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10/02/2017

Et la souplesse ? bordel !*

La souplesse, ce mot que j'emploie tous les jours dans mon travail et que j'ai pourtant, comme je l'ai déjà évoqué, oublié dans mon abécédaire à la lettre S, pourquoi est-elle si importante ? 

Je vois de nombreuses personnes enfermées dans un fonctionnement rigide, strict, discipliné, perfectionniste, qui se mettent une forte pression. Entre autres sur leur alimentation et leur silhouette. Or, comme tout le monde, elles peuvent rencontrer des difficultés, ne pas réussir à tous les coups, ou pas de la façon souhaitée. Et plus on se fixe des objectifs inatteignables, plus cela risque d'arriver... Si on est une personne à tendance rigide, on a tendance à vouloir que les choses se déroulent exactement comme prévu. Alors, si ce n'est pas le cas, patatras, désespoir !

Les personnes rigides ont tendance à voir les choses en noir et blanc, sans beaucoup de place à la nuance. Dans le contexte de l'alimentation, cela entraîne des comportements extrêmes, du style "tout ou rien". Exemple : je me mets au régime avec détermination, je le suis strictement puis je craque sur des gâteaux que je m'interdisais. Puisque j'ai failli, je suis nulle, autant manger tout le paquet ! Et je recommencerai le régime demain. Une expression souvent utilisée par les personnes qui viennent me voir pour illustrer ce comportement, c'est "foutu pour foutu, autant continuer !" Puis vient la culpabilité, l'auto-critique... 

Quand j'accompagne les personnes à retrouver l'écoute de leurs sensations de faim et de rassasiement, ce qui est souvent une nouvelle façon de manger pour elles après des années de régime, j'insiste souvent sur le fait que cela ne doit pas devenir une autre façon de manger rigide, avec de la culpabilité dès qu'on mange trop. Evidemment qu'il arrive de trop manger et le corps sait réguler cela en retardant le retour de la faim. Et on essaie peu à peu de comprendre pourquoi on mange trop, les raisons émotionnelles, familiales, alimentaires par exemple.

La rigidité peut aussi conduire à rater des occasions, comme cette patiente qui m'avait un jour raconté avoir refusé un déjeuner dehors a priori sympathique avec ses collègues parce qu'elle avait apporté son déjeuner et ne pouvait envisager de changer ses plans...

La souplesse justement, cela ne veut pas dire tout improviser ou s'affranchir des règles, mais cela veut dire accepter une part d'incertitude, une part de changement, accepter que chaque journée est différente et nécessite une part d'adaptation, accepter que la réalité et le fonctionnement humain sont complexes et rarement résumables à oui/non, blanc/noir. Il y a beaucoup de nuances de gris !

La souplesse, c'est refuser de s'enfermer dans le cadre d'un régime, c'est ne pas viser l'équilibre parfait dans son alimentation car la perfection n'existe pas en ce domaine comme je l'avais écrit...

La souplesse, c'est aussi ne pas se dire qu'on fait trois séances de sport par semaine ou rien, qui conduit à tout arrêter au premier ralentissement de son entraînement. C'est s'autoriser à varier la fréquence selon les semaines, la disponibilité, la fatigue, ...

La souplesse, ce pourrait être aussi peut-être d'accepter de manger occasionnellement un peu de poisson ou de viande même si on se dit végétarien, de l’œuf ou du fromage si on est végétalien, car les circonstances le demandent, que cela fait plaisir à un proche, que c'est parfois tellement plus simple.... Cela ne veut pas dire renier des choix ou des convictions, mais les vivre avec un peu de souplesse. C'est ne pas s'enfermer dans une case au cadre inamovible.

La souplesse mentale, c'est comme la souplesse corporelle : on a peut-être quelques facilités ou pas au départ. On a fait ses gammes dès l'enfance ou pas. Quoi qu'il en soit, on peut à tout âge s'entraîner, la cultiver, la développer peu à peu, jour après jour. Comme on se met au stretching, à la gym ou au yoga, on peut assouplir son esprit. Les psychologues parlent parfois de flexibilité mais je trouve le mot souplesse plus joli, davantage en harmonie avec ce qu'il signifie.

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Mais alors, comment assouplir son fonctionnement ? Je crois qu'on peut avancer petit à petit.

- D'abord, repérer qu'on est dans un fonctionnement binaire, rigide, tout ou rien, fermé aux solutions intermédiaires.

- Identifier une circonstance où on se met dans un fonctionnement rigide pénalisant, observer son discours intérieur et voir si on peut faire autrement. Exemple : quand on se rend compte qu'on se dit "au point où j'en suis, je termine le paquet", essayer de se dire "eh bien non, je peux arrêter de manger à tout moment, j'ai cette possibilité". La souplesse, ce n'est pas manger zéro biscuit ou tout le paquet, c'est décider librement de la quantité qu'on souhaite manger, quelle que soit la raison.

- S'autoriser à faire des erreurs, à essayer des chemins nouveaux, à sortir d'habitudes bien ancrées, à assouplir les règles qu'on se fixe soi-même. Je vous donne un exemple personnel : j'avais pour habitude d'aller certains jours à la piscine à l'ouverture à 7 heures du matin pour être dans les premiers arrivés et avoir le plus de temps possible de relative tranquillité dans ma ligne de nage. Du coup, il pouvait m'arriver de carrément renoncer à y aller car m'étant réveillée en retard, je ne pourrais y être que 15-20 minutes plus tard. Je me suis dit un jour que c'était stupide, que ne pas nager me manquait, et j'ai alors accepté d'y aller un peu plus tard et de nager tant que l'affluence le permet. Bref, je m'adapte.

Et vous, cultivez-vous la souplesse ?
 

NB : ce billet est tout à fait imparfait mais plutôt qu'attendre indéfiniment de le publier, je me donne la souplesse de le modifier plus tard si besoin...

*Désolée pour ce titre un brin grossier, ceux qui ont des souvenirs cinématographiques un peu anciens verront l'allusion...

Visuel fotolia.com / olha_oleskova 

09/05/2015

J'ai lu "Je dis enfin stop à la pression" et... j'ai été bluffée

Je ne suis pas une fanatique des livres de "développement personnel" même si je constate parfois qu'ils peuvent apporter quelques conseils utiles. Et je n'aurais spontanément sans doute accroché sur ce livre à la couverture flashy. Mais c'est une patiente qui m'en a parlé avec enthousiasme, ayant constaté, après l'avoir lu, que cela lui avait vraiment permis de relâcher la pression qu'elle se mettait, sans dégât collatéral, au contraire.

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Du coup, j'ai décidé de m'y intéresser car nombre de mes patientes, perfectionnistes, manquant de confiance en elles ou ayant à faire face à une multitude d'obligations, se mettent sous une pression permanente, stressante, épuisante. Et la société en ajoute une bonne louche aussi. Alors, je l'ai lu et j'ai été assez bluffée. Bluffée par le talent des deux auteurs, Audrey Akoun et Isabelle Pailleau, psychologue et thérapeute, qui parviennent dans un seul livre à :

- réunir une masse de notions variées relevant du domaine de la psychologie : le perfectionnisme, la confiance en soi, les valeurs, la relation aux autres, les peurs, les émotions... Et cela ne donne pas du tout un mélange indigeste mais est clairement structuré et progressif.

- en parler de façon très claire, concrète et accessible,

- donner  un grand nombre d'exemples et de témoignages dont certains feront forcément écho chez les lecteurs/lectrices.

- fournir des pistes, des exercices pas trop compliqués, vraiment réalisables, des actions concrètes pour avancer pas à pas, sans être trop simplistes.

- et le faire avec humour.

Exemples : des exercices pour repérer les moments où on ne dit pas ce qu'on pense, pour s'entraîner à déléguer, pour mettre des mots sur ses émotions, pour accepter son imperfection...

Pourquoi ça me parle ?

Parce que, comme je le disais, une part non négligeable des personnes qui viennent me voir subissent cette intenable pression car :

- ce sont des femmes qui se sont imposé une forte contrainte à avoir un physique parfait dont la minceur est un des paramètres. Sauf qu'on ne peut pas se contraindre éternellement...

- ce sont parfois des personnes qui n'ont pas construit la bonne dose de confiance globale en elles dans leur enfance et ont reporté leur capacité de maîtrise sur le physique (exemple par exemple de Marc dans le livre d'ailleurs, enfant grassouillet devenu un adulte bronzé et bodybuildé et mettant une intense énergie sur le paraître),

- ce sont des femmes qui vivent et cumulent souvent plusieurs pressions : professionnelle, familiale, maternelle, sociale....

- ce sont des femmes, pour certaines, qui ont développé un perfectionnisme qui s'applique à tout y compris à la cuisine : je me souviens ainsi d'une patiente qui avait commencé à faire du pain maison occasionnellement et continuait à le faire au quotidien malgré son total manque de disponibilité car ses enfants ne voulaient plus entendre parler du pain acheté à la boulangerie...

Et aussi car il y a des témoignages de gens qui ont écouté leurs valeurs et leurs vraies envies pour changer de vie et je m'y reconnais un peu...

Deux précisions :

- un tel livre ne peut bien évidemment pas remplacer un travail avec un thérapeute si on en ressent le besoin. Ne nous leurrons, tous les exemples fournis de personnes qui les ont consultées et vont beaucoup mieux ne se sont sans doute pas réglés en un claquement de doigt...

- un tel livre n'est pas à lire d'une traite mais à pratiquer au fil des exercices, pas nécessairement tous mais ceux dont on se sent proche.

Au global, une plaisante et utile lecture !

06/03/2014

Perfection ou cohérence ? (Je ne suis pas une mangeuse parfaite !)

Parfois, des patient(e)s, s'interrogeant sur leur façon de manger, voudraient savoir comment je fais, moi.
Parfois, des lecteurs-trices de ce blog voudraient suivre ma façon de manger à la lettre.
Parfois, des personnes curieuses voudraient pouvoir observer comment je mange.

Croient-ils donc que je suis une mangeuse parfaite ?!

Eh bien non, je dis NON, NON, NON, je ne suis pas une mangeuse parfaite ! Quelques croustillantes révélations !
Voilà par exemple ce qu'il peut m'arriver de faire :
- manger trop parce que je suis dans un super resto, parce que c'est trop bon, ...
- manger sans avoir vraiment faim parce que c'est l'heure et qu'il n'y a pas le choix, 
- manger en regardant la télé parce que je suis seule et qu'un programme m'intéresse,
- gaspiller et jeter des aliments par manque d'organisation,
- acheter des produits de l'autre bout du monde ou hors saison,
- ne pas avoir envie de cuisiner et bricoler un repas à base de tartines, de chocolat, ...
- rester, oh rendez-vous compte, toute une journée sans manger de légumes !
etc.

Est-ce que c'est grave ?

Non ! Désolée si je détruis vos illusions !

Parce que la perfection, ça n'existe pas dans cette sphère du comportement humain comme dans les autres. Et cela reviendrait à avoir la rigidité des orthorexiques...

Je ne cherche pas la perfection, je suis plutôt en quête de cohérence, d'harmonie entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais.

Mais comme le dit Pierre Rabhi dans son dernier livre, on ne peut pas être totalement cohérent  : lui-même en prenant sa voiture ou l'avion contribue aux multinationales qu'il dénonce. Ou il reconnait sa contradiction entre consommer de la viande et être très sensible à la condition animale. Mais, propose-t-il, on peut travailler à diminuer son incohérence.

Ainsi, il me serait impossible aujourd'hui de mettre au menu, comme cela m'est arrivé il y a une quinzaine d'années au réveillon, une salade de fruits rouges hors de prix venus du bout du monde. Je choisis de plus en plus des aliments de saison, venant de France aussi souvent que possible.

Ainsi, il ne m'arrive quasiment plus, car je déteste cela désormais, de sortir de table en ayant beaucoup trop mangé alors que j'ai souvenir de quelques orgies alimentaires de jeunesse...

Ainsi, je n'achète quasiment jamais de plats préparés car je trouve le fait maison tellement meilleur mais il peut m'arriver d'être prise au dépourvu : un midi il y a quelque temps, ayant eu la paresse de préparer un bento ou équivalent, j'ai un peu de temps pour déjeuner avec Monsieur mais il ne m'attendait pas. Je passe au supermarché du coin et je récupère un plat préparé, une sorte de couscous : je me dis qu'ayant souvent mangé cela dans des cantines, cela ne doit pas être bien pire... Non seulement je n'en ai pas fait un drame mais figurez-vous que c'était même pas mauvais du tout et bien épicé !

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Alors, s'il vous plait, ne visez pas la perfection alimentaire, elle induit plus de stress que de bien-être, ne tombez pas comme je le disais dans une sorte d'orthorexie, acceptez vos limites et vos faiblesses avec bienveillance mais travaillez, si je peux me permettre, à mettre en accord vos pensées, vos convictions et vos actes...

Qu'en dites-vous ?