pâtes, céréales). Ce qui m'intéressait surtout c'était de voir l'impact psychologique d'une telle décision, quelles contraintes, difficultés on rencontre, comment en parler, comment gérer les sorties....

Le gluten est bien présent dans mon alimentation, tous les jours, presque à chaque repas : des céréales diverses le matin, du pain très régulièrement, des pâtes souvent et aussi pizza, biscuits, pâtisseries. Il fallait donc trouver quelques aliments de substitution. Je n'étais en revanche pas trop inquiète quant au besoin de pister le gluten et ses traces dans les produits car je suis assez peu consommatrice de produits industriels.  L'expérience a duré une huitaine de jours (en fait 10 jours mais avec une interruption car je n'ai pas pu résister à l'appel de Miss Suzette !), durée très courte, car cela aurait été difficile d'obtenir l'assentiment de Monsieur pour une longue période (j'ai d'ailleurs profité en partie d'une courte absence de sa part).

J'avais décidé de ne rien changer à mes habitudes de vie : des déjeuners mi-préparés maison mi- extérieurs, quelques sollicitations externes, ... Alors, voilà comment cela s'est passé :

J0 : constitution de provisions particulières au magasin bio :
- du "pain des fleurs" : la plupart des personnes arrêtant leur consommation de gluten connaissent ces petites "biscottes" à base de farine de sarrasin. Objectif : remplacer le pain en cas de besoin.
- du tamarin pour remplacer la sauce soja qui, même venue directement du Japon, contient blé et orge, pour cuisiner japonais éventuellement.
- du muesli sans gluten. Je prévois des petits déjeuners à base de smoothie certains jours mais ce muesli pourra remplacer d'autres mélanges de céréales pour les petits déjeuners de semaine.
C'est tout. Pour le reste, il y a viande, poisson, oeufs, riz, lentilles, légumes, fruits, laitages disponibles : de nombreux aliments sans gluten qui font partie de mon alimentation.

Au petit déjeuner, j'ai alterné smoothie, pain des fleurs et confiture, muesli et fruits. Ce muesli n'est pas mauvais (et garanti sans traces, c'était le seul, j'ai soigneusement lu toutes les étiquettes).

J1 :
Déjeuner : repas à l'extérieur dans un restaurant asiatique : des raviolis chinois (farine de riz) et des crudités, pas de certitude absolue sur l'absence de gluten, j'ai oublié de poser la question.
Soir : Monsieur cuisine : riz japonais avec oeuf-saumon- légumes, sans sauce ajoutée.

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J2 :
Déjeuner et déjeuner à la maison : riz, poisson, légumes.

J3 : cette journée apparait plus compliquée...
Déjeuner : je suis en colloque au Cnit à la Défense. Je me suis posée la question d'apporter mon repas mais ce n'était pas pratique et en général c'est le genre d'occasions où je rencontre des collègues notamment au déjeuner. Je n'ai pas envie de rater cette occasion de convivialité, en espérant éventuellement faire steak-pommes de terre à l'Hippo... En fait, le hasard de la conversation a fait que j'ai dû "avouer" mes pratiques à mes collègues. Elles ont été très compréhensives et prêtes à s'adapter, en évitant par exemple la pizzeria ! Finalement, c'est surtout les places disponibles qui nous orientent et on se retrouve chez Cojean. Soulagement de la "no gluten girl" ! Non seulement il y a des choix variés mais j'avais observé qu'il y a désormais des plats clairement étiquetés sans gluten (épi de blé barré), tendance oblige ! Je prends donc une salade de lentilles à la grenade et un riz au lait au caramel ainsi qu'un smoothie. C'est bon et il n'y a pas de sentiment d'exclusion.

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En fin de journée, je suis invitée à une animation crêpes pour la Chandeleur : peu probable qu'il y ait des crêpes sans gluten. Vais-je refuser de manger ou passer outre l'interdit ? Je décide d'y aller, je verrai bien. Eh bien, j'avais mal compris, on est peu nombreux et je peux difficilement faire l'impasse (voir plus haut) ! A minima, avec juste une tranche de pain perdu et deux petites crêpes, mais difficile de faire autrement à partir du moment où j'avais décidé d'y aller. J'aurais dû m'abstenir...

J4 (samedi) :
Déjeuner extérieur, je décide de tenter NoGlu, nouveau lieu très couru. Mais il n'y a déjà plus de place, je fais quelques achats (dont du granola pour varier les petits déjeuners) et je me replie au Café Pinson, autre nouveau spot très mode. C'est plein d'une clientèle branchée dont une bonne partie n'a pas l'air obligée de manger sans gluten. D'ailleurs il y a du pain normal, ce qui m'étonne un peu (ce n'est en fait pas un lieu totalement sans gluten). Le lieu propose aussi beaucoup de plats "vegan". Je mange un bouillon au miso et légumes, une tartelette aux champignons et une sorte de cheesecake au tofu et aux noix de cajou. C'est plutôt bon mais je préfère quand même une vraie pâte à tarte par exemple. En fait, le meilleur est pour la fin : un café "noisette" au lait d'amande, très plaisant, une idée à retenir. L'accueil est sympathique, le lieu cosy mais pas de quoi s'emballer, sauf si on est obligé (e). Et je trouve assez paradoxal de voir ma voisine déjeuner les yeux rivés sur son téléphone : à quoi bon manger ce qu'on pense être sain pour se faire du bien si on ne fait pas aussi une vraie pause ?!

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Dîner à la maison : poisson et épinards.

J5 (dimanche)
Je suis seule et je me suis concoctée un appétissant brunch sans gluten : le "défi" m'a amusée et je ne me suis pas sentie privée d'une bonne tartine : il y avait un scone acheté chez No Glu, du saumon fumé, un oeuf, un yaourt avec du granola, une salade de fruits, un jus de pamplemousse. Et une part d'un gâteau que j'ai improvisé sur le moment : un gâteau au yaourt avec un mélange de farine de châtaigne et de maizena avec du bicarbonate à la place de la levure (car celle-ci contient du blé), à la texture très agréable. En fait, c'était trop copieux, je n'ai pas tout mangé !

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Dîner : une soupe de légumes

J6
Déjeuner : un bento avec salade de quinoa-potimarron-chèvre-noisette, une délicieuse recette  de Pascale Weeks. Je dois avouer que j'ai vérifié ensuite en magasin l'étiquette du quinoa et elle mentionne la possibilité de traces de gluten.

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Le soir, j'ai une réunion de l'association GROS. En général, il y a du pain, du fromage, des cakes salés ou sucrés. Je n'ai pas vraiment le temps de manger un en-cas avant, je verrai. Finalement j'ai un peu faim mais il n'y a pas de fromage, seulement un gâteau au chocolat, auquel je résiste, je mange deux petits chocolats. Il y a un peu de frustration car le gâteau paraissait très bon et surtout j'ai très faim en rentrant fort tard, bien trop tard pour cuisiner. Du coup je mange une banane et quelques "crackers" Pain des fleurs.

J7
Je dois faire un déjeuner très rapide avant de partir animer un atelier : ce sera sardines et riz + un fruit.
Au dîner, je mange de la soupe, faite avec le reste du potimarron.

J8
Je déjeuner tardivement avec un reste de soupe, du saumon et du quinoa.
Au dîner, Monsieur, compréhensif, a fait un repas sans gluten et délicieux : de la polenta à la ricotta et aux épinards, avec une salade.

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J9
J'ai le temps de déjeuner à l'extérieur et j'ai repéré le Biosphere Café, pas trop loin de mon bureau, qui se présente comme un restaurant sans gluten. Malheureusement, je trouve porte close, c'est fermé pour quelques jours et cela parait être en fait essentiellement une crêperie qui sert des galettes de sarrasin (pas vraiment nouveau !). A proximité, je vois surtout pâtes et sandwiches, je me replie en métro chez Noglu où je prends une formule plat-dessert (pas donnée !) : cabillaud au coulis de poivron avec des pois gourmands (un plat très classique comme on pourrait trouver ailleurs, très bon), une part de gâteau citron-framboise (à la farine de riz et aux amandes) trop sucré à mon goût. Il y a du pain à la farine de pois chiches à la texture mousseuse.

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Dîner à la maison : du poulet au pamplemousse.

J10
Déjeuner : un bento avec poulet et lentilles et de la mangue.
Diner japonais (Monsieur en cuisine) : galettes tofu-légumes, riz, épinards.

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Fin de l'expérience. Petit bilan :

- comme je l'avais imaginé, je n'ai pas ressenti de changement particulier sur le plan physique, digestif, ... étant donnée la situation de départ.

- ce n'est pas trop difficile à mener quand on cuisine beaucoup car on achète des aliments bien repérés. La durée était trop limitée pour ressentir une vraie frustration ou de la monotonie. Mais il me parait pénible et compliqué de se passer durablement de pain, que ce soit en accompagnement ou sous forme de sandwich quand on a peu de temps, et pas agréable de se passer de pâtes. Sans compter que manger sans gluten est probablement plus coûteux.

- pour manger à l'extérieur, cela se complique, surtout si on n'habite pas Paris. Bien sûr, on peut aller manger un plat de viande ou de poisson dans n'importe quel restaurant ou brasserie mais si on veut être très vigilant(e) sur la composition, que sait-on des sauces, ... ? Quant aux restaurants goûtés, ils ne m'ont pas suffisamment emballée a priori pour que j'y retourne et ils sont peu nombreux.

- cela n'est pas facile dans un contexte de vie en société. En parler risque de susciter des discussions. A-t-on envie de se justifier ? Certes, c'était sûrement plus compliqué avant. Aujourd'hui, le sujet est davantage connu et parfois on peut même avoir envie de défendre ce mode de vie. Mais on peut craindre des réactions d'incompréhension voire d'agressivité de la part de sceptiques. Quant au couple, que se passe-t-il à la longue si l'un continue à manger du gluten et l'autre pas ? Comme certaines personnes qui font des régimes, on s'habitue probablement à faire des repas différents avec une perte de convivialité.

En fait, le principal inconvénient qui m'est apparu, c'est de devoir renoncer à une alimentation intuitive où l'on mange selon ses envies, sans "se prendre la tête".

Alors, tout cela n'est pas drôle quand on y est obligé pour raison médicale. Mais pourquoi se l'imposer si on n'y est pas obligé(e) ? Pour un mieux-être ? Je reviens sur tout cela dans les prochains jours, patience !


 

18/02/2013

La Minute Gourmande du 18 février : Manger sain = sans, ça suffit !

Vous êtes-vous rendus compte qu'on parle de plus en plus d'aliments ou de plats "sans..." ?

 

Une Minute d'humeur pour vous annoncer que toute la semaine, je vais vous parler gluten et sans gluten. On en parle beaucoup beaucoup ces derniers temps et je vais ajouter mon grain de sel !

14/02/2013

Mais non, ce n'est pas la variété qui fait grossir !

Les études nutritionnelles plus ou moins solides pleuvent tous les jours et font les titres des journaux spécialisés. Pour peu que des médias grand public s'en emparent, et cela ajoute à la cacophonie nutritionnelle déjà bien nourrie.

Ainsi il y a quelque temps, je suis tombée sur un article titré : "La variété alimentaire ferait grossir". Certains ont vite cité les résultats d'une étude sans être forcément très vigilants sur le sérieux de la méthodologie. Cela se basait sur une étude expérimentale qui n'est pas vraiment la vraie vie...

L'idée générale est que, quand on mange la même chose, on finit par se lasser et on s'arrête alors que quand il y a de la variété, on a envie de tout goûter et on mange trop.  Bien sûr, cela peut arriver par exemple quand on est face à un somptueux buffet... Mais au global, quand on connaît son appétit, on peut manger très varié, on a le plaisir de saveurs différentes et on s'arrête quand on se sent rassasié(e) et satisfait(e).

Ainsi, les Japonais ont des repas extrêmement variés et ce n'est pas vraiment le pays qui a le plus de problèmes de surpoids...

A titre d'exemple, le délicieux repas japonais que nous avons mangé ce dimanche comportait une douzaine d'ingrédients différents :
- épinards et copeaux de bonite séchée,
- saumon, miso et oeufs de saumon,
- omelette japonaise,
- mâche, champignons et poivron,
- prunes ume,
- riz,
- dashi,
et je n'ai eu aucune sensation de trop manger (le riz peut, comme le pain chez nous, servir de régulateur pour des convives d'appétit variable).

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En fait, le titre était simpliste et méconnait les causes multiples du surpoids et de l'obésité.

Certes, c'est assez logique, si on mange toujours le même aliment, au bout d'un moment, on en assez
et on se met à en manger moins. Mais on est frustré de plaisir gustatif et il y a de fortes chances de se rattraper plus tard.

Pouur moi, le plaisir (qui fait partie du fait d'être rassasié) est justement dans la variété.

Et vous, qu'en pensez-vous ? La variété vous fait-elle manger davantage ?

12/02/2013

La Minute Gourmande du 12 février : Stop à l'apéro à rallonge !

Vous avez un repas en famille, avec des amis. Avant, il y a l'apéro. Parfois trop long ?

Et vous, qu'en pensez-vous ?