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17/02/2017

Ce n'est pas le pain qui est mauvais...

"Ce n'est pas le pain qui est mauvais... c'est la manière dont on le produit". Cette phrase qui résume plutôt bien mon avis sur le sujet est extraite de la bande annonce d'un film, Regards sur nos Assiettes que j'ai vu et apprécié fin 2015. C'est un documentaire qui raconte l'expédition de quelques étudiants en quête d'acteurs du bien manger. J'avais espéré alors que ce type de film parlerait aux jeunes et apprécié le fait de trouver une initiative positive, porteuse de solutions (comme l'a fait, peu après, le film Demain), à l'envers des émissions souvent catastrophistes de la télé.

Pour revenir au pain, en effet, ce n'est pas le pain en soi qui est mauvais, pas plus que le gluten qu'il contient, mais la façon dont il est produit. Clarifier cela sans relâche me parait absolument essentiel à un moment où la folie du "sans gluten" nous envahit chaque jour davantage. Comme à chaque fois qu'une tendance possiblement rémunératrice émerge, les gros acteurs du marché s'y sont précipités. Et les gourous du bien-être veulent absolument vous convaincre que le gluten est le diable !

J'ai déjà évoqué plusieurs fois la question du gluten, la complexité du sujet, en me situant ni parmi les accusateurs tous azimuts du gluten, ni parmi ceux qui nient totalement le problème et n'y voient qu'une mode.

Comme je l'ai déjà dit, les difficultés naissent souvent de la rencontre d'un intestin sensible et d'un pain peu digeste. Je ne reviendrai pas ici sur le premier aspect et parlerai du pain.

En effet, il y a un réel problème avec une part non négligeable du pain actuel. Fréquemment, on mange du pain qui est produit de façon inadéquate pour qu'on puisse le digérer facilement. Surtout si on un intestin sensible. Comme je l'explique dans mon livre, chaque étape compte pour produire du "bon pain" (d'où ce dessin que j'avais improvisé pour une rencontre autour du pain). C'est-à-dire un pain bon pour le goût mais aussi la digestibilité, le rassasiement, la conservation, la santé. Bon, ne cherchons pas forcément le pain parfait mais plutôt celui qui convient à notre corps, à notre goût, peut-être un peu à notre tête et nos convictions aussi.

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Le pain, c'est simple et très compliqué à la fois. Le pain, basiquement, c'est de la farine, de l'eau, un peu de sel et du levain ou de la levure. Mais pas n'importe lesquels, pas n'importe comment. Tout compte et cela peut tourner bien ou mal.

1. Le paysan / la culture du blé (la grande majorité du pain est fait à base de blé)

Depuis quelques décennies, à l'exception de quelques productions minoritaires, on a sélectionné et standardisé des blés pour leur résistance et leur qualité panifiable, leur capacité à donne un gluten solide, et pas prioritairement pour leur qualité digestible. Au contraire même ! On s'en rend compte maintenant ! Jean-François Berthelot explique bien que l'on a privilégié des "blés de force" plus riches en gliadine et donc en gluten. Aujourd'hui, la majorité des boulangers sont liés aux grands meuniers. On trouve cependant des meuniers et donc des boulangers qui travaillent à partir de blés anciens ou de "blés de population", non standardisés, qui s'ils sont bien travaillés donneront un pain digeste.

2. Le meunier / la mouture

Au mieux, elle est faite sur meule de pierre, ce qui préserve l'intégralité du germe de blé et ses nutriments. Plus la farine est ensuite utilisée fraîche, lieux sont préservés arômes et bienfaits nutritionnels. La mouture automatisée la plus fréquente aujourd'hui broie plus "violemment" les épis de blé et fournit une farine appauvrie. 

3. Le boulanger / le pétrissage, la fermentation, la cuisson

Le boulanger utilise-t-il du levain ou de la levure ? Fait-il un pétrissage court ou long ? Laisse-t-il sa pâte fermenter lentement ? Comment le pain est-il cuit ? Un pétrissage court préserve les qualités de farines fragiles et leurs arômes. L'usage de levain a un rôle non seulement dans les arômes mais aussi dans la conservation et la digestibilité du pain. Une lente fermentation, en deux étapes, jouera un rôle dans les arômes et la digestibilité du gluten. Les boulangers exigeants sont également attentifs à la qualité de l'eau.

Le pain est ensuite cuit suffisamment pour avoir une croûte de bonne épaisseur qui participe au plaisir gustatif par son croustillant et ses arômes et à la conservation en préservant l'humidité de la mie.

Un pain fait avec de la levure, une fermentation très courte, une cuisson insuffisante n'apportera pas de plaisir, présente un risque de digestion difficile et ne se conserve pas du tout.

Le site Bastamag avait publié un article intéressant sur la qualité du pain et le travail de boulangers

4. La dégustation / Le mangeur

Le mangeur réclame-t-il une "baguette blanche" molle ? Se précipite-t-il sur le pain tout chaud ? Le mange-t-il goulûment ou prend-il le temps de mâcher ? Un pain chaud contient encore du gaz carbonique qui risque de créer des ballonnements.

Toutes ces étapes concourent à rendre un pain plus ou moins digeste, plus ou moins rassasiant et plus ou moins riche en nutriments. La dimension de la digestibilité me parait nécessairement à prendre en compte au moment où on diabolise le gluten : si on ne digère pas, c'est simple, on arrête de manger du pain ! Et malheureusement, beaucoup de personnes, par peur irraisonnée du gluten ou inconfort réel, cessent de manger du pain. Alors qu'il y a pain et pain !

Le pain peut avoir tout faux, en cumulant les étapes qui vont le rendre particulièrement indigeste (farine industrielle de blé standardisé, fermentation courte, ajout d'additifs voire de gluten sec, cuisson insuffisante, pain mangé vite et chaud). Mais parfois, une étape peut en compenser une autre : même s'il n'a pas la meilleure farine du monde, un bon boulanger qui prend son temps fournira un pain déjà bien plus digeste que beaucoup d'autres.

Pour ma part, je n'ai aucun problème de digestion à ce jour mais je prends en compte différents critères :

- évidemment un pain doit être bon au goût et pour ma part, j'aime une croûte assez épaisse, bien cuite mais surtout pas brûlée (j'ai d'ailleurs participé à un intéressant débat sur la croûte du pain, organisé par le (très intéressant) site gastronomique Bruit de Table, avec notamment le passionnant et passionné et expert Steven Kaplan), des arômes et saveurs agréables sans une trop forte acidité.

- un pain qui se conserve facilement 2-3 jours au moins, qui même s'il est plus cher à l'achat, finit par être plus rentable qu'une baguette vite insipide,

- un pain d'un boulanger qui travaille de façon artisanale, avec du levain, et si possible que toute la chaîne, pour ce que je peux en connaître, soit vertueuse. 

Avec tout cela, j'ai à peu près totalement abandonné les baguettes de proximité (d'autant plus facilement que je n'ai plus de boulangerie satisfaisante dans mon environnement immédiat). Du coup, je fais en général du chemin pour aller chercher du bon pain, j'en achète en quantité pour en manger quelques jours et en congeler une partie.

Selon que vous avez un intérêt au goût, une sensibilité digestive, une attention à une chaîne de production vertueuse, vous pouvez vous orienter vers tel ou tel boulanger de votre proximité. Si vous pensez digérer mal le pain, je vous conseille, sans arrêter totalement, de procéder par étapes :

- d'abord, ne pas se tourner vers du pain complet, en général moins digeste si on un intestin sensible,

- abandonner le pain de mie industriel si c'est ce que vous consommez, ainsi que les pains cartonneux de votre cantine.

- diminuer les quantités de votre pain habituel, en manger un peu en le mâchant bien.

- si cela n'améliore pas les choses, rechercher du pain au levain (en vous assurant que c'est un pain uniquement au levain)

- si cela ne suffit toujours pas, chercher des boulangers travaillant avec des farines de blés anciens ou de petits moulins artisanaux.

Il ne faut pas désespérer. Plutôt que d'arrêter carrément le pain en écoutant tout ce qu'on dit sur le gluten, ou se tourner vers du pain sans gluten, on peut consacrer un peu d'énergie à trouver du bon pain si on aime ça.

De plus en plus d'artisans-boulangers s'extraient des circuits traditionnels, trouvent des farines de petits moulins, préparent leur pain en prenant le temps nécessaire. 

Il y a par ailleurs, comme dans d'autres cultures, du bio et du non bio. Le bio n'est pas une garantie selon moi de "bon pain". On n'est pas obligés de manger du pain bio mais si on veut manger du pain complet, il est vraiment préférable de le choisir bio car il garde l'enveloppe du grain de blé. Par ailleurs, je ne suis pas persuadée de l'intérêt de se tourner vers du pain complet. Un bon pain au levain sera aussi nourrissant.

Voici quelques adresses dont j'ai goûté le pain et que j'apprécie. C'est personnel et évidemment non exhaustif.

A Paris 

Le Bricheton, dans le 20eme, me réjouit. De bonnes farines, un travail attentionné avec le temps qu'il faut. Il n'est pas très central et a des horaires limités mais ses pains sont vraiment très bons et je fais le déplacement.

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A La Gambette à Pain, dans le 20ème, Jean-Paul Mathon propose un merveilleux Pain préféré au goût fumé que j'aime beaucoup mais c'est loin pour moi et fermé le week-end.

La Boulangerie Bonneau citée plus haut, dans le 16ème propose certains jours de la semaine (se renseigner), des pains réalisés avec les farines de Roland Feuillas.

Thierry Delabre, le "boulanger clandestin" / Panadero Clandestino travaille avec des farines de grande qualité et essaie sans relâche d'améliorer ses pains avec passion. Il a un fournil dans le 13ème mais ne vend que sur réservation ou dans quelques boutiques dépositaires.

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J'ai aimé aussi les pains de la boulangerie Dupain, dans le XIème.

J'aime aussi le pain du Coin de la boulangerie Liberté et, de temps en temps, il me dépanne bien quand j'en trouve chez le Causses voisin. Mais c'est déjà une vision moins artisanale du pain, quand il y a plusieurs boutiques.

Mise à jour octobre 2017, Roland Feuillas, le boulanger de Cucugnan, a ouvert une boulangerie à Paris, Au Fournil des Champs (58 rue Pierre Charron dans le 8eme), en partenariat avec Le Pain Quotidien, et on y trouve des pains faits avec des blés de Cucugnan et farine moulue sur place)

A MarseilleDame Farine fait des pains originaux et délicieux, est attentive au choix des farines (blés anciens et biologiques) et essaie patiemment jour après jour, sans relâche, d'éduquer sa clientèle à comprendre ce qu'est du bon pain.

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A Aix, le Farinoman Fou, Benoît Fradette produit une variété de pains nourrissants, atypiques et délicieux.

A Bordeaux, j'ai découvert récemment le boulangerie Hermelin qui est attentif au choix de ses farines, propose une large variété de pains et essaie d'éduquer à des pains peu habituels en faisant beaucoup goûter.

Parmi ceux qui travaillent sans relâche à valoriser une façon vertueuse de faire du pain, il y a bien sûr à Cucugnan, un des initiateurs passionnés du renouveau du pain, le paysan-meunier-boulanger Roland Feuillas. Il a mis en place un réseau de boulangers 100% nature et forme des boulangers/partage son avoir sur les graines et le pain. On peut l'écouter là.

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Il y a aussi le passionnant Nicolas Supiot, qui fait calmement son pain jour après jour pour un nombre limité de familles. France Inter l'avait rencontré aussi.

Il y a d'autres paysans-boulangers, peut-être de plus en plus, d'autres sont cités ici. Mais le boulanger n'est évidemment pas obligé de devenir paysan. Il peut chercher les blés et les farines qui lui conviennent. Nous consommateurs pouvons défendre les boulangers artisans qui travaillent honnêtement et font du pain avec de bonnes farines, travaillent au levain, une tâche beaucoup plus engageante au quotidien que le pain fait avec de la levure.

Si vous avez non pas une intolérance avérée mais une sensibilité vis-à-vis du gluten, essayez de trouver et goûter des pains au levain faits avec des farines issues de blés paysans, de blés anciens. Beaucoup de boulangers témoignent que ces pains sont très bien digérés par des personnes sensibles aux pains "classiques".

Alors, soyez curieux,  cherchez de l'information dans votre environnement, posez des questions, cherchez les boulangers passionnés, partez à la découverte !...Si vous en ressentez l'envie/le besoin évidemment !

 

 

13/02/2017

Une agriculture vertueuse et productive n'est pas une utopie !

J'avais commencé ce billet il y a bien longtemps (un an en fait...) et le brouillon était tombé aux oubliettes mais le sujet est toujours ô combien d'actualité. Il m'est revenu à la mémoire à l'occasion d'un échange sur les Bourguignon. Du coup, je suis tombée sur cette video d'une intervention très claire de Claude Bourguignon, "soigneur de terre". Regardez-la si vous voulez comprendre/réviser quelques bases de la vie des sols.

Peut-être certains d'entre vous croient que l'agriculture bio est "un truc de bobos" et que ce n'est pas comme ça qu'on va nourrir les milliards d'humains peuplant la planète? Car vous pensez que bio ou vertueux veut dire non productif. Soyez curieux de réviser peut-être votre jugement.

"Soigneurs de terre", c'est ainsi qu'était intitulé un documentaire qui était consacré il y a un an à Lydia et Claude Bourguignon, spécialistes mondialement reconnus des sols. Pour sa femme et lui, "moins on travaille la terre, plus elle est fertile", message difficilement accepté par de nombreux agriculteurs.

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Quelques phrases que j'avais notées :

"On ne nourrit pas la planète, on engraisse le système...au détriment de la vie",

"Cette terre, on lui donne de l'amour, elle nous rend des plantes",

"On gagne beaucoup d'argent à tuer la terre",

"Quand on aura compris que les agriculteurs sont là pour nourrir les gens et pas pour engraisser le système, on aura fait un grand pas"

Dans ce documentaire, on voit aussi Roland Feuillas, le paysan-meunier-boulanger et Bernard Ronot, au sujet duquel j'avais vu une video qui m'avait marquée par son honnêteté et sa clarté, ou une autre plus longue. 

On pourrait aussi parler permaculture (brièvement évoquée dans le documentaire) Fermes d'avenir, agro-écologie, lire le beau livre de Camille Labro, etc.

Bien sûr, le sujet est vaste et complexe, ce n'est qu'un tout petit aperçu. Mais il est difficile d'être indifférent au type d'agriculture qui nous entoure si l'on s'intéresse à ce qu'on mange...

10/02/2017

Et la souplesse ? bordel !*

La souplesse, ce mot que j'emploie tous les jours dans mon travail et que j'ai pourtant, comme je l'ai déjà évoqué, oublié dans mon abécédaire à la lettre S, pourquoi est-elle si importante ? 

Je vois de nombreuses personnes enfermées dans un fonctionnement rigide, strict, discipliné, perfectionniste, qui se mettent une forte pression. Entre autres sur leur alimentation et leur silhouette. Or, comme tout le monde, elles peuvent rencontrer des difficultés, ne pas réussir à tous les coups, ou pas de la façon souhaitée. Et plus on se fixe des objectifs inatteignables, plus cela risque d'arriver... Si on est une personne à tendance rigide, on a tendance à vouloir que les choses se déroulent exactement comme prévu. Alors, si ce n'est pas le cas, patatras, désespoir !

Les personnes rigides ont tendance à voir les choses en noir et blanc, sans beaucoup de place à la nuance. Dans le contexte de l'alimentation, cela entraîne des comportements extrêmes, du style "tout ou rien". Exemple : je me mets au régime avec détermination, je le suis strictement puis je craque sur des gâteaux que je m'interdisais. Puisque j'ai failli, je suis nulle, autant manger tout le paquet ! Et je recommencerai le régime demain. Une expression souvent utilisée par les personnes qui viennent me voir pour illustrer ce comportement, c'est "foutu pour foutu, autant continuer !" Puis vient la culpabilité, l'auto-critique... 

Quand j'accompagne les personnes à retrouver l'écoute de leurs sensations de faim et de rassasiement, ce qui est souvent une nouvelle façon de manger pour elles après des années de régime, j'insiste souvent sur le fait que cela ne doit pas devenir une autre façon de manger rigide, avec de la culpabilité dès qu'on mange trop. Evidemment qu'il arrive de trop manger et le corps sait réguler cela en retardant le retour de la faim. Et on essaie peu à peu de comprendre pourquoi on mange trop, les raisons émotionnelles, familiales, alimentaires par exemple.

La rigidité peut aussi conduire à rater des occasions, comme cette patiente qui m'avait un jour raconté avoir refusé un déjeuner dehors a priori sympathique avec ses collègues parce qu'elle avait apporté son déjeuner et ne pouvait envisager de changer ses plans...

La souplesse justement, cela ne veut pas dire tout improviser ou s'affranchir des règles, mais cela veut dire accepter une part d'incertitude, une part de changement, accepter que chaque journée est différente et nécessite une part d'adaptation, accepter que la réalité et le fonctionnement humain sont complexes et rarement résumables à oui/non, blanc/noir. Il y a beaucoup de nuances de gris !

La souplesse, c'est refuser de s'enfermer dans le cadre d'un régime, c'est ne pas viser l'équilibre parfait dans son alimentation car la perfection n'existe pas en ce domaine comme je l'avais écrit...

La souplesse, c'est aussi ne pas se dire qu'on fait trois séances de sport par semaine ou rien, qui conduit à tout arrêter au premier ralentissement de son entraînement. C'est s'autoriser à varier la fréquence selon les semaines, la disponibilité, la fatigue, ...

La souplesse, ce pourrait être aussi peut-être d'accepter de manger occasionnellement un peu de poisson ou de viande même si on se dit végétarien, de l’œuf ou du fromage si on est végétalien, car les circonstances le demandent, que cela fait plaisir à un proche, que c'est parfois tellement plus simple.... Cela ne veut pas dire renier des choix ou des convictions, mais les vivre avec un peu de souplesse. C'est ne pas s'enfermer dans une case au cadre inamovible.

La souplesse mentale, c'est comme la souplesse corporelle : on a peut-être quelques facilités ou pas au départ. On a fait ses gammes dès l'enfance ou pas. Quoi qu'il en soit, on peut à tout âge s'entraîner, la cultiver, la développer peu à peu, jour après jour. Comme on se met au stretching, à la gym ou au yoga, on peut assouplir son esprit. Les psychologues parlent parfois de flexibilité mais je trouve le mot souplesse plus joli, davantage en harmonie avec ce qu'il signifie.

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Mais alors, comment assouplir son fonctionnement ? Je crois qu'on peut avancer petit à petit.

- D'abord, repérer qu'on est dans un fonctionnement binaire, rigide, tout ou rien, fermé aux solutions intermédiaires.

- Identifier une circonstance où on se met dans un fonctionnement rigide pénalisant, observer son discours intérieur et voir si on peut faire autrement. Exemple : quand on se rend compte qu'on se dit "au point où j'en suis, je termine le paquet", essayer de se dire "eh bien non, je peux arrêter de manger à tout moment, j'ai cette possibilité". La souplesse, ce n'est pas manger zéro biscuit ou tout le paquet, c'est décider librement de la quantité qu'on souhaite manger, quelle que soit la raison.

- S'autoriser à faire des erreurs, à essayer des chemins nouveaux, à sortir d'habitudes bien ancrées, à assouplir les règles qu'on se fixe soi-même. Je vous donne un exemple personnel : j'avais pour habitude d'aller certains jours à la piscine à l'ouverture à 7 heures du matin pour être dans les premiers arrivés et avoir le plus de temps possible de relative tranquillité dans ma ligne de nage. Du coup, il pouvait m'arriver de carrément renoncer à y aller car m'étant réveillée en retard, je ne pourrais y être que 15-20 minutes plus tard. Je me suis dit un jour que c'était stupide, que ne pas nager me manquait, et j'ai alors accepté d'y aller un peu plus tard et de nager tant que l'affluence le permet. Bref, je m'adapte.

Et vous, cultivez-vous la souplesse ?
 

NB : ce billet est tout à fait imparfait mais plutôt qu'attendre indéfiniment de le publier, je me donne la souplesse de le modifier plus tard si besoin...

*Désolée pour ce titre un brin grossier, ceux qui ont des souvenirs cinématographiques un peu anciens verront l'allusion...

Visuel fotolia.com / olha_oleskova 

02/01/2017

Résolutions de début d'année ? En tout cas, PAS DE REGIME !

Cette après-midi, histoire de commencer l'année sur les chapeaux de roue, j'étais invitée par Flavie Flament sur RTL, dans son émission On est fait pour s'entendre pour parler des régimes et surtout dire "stop aux régimes". J'étais en bonne compagnie avec Chloé Hollings, auteure du livre "Fuck les régimes", qui a fait a paix avec la nourriture et avec son corps après des années de régime et perdu du poids justement quand elle a arrêté de vouloir en perdre à tout prix. On a été en phase dans nos interventions : réapprendre à écouter son corps, à lui faire confiance, manger de tout en écoutant ses envies, comprendre ce qu'il y a derrière les kilos en trop, etc. Merci à Flavie Flament et son équipe pour avoir mis ce thème à l'ordre du jour, pour leur invitation et pour accueil fort sympathique. Le replay est . Donc, surtout pas de résolution de régime en ce début d'année !

A propos de résolutions, je ne dis pas qu'il ne faut pas aspirer à modifier des choses dans sa vie, y compris sa façon de manger. Peut-être est-ce plus facile à un moment symbolique comme une nouvelle année. Mais je crois qu'il ne faut surtout pas se fixer des objectifs démesurés. Perdre 15 kilos en deux mois. Ou aller à la salle de sport quatre fois par semaine. Peut-être choisir un changement à la fois, en fonction de ce qu'on désire vraiment. Et avancer à pas raisonnables, en fonction de son rythme personnel et de l'implication qu'on peut y mettre sans bouleverser tout le reste.

Pour ma part, je vais essayer :

- de m'occuper toujours du mieux possible des personnes qui viennent me consulter,

- d'alimenter un peu plus souvent ce blog à nouveau,

- de continuer à parler de mon livre dans divers lieux car je suis convaincue, sans fausse modestie, qu'il peut avoir une utilité,

- et aussi de garder un peu de temps pour moi !

Ça fait déjà pas mal !

Et vous, avez-vous des projets autour de ce qui est important pour vous ?

A nouveau, très belle année !

09/12/2016

Les émotions, un univers complexe et essentiel

Les émotions que l'on ressent, c'est un sujet que j'évoque très fréquemment avec mes patients car elles ont souvent un lien avec la nourriture, qu'il s'agisse de se réconforter, de se faire plaisir, de s'apaiser voire de fuir quelque chose de ressenti trop pénible. "Le poids des émotions" étaient le thème du congrès aux XIVemes rencontres du GROS (Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids, association dont je fais partie depuis mes débuts de diététicienne) le jeudi 24 novembre. Je ne vais pas rendre compte de la totalité mais évoquer quelques interventions particulièrement intéressantes et complémentaires.

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En introduction, Gérard Apfeldorfer s'est réjoui que les émotions reviennent sur le devant de la scène après des siècles où on a essayé de nous convaincre que nous devrions être des êtres de pure rationalité... Et heureusement ! Car les émotions sont un moyen de nous adapter aux événements et à notre environnement et d'assurer entre autres notre survie ! Et notre bien-être. Elles nous aident à comprendre ce dont nous avons besoin, à nous motiver, à avoir des relations avec autrui...

congrès du gros,rencontres du gros,obésité et surpoids,comportement alimentaire,émotions,thérapie des émotionsLe professeur et psychothérapeute belge Pierre Philippot, spécialisé dans la thérapie des émotions, a rappelé ainsi que les émotions avaient d'abord une fonction, celle de réguler nos interactions avec notre environnement. Elles sont toutes utiles, il n'y a donc pas lieu d'opposer "bonne" et "mauvaise" émotion. Mais les problèmes commencent quand le processus d'expression d'une émotion dérape, qu'on veut la fuir, la refouler, l'étouffer ou qu'elle soit en décalage avec la situation.

Cette habitude qu'ont certaines personnes de réprimer ainsi leurs émotions peut trouver son origine dans l'enfance, selon l'éducation émotionnelle qu'on a reçue. La psychologue Jeanne Siaud-Facchin, a fait une intervention passionnante sur 'l'enfance des émotions", la place des émotions dans l'enfance. Les émotions étant un régulateur et un moyen d'exprimer nos besoins profonds, il est impératif de prendre en compte sans discuter les émotions de l'enfant, qu'il ressent de façon brute et instantanée et de ne surtout pas faire comme si c'était "pas grave", "sans raison" et au contraire de nommer l'émotion qu'il ressent, de lui donner un sens. J'ai trouvé très intéressant qu'elle affirme que, finalement, il y a une seule question à poser à un enfant dans ce cas-là est "De quoi as-tu besoin ?" 

Elle a montré l'importance de l'attachement qui se crée avec une figure de "mère" (pas forcément la mère biologique) qui sécurise les débuts de la vie. Une relation aimante, soutenante, empathique permet de développer d'une bonne régulation émotionnelle. Cela m'a évoqué le contre-exemple absolu, dans un livre qui m'a beaucoup marquée et passionnée ces derniers mois, Laetitia, d'Ivan Jablonka : Laetitia et sa sœur jumelle ont totalement manqué justement de cette sécurité affective et en ont eu des séquelles durables.

Il n'y a cependant pas de fatalité à avoir un mode d'expression émotionnel perturbé. Jeanne Siaud-Facchin a expliqué qu'on peut à tout âge développer ses compétences émotionnelles et déclencher les hormones de l'attachement et de la sécurité (la fameuse ocytocine). Il n'est jamais trop tard pour apprendre à repérer, nommer, accueillir, exprimer son vécu émotionnel.

J'ai beaucoup apprécié que Pierre Philippot tempère la mode omniprésente de la pleine conscience en parlant d'une souhaitable flexibilité : l'important est d'élargir son répertoire émotionnel et de ne pas fonctionner toujours sur le même mode. Au lieu d'être toujours dans l'évitement émotionnel (qui finit par nuire au respect de ses émotions et peut conduire à des compensations alimentaires) ou d'être toujours dans l'introspection de son ressenti (qui demande un effort certain), on peut avoir la souplesse (ah, la souplesse, un mot que j'emploie à longueur de temps mais que j'ai mystérieusement oublié dans mon livre !) de jongler avec différentes possibilités : on peut parfois se confronter à ses émotions ou en parler à un proche mais on a aussi le droit de se changer les idées et se distraire avec une série, un magazine, ... Et bien sûr aussi, se réconforter avec le nourriture en ne culpabilisant de le faire de temps en temps avec un aliment qu'on aime.

Bienvenue au royaume des émotions, ne les craignez pas !

Image © claudykant Fotolia.com

 

 

22/07/2016

La gourmandise ne fait pas grossir ! lisons la 4eme de couv

La couv d'un livre, c'est bien joli, mais certains aimeraient en savoir un peu plus. Comme quand on est dans une librairie, qu'on se saisit d'un livre, attirés par le titre, qu'on le retourne pour comprendre de quoi il s'agit, décider s'il faut prolonger l'intérêt. C'est à cela que sert la "quatrième de couv", à ouvrir quelques pistes vers l'intérieur, à préciser les intentions.

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Alors, sans attendre la sortie, voilà ce que l'éditeur Carnets Nord a écrit sur la quatrième de couverture :

"On ne mange pas des calories, on mange des aliments!" "Etre bien dans son corps, ce n’est pas une question de poids." "Plus on s’interdit un aliment, plus on en a envie." "Ça serait pas un peu de l’intox, la detox?"

Ariane Grumbach, diététicienne atypique et passionnée, veut en finir avec les angoisses liées à la nourriture aujourd’hui, les derniers régimes à la mode, le diktat de la minceur à tout prix, les idées reçues sur les aliments à proscrire et ceux aux vertus soi-disant extraordinaires.

Dans son abécédaire gourmand, où plaisir de manger rime avec bien-être, elle déconstruit ces injonctions et croyances en tout genre, décrypte les modes alimentaires, analyse nos modes de vie et de consommation et nous donne des pistes pour retrouver une relation sereine à la nourriture qui nous mènera à notre juste poids. Et elle crie haut et fort: "Arrêtez les régimes, tous les régimes!"

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Ariane Grumbach est diététicienne-nutritionniste à Paris. Diplômée d’HEC, elle a travaillé pendant vingt ans dans des grandes entreprises avant de se reconvertir par passion pour l’alimentation et l’humain. Elle fait partie du GROS (Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids). Elle tient un blog, "L’art de manger", qui mêle réflexions sur l’alimentation, conseils nutritionnels et recettes gourmandes.

Voilà qui ne doit pas trop vous surprendre, vous fidèles lecteurs et lectrices de ce blog... Mais l'info, c'est qu'il s'agit d'un abécédaire, pour qu'on puisse lire librement !

Pour la suite, rendez-vous le 8 septembre !

20/07/2016

Vive la cuisine 5S !!!

Ces derniers temps, je n'ai pas été très présente sur ce blog. Mais j'ai continué à poster assez fréquemment des photos de repas sur Instagram, Facebook. Cuisinés par Monsieur ou par moi selon les jours. Ceux de Monsieur, vantés par moi, recueillent très souvent émerveillement et applaudissements. Tout à fait mérités. Je suis jalouse !!!! Je plaisante, je suis ravie de cette sympathique reconnaissance, pour lui qui est obstinément caché dans sa cuisine ! Menacé de clônage ou de kidnapping par ses admiratrices... Il est vrai que je cuisine un peu moins souvent et que ce que je prépare est, en général, moins sophistiqué et spectaculaire. Car je pratique la cuisine 5S, mais pas ces deux S là !

Kesako ? J'ai d'abord parlé de cuisine 3S, puis 4S. Et maintenant 5S ! Oui, j'aime les acronymes ! Cette cuisine, c'est celle que je suggère à mes patients et que je pratique, pour leur en parler en connaissance de cause. Et parce que j'aime cela. C'est une cuisine SAINE, SAISONNIERE, SAVOUREUSE, SIMPLE, SOUPLE.

- SAINE : préparée avec de bons produits, dont l'origine est si possible connue, avec beaucoup de variété.

- SAISONNIERE : utilisant au maximum des produits de la saison, ce qui est davantage un plaisir qu'une contrainte.

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La saison de préparer une quiche aux courgettes épicées (curry et cumin) et une salade crue concombre/courgette/fenouil

- SAVOUREUSE : qui a du goût, qu'on a plaisir à manger car elle réjouit tous les sens par ses saveurs, ses parfums, ses textures, sa présentation.

- SIMPLE : loin des recettes compliquées, nécessitant un savoir-faire de chef ou des heures de préparation, c'est une cuisine accessible à tous puisque moi-même j'y arrive !

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La simplicité : utiliser ce qui reste au frigo pour improviser une fraîche salade (laitue, pastèque, tomate, concombre, basilic)

- SOUPLE : une cuisine qui sait s'éloigner des recettes car, une fois que les techniques sont acquises, on peut les décliner selon le disponible, les préférences, la saison, etc., qu'il s'agisse d'une quiche, de pâtes, etc.

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La souplesse : varier les légumes rôtis selon le disponible : de petites carottes avec huile d'olive, sirop d'érable et poudre de Vasco Roellinger

Ne voulant pas me contenter d'en parler, je rêve depuis plusieurs année de trouver quelque part, voire mettre en place, des ateliers proposant cette cuisine. Quelque chose qui n'a rien à voir avec les classiques cours de cuisine. Mais bon, on ne peut pas tout faire à la fois... Je n'ai pour l'instant trouvé ni lieu adapté ni partenaire idéal. Peut-être viendrai-je à pratiquer cela en vidéo ? A moi Youtube !

01/02/2016

Janvier deci-delà...sur internet

J'ai été pour le moins légère en termes de billets de blog ce mois-ci mais je reste fidèle à ce petit rendez-vous mensuel.

Alors, en ce mois de janvier, j'ai lu diverses choses intéressantes sur internet. En voici quelques-unes :

Cuisine et pâtisserie

J'ai bien envie d'essayer ce mode de cuisson des œufs pochés, suggéré par Pascale Weeks.

J'ai trouvé qu'étaient très bien faits ces deux billets écrits par Edda Onorato pour décrypter la chimie de la pâtisserie côté ingrédients centraux et cuisson

A propos de pâtisserie, une délicieuse pâtissière de Bordeaux en partance pour le Canada (que je ne connais que par les réseaux sociaux) a la gentillesse de partager plein de recettes sucrées .

 

Avenir de l'alimentation

Certains s'y intéressent, notamment Gilles Fumey, géographe de l'alimentation, qui a initié le site Food 2.0 Lab "Penser l'alimentation de demain" en liaison avec les travaux de son laboratoire.

Comportement alimentaire

Mince alors ! Une video pédagogique à l'intention des ados ou de leurs parents expliquant les troubles du comportement alimentaire de façon simple et imagée, sans simplification excessive. Elle est réalisée par la chaire ANCA, un organisme qui promeut une alimentation saine. Le questionnaire de dépistage et plus d'infos ici.

 

Vivre bien

Une belle interview du psychiatre Christophe André (qui prolonge ce qu'il racontait dans le passionnant livre Les psys qui est à donner en exemple de comment on peut agir sa vie malgré des déterminants sociaux et émotionnels pas évidents, en y travaillant sans répit bien sûr.

Un proverbe chinois cité par la prof de yoga Laurence Gay : «Quand le vent du changement souffle, certains érigent des murs, d’autres construisent des moulins»

Quelques conseils pour mieux utiliser son temps, suggérés par un moine zen : yapluka ?!

A propos du temps, une belle phrase essentielle à la fin d'un docu hommage à Bernard Maris : "Time is not money"...

Dormir : alors que je ne cesse de parler de l'importance de bien dormir, j'ai été intéressée le témoignage sincère de Géraldine Dormoy de L'Express Styles sur son nouveau rythme de sommeil.

Et vous, qu'avez-vous lu/vu en ligne d'intéressant ?

 

25/01/2016

Halte à la grossophobie médicale !

Je ne compte plus les tristes récits de mes patientes sur des moments douloureux avec des personnes du monde médical, en cabinet ou à l’hôpital. Les nombreuses fois où elles consultent pour un rhume, une angine, un problème capillaire, un projet d'enfant... Et où, au lieu de se concentrer sur la demande, l'interlocuteur évoque leur poids. Rarement de façon sympathique et chaleureuse. Bien sûr, il existe une masse de soignants bienveillants et attentifs. Mais trop ne le sont visiblement pas. Ou pas avec tout le monde.

Je me souviens de patientes en pleurs au début de leur grossesse parce qu'on les avait sermonnées, alertées sur tout un tas de dangers potentiels (mais pas du tout automatiques) liés à leur poids, sommées de se mettre au régime... 

Je me souviens aussi d'une réunion d'une réseau hospitalier en charge du cancer du sein : on nous avait décrit comment les situations stressantes que vivent des personnes obèses lors d'examens, mammographies... pouvaient peu à peu en conduire certaines à arrêter le suivi médical.

Si j'en parle, c'est que le sujet a resurgi de deux façons concomitantes :

- le récit d'une patiente il y a une quinzaine de jours.

- un article dans Libération, reprenant notamment une série de tweets que j'avais vu passer.

Ce n'est pas la première fois que le sujet est abordé dans les medias : il y a eu par exemple un article dans TerraFemina en septembre dernier.

Les personnes en surpoids sont rares à ne pas être conscientes de leur situation corporelle et, très souvent, elles en souffrent. Elles vivent dans un environnement majoritairement hostile, sans compter les difficultés à s'habiller, l'inconfort physique... Mais elles n'ont pas forcément davantage de problèmes de santé que les autres : leurs analyses de sang sont souvent impeccables... Alors pourquoi les ennuyer avec leur poids quand elles ne consultent pas pour cela ?

Beaucoup de personnes en difficulté avec leur silhouette sont fragilisés, manquant de confiance en elles, souvent confrontées à un environnement qui souligne leur manque de volonté... Mais est-ce le rôle de professionnels de santé d'enfoncer le clou ? Certes, beaucoup croient sans doute bien faire pour la santé de leur patient mais ils méconnaissent totalement la complexité de la relation à la nourriture et au poids. Beaucoup croient que "yaka" manger moins, faire du sport, se discipliner. Ceux qui se renseignent ont peut-être entendu parler des régimes mais n'ont pas eu le temps de creuser. Tous ne seraient-ils pas au moins tenus à de l'écoute et et de la bienveillance ? Et au respect de chacun, quel que soit sa silhouette... ?

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Quand elles connaissent les travaux du GROS, qu'elles consultent un thérapeute qui en fait partie, elles se laissent moins impressionner. Ainsi, il m'arrive "d'entraîner" mes patientes à répondre du tac au tac au professionnel de santé, à ne pas se laisser faire, à le recentrer sur le motif de la visite... Bien sûr, il est aussi opportun de changer de médecin si ce n'est  pas trop compliqué...

Comme le dit Martin Winckler dans l'article de Libération : "Si la personne ne mentionne pas la question du poids, il n'y a pas lieu de l'aborder". Suggestion : cela ne pourrait-il pas devenir un "mantra" à formuler calmement si on se trouve confronté à ce type de situation : "Je n'ai pas mentionné le sujet du poids, il n'y a donc pas lieu d'en parler" et le répéter, répéter sans se démonter ?

Avez-vous connu des expériences de ce type ? Qu'avez-vous fait ?

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06/01/2016

2016 : faites de SAM votre ami, il vous le revaudra !

Bon, ok, on sait, les résolutions de début d'année, ça ne sert pas à grand chose, ça ne tient jamais bien longtemps... Mais la pause plus ou moins tranquille de fin d'année vous a peut-être permis de prendre un peu de recul et de penser à vous. Car vous êtes important(e) ! Et c'est pourquoi j'aimerais que SAM devienne votre ami quotidien. Mais de quoi je parle ?!

Eh bien, je vous présente S.A.M : c'est un ami constitué des trois piliers vous permettant de mener une bonne vie :

- le SOMMEIL,

- l'ALIMENTATION,

- le MOUVEMENT.

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Les enfants savent réclamer à manger quand ils ont faim, bouger en tous sens spontanément puis s'écrouler quand ils ont sommeil. Pourquoi ne pas retrouver cette écoute intuitive de nos besoins si on l'a perdue ?

Dormir, c'est le pilier fondamental et souvent beaucoup trop négligé. Or, c'est tellement régénérant de dormir suffisamment. Faites-en l'expérience et vous jours se dérouleront bien différemment. Je rencontre souvent des personnes stressées, très émotives, fatiguées. Et qui, étrangement, ne font pas forcément le lien avec le manque de sommeil. Je suis vraiment triste pour ceux qui ont réellement beaucoup de difficultés à dormir et je les incite vraiment à en comprendre les causes (nervosité, angoisses, habitudes, alimentation, rythme...) pour sortir d'un état forcément pas optimal. Mais je trouve dommage que d'autres décident volontairement de se priver d'une dose de sommeil pour davantage remplir leurs journées.

Manger est un besoin fondamental bien sûr mais aussi un plaisir. Loin de moi l'idée de vous imposer une alimentation stricte et triste, bien au contraire ! Pas de privation, mangez de tout, aimez la variété, partez à la découverte de nouvelles saveurs. Et arrêtez de croire et vouloir appliquer toutes les fantaisies alimentaires que vous lisez ou entendez. Ecoutez plutôt les envies de votre corps, il sait ce dont il a besoin. 

Bouger, peut-être en a-t-on oublié la nécessité. De la même façon, je ne suis pas du tout une ayatollah du sport. Mais le mouvement, notre corps en a besoin : bougez, marchez, étirez-vous, dansez, pédales, nagez, tout ce que vous voulez et que vous aimez : essayez, si ce n'est pas déjà le cas, et vous verrez que vous vous sentirez très bien. Le plaisir plutôt que la performance.

Bien sûr, bien vivre, cela veut dire aussi être entouré de proches avec qui on se sent bien, d'être épanoui(e) dans son travail, de pratiquer des activités qu'on aime, ... Mais sans ces trois piliers SAM, vous risquez d'avoir du mal à profiter de tout le reste...

Alors, petit conseil à prendre si vous en avez envie, si vous en ressentez le besoin, pensez à votre nouvel ami SAM un peu chaque jour et demandez-vous si vous lui prêtez assez d'attention. Car si vous le faites, vous verrez que vous apprécierez... Et si vous avez des éléments de votre mode de vie à changer, prenez votre temps, écoutez-vous, faites-vous confiance.

 

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