06/05/2014
6 mai : pas de régime, pas d'obligation de mincir non plus !
Chaque année, le 6 mai, c'est la Journée Internationale sans Régime. Chaque année, ou presque, j'en parle, sans beaucoup d'écho ici en France. Toutefois, cette année, est-ce un hasard, France 2 rediffuse à 22h35 son documentaire "Régimes, la vérité qui dérange", plutôt bien fait sur le sujet.
Vous qui me lisez, savez bien que je suis contre les régimes, tous les régimes. Je suis intervenue récemment sur ce sujet sur France Inter : le temps imparti m'a permis de critiquer les régimes et leurs prescripteurs mais pas forcément de détailler mon approche alternative, que j'avais résumé ici, consistant notamment à comprendre pourquoi et comment on a pris du poids et à agir sur les leviers adéquats, de façon personnalisée, sans privation (écoute des sensations, travail sur les émotions, acceptation de soi, réconciliation avec tous les aliments...).
Nous sommes au printemps et les magazines féminins n'hésitent pas à proposer, quelle originalité, de nombreuses couvertures à objectif minceur (quoique c'est un peu toute l'année désormais...). Mais cette année, comme cela est déjà arrivé ponctuellement, on ne parle pas (en apparence) de régime mais, dans plusieurs magazines, plutôt de l'aspect psychologique des kilos pris : couverture de Marie-Claire : "Maigrir c'est dans la tête", couverture de Elle : "les kilos émotionnels".
Cela appelle plusieurs remarques :
- Je devrais me réjouir de cette prise en compte de la dimension émotionnelle de la relation à l'alimentation car je la rencontre quasi-quotidiennement dans mon cabinet : en parler dans des magazines grand public dénote une meilleure prise en compte de la complexité de cette relation, qui ne peut être traitée par une approche simpliste comme un régime. Cela semble donner peu à peu davantage de visibilité aux personnes qui, comme moi, travaillent sur ce sujet (et ce ne sont pas forcément que des psys !).
MAIS...
- Cette mise en avant des "kilos émotionnels", de "maigrir, c'est dans la tête" est faite par les mêmes magazines qui, quelques semaines plus tôt ou plus tard, vont vanter le dernier régime à mode, le "régime 5-2" américain ou le 7-4-2 du Dr Fricker ou... Tout se vaut du moment que cela fait vendre...
- J'ai feuilleté ces magazines (j'avoue que je suis parfois fatiguée de dépenser de l'argent pour les lire, m'agacer et vous en parler..) et j'ai été étonnée d'une certaine incohérence : ainsi Marie-Claire par exemple relaie des propos du Docteur Zermati* (président de l'association G.R.O.S. dont je fais partie), avec lesquels je me sens plutôt en phase et, soudain, en lisière d'article, parmi les "adresses" à retenir, que vois-je : les sites de Jean-Michel Cohen ou de Weight Watchers...
- Comme le soulignent "Mélissa & Nora" sur leur blog, en prenant cet angle d'approche, n'y a-t-il pas toujours une injonction à maigrir, à se conformer aux stéréotypes de la silhouette féminine, une culpabilisation sous-jacente des femmes qui ne prendraient pas soin d'elles-mêmes sur ce plan et qui ne sauraient pas "gérer" leur stress ?
- Je ne suis toutefois pas totalement en phase avec leur analyse : certes, il y a une incitation à maigrir alors que chacune a la droit de s'accepter et d'être bien dans son corps sans faire une taille 36... Mais, en même temps, souligner cet aspect émotionnel peut être instructif pour certaines femmes et il ne relève pas forcément de la culpabilisation : ainsi, quand je traite cet aspect émotionnel avec mes patientes, j'insiste sur l'importance de comprendre comment on réagit et non de se juger (sévèrement, le plus souvent). Par ailleurs, il faut différencier la personne qui veut mincir alors qu'elle a un poids normal, pour se conformer à certains canons, et la personne qui a effectivement pris un certain nombre de kilos pour diverses raisons.
Se rêver plus mince... pour quoi faire ?
Pour ma part, je prends soin de faire réfléchir les personnes qui viennent me voir à leurs motivations. Certaines ne cherchent pas à mincir, ou pas en priorité, mais plutôt à se libérer la tête de l'obsession alimentaire. D'autres souhaitent arrêter une spirale de prise de poids. D'autres veulent se défaire de ce qu'elles considèrent comme une sorte d'addiction à la nourriture. D'autres encore, nombreuses, ont une demande d'amincissement. Alors, s'agit-il de confort, de retrouver une silhouette d'antan, d'injonctions des médecins, de peur pour leur santé, de séduction, de plus grande liberté à s'habiller, ...? Il est important de clarifier cela et de ne pas tout miser sur la minceur : eh non, la vie ne sera pas parfaite et sans souci une fois qu'on sera mince !
*Malheureusement, les Drs Apfeldorfer et Zermati, pour lesquels j'ai beaucoup d'estime pour tout ce qu'ils m'ont appris, ont tendance désormais à promouvoir davantage leur entreprise en ligne Linecoaching que l'association G.R.OS. qui regroupe un ensemble de thérapeutes partageant un certain nombre de convictions, notamment contre les régimes...
Dessin © diavolessa - Fotolia.com
08:15 Publié dans Activités, medias, lectures..., Fondamentaux | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : minceur, magazines féminins, injonction minceur, maigrir sans régime, diététicienne anti-régime, comportement alimentaire, kilos émotionnels, régimes, la vérité qui dérange, france 2 | | Facebook | | Imprimer
Commentaires
Je suis pour les préceptes du GROS que je m'efforce de suivre depuis 3/4 ans mais même si j'essaie de m'accepter telle que je suis, je sais que je suis trop grosse et ce n'est pas une question de miroir : je peux difficilement lacer mes chaussures seules,monter 3 étages sans être essoufflé ou me relever si je suis assise par terre.
Mon IMC est de 39 et je ne peux plus me convaincre que penser comme je pense suffira pour être mieux.
Je suis convaincue que les régimes, c'est le mal et j'ai entamé une psychothérapie il y a 8 mois pour tenter de trouver une raison logique au fait que je mange trop quand j'ai une angoisse, un problème à gérer mais je vais quand même devoir me "reprendre en main" et perdre 10 kilos pour pouvoir relacer mes chaussures seules ou jouer par terre avec mon fils...
Ca me fend le cœur mais en attendant de trouver LA ou LES raisons,il faut que je fasse quelque chose pour y remédier.
J'ai l'air un peu triste au vu de mon commentaire mais je ne le suis pas;je suis juste frustrée et en colère de ne pas réussir à mettre en pratique ce en quoi je crois.
PS: votre astérisque à la fin de votre post me parle et je pense malheureusement comme vous; les bons samaritains d'aujourd'hui pourraient devenir les charlatans de demain, ce que je ne souhaite évidemment pas car je crois dur comme fer à leurs théories !
Écrit par : audrey | 06/05/2014
Oh non... pas les AZ:-( Vous et eux m'avez tellement apporté....
Écrit par : claude | 06/05/2014
J'aime le printemps car il y a du choix en légumes et fruits, mais paradoxalement je me sens déprimée car je la sens bien cette "injonction à maigrir", où que je regarde je ne vois que ça, les régimes, comment être mince pour être belle. Et je culpabilise, je n'ose plus sortir, et au fond de moi je suis en colère contre cette dictature, contre cette intolérance, comment arriver à me sentir bien alors que je me sens toujours fautive de ce poids en trop. Le pire étant ce que j'ai entendu dernièrement dans la bouche d'un ado de la famille : "j'aime pas les gros, ils sont moches ils ont qu'a faire du sport et arrêter de manger au lieu de se montrer".
J'aimerais tellement que la Journée internationale sans régime soit bien plus médiatisée, mais les médias s'en foutent, ça fait pas d'audimat sans doute !
Merci pour ce que tu écris Ariane, tu es vraiment la seule à me faire du bien !
Écrit par : Nine | 06/05/2014
Bonjour !
Je suis bien d'accord avec ce post ! Merci de diffuser la bonne parole :-)
Un (ou deux) mot (s) sur Linecoaching : n'ayant pas les moyens de consulter régulièrement un diététicien, je me suis inscrite sur le site après un long parcours de régimes. Je cherchais une "autre voie", plus naturelle, pour perdre éventuellement quelques kg, mais surtout pour réapprendre à me nourrir sans tout contrôler. Les docteurs Z et A ne promettent aucune perte de poids, ils combattent simplement les charlatans du régime sur leur propre terrain et avec leurs armes (présence en ligne, abonnement pour une somme modique, coachs attentifs et disponibles, présence des docteurs, forums de discussions, etc.). Grâce à ce site, j'ai retrouvé une certaine estime de moi, j'ai repris plaisir à manger et accessoirement, en deux ans, dont un an d'abonnement, j'ai perdu 25 kg. Je leur en suis absolument reconnaissante et fais connaître Linecoaching autour de moi. A mes yeux, c'est presque une oeuvre d'utilité publique... Qu'il faut bien faire fonctionner.
Bien à vous et merci pour ce que vous faites
Écrit par : ines | 06/05/2014
@Audrey @Claude @Ines peut-être me suis-je fait mal comprendre, je ne méconnais pas du tout l'énorme travail des Drs "AZ" ni même la qualité du site LineCoaching : il ne faut pas confondre le media (internet) et le fond (la démarche) qui n'a rien à voir avec les autres sites. C'est une possibilité très utile pour certaines personnes, j'en avais parlé :
http://ariane.blogspirit.com/archive/2011/06/02/les-drs-apfeldorfer-et-zermati-lancent-linecoaching.html
et je suis ravie, Ines, que le site ait pu vous accompagner ainsi. Je parlais plutôt à l'aspect communication qui masque celle du GROS : une entreprise et une association n'ont pas les mêmes moyens...
@Audrey surtout ne perdez pas espoir, mais ne cherchez peut-être pas une raison "logique" mais une explication et surtout une façon d'avancer, en apprenant à accueillir vos émotions. Peut-être pourriez-vous lire "le piège du bonheur " de Russ Harris qui aborde ce sujet. Et continuez à croire à ces théories bien sûr !
@Nine merci beaucoup de votre soutien et continuons à avancer pas à pas dans l'acceptation de la diversité...
Écrit par : Ariane | 07/05/2014
votre article résume bien tout, pour ma part j'ai consulté un dieteticien dans votre mouvance, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai repris mon poids..en fait si : c'est un réflexe alimentaire, une addiction, un refuge..(mon imc est de 28.7), mais finalement, je n'ai jamais eu de perte de poids spectaculaire,(contrairement à pas mal de personnes dans mon entourage qui ont en général tout repris voir plus)..et maintenant , je sais ce qui ne fonctionne pas ou plutôt , comment je fonctionne, et je m'accepte..même si je suis parfois en colère contre moi quand je rentre dans une cabine d'essayage...
Écrit par : isa | 07/05/2014
je viens d'avoir une discussion avec ma fille de 16 ans qui a regardé l'émission sur france2 hier..je vais essayer de retrouver le replay car visiblement elle a appris beaucoup de choses et a été très interessée
Écrit par : isa | 07/05/2014
@isa je me souviens bien de votre démarche et désolée que vous ayez repris du poids, peut-être avez-vous arrêté l'accompagnement un peu trop tôt...pourquoi ne pas retourner chez cette personne si vous aviez une bonne relation ? Pour ma part, je dis toujours que ma porte reste ouverte car on ne sait jamais ce que la vie peut réserver et les nouvelles habitudes alimentaires peuvent être plus fragiles qu'on ne pense... J'avais vu l'émission lors de la 1ere diffusion et c'était intéressant et utile en effet
Écrit par : Ariane | 07/05/2014
Je suis complètement en accord avec vous, je connais la méthode Zermatti depuis 2006 et ne cesse de motiver les gens candidat à la perte de poids, pour au moins lire son livre sinon venir me voir (je suis naturopathe et me suis spécialisée en surpoids et techniques brèves) pour commencer un "travail"
j'ai vu l’émission hier sur France 2 et j'ai abouti sur votre site, cherchant un lien pour un replay de cette diffusion afin de le mettre dans un article que je sors demain....
Écrit par : CARDAMOME | 07/05/2014
merci Ariane pour vos conseils..je pense que j'ai pourtant toutes les clefs..
Écrit par : isa | 08/05/2014
@Cardamome ravie que vous soyez d'accord !
@isa j'espère que vous allez avancer comme vous le souhaitez
Écrit par : Ariane | 09/05/2014
Les recherches démontrent que des variations sur FTO affectent la fonction de certaines cellules. Ces anomalies affectent la fonction des récepteurs de la leptine l'hormone suppresseur d’appétit, ce qui finit par affecter la prise de poids et conduit à l’obésité.
Écrit par : Je Prends du poids | 06/06/2014
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