31/08/2017
Alors les vacances ? 5eme épisode, plonger dans un autre temps, ou l'exposition Les jours sans
Il y a quelques mois, j'avais reçu le dossier de presse de l'exposition "Les Jours sans - Alimentation et pénurie en temps de guerre", consacrée à l'alimentation des Français pendant la deuxième guerre mondiale. Malheureusement pour moi, cette exposition se déroulait à Lyon, au CHRD (Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation), mais elle m'a attirée par ce thème de la relation particulière et centrale de la nourriture durant cette période. Du coup, j'ai profité de l'été pour faire une courte escapade à Lyon. L'exposition est d'ailleurs centrée principalement sur l'expérience vécue dans la région.
Probablement, certains d'entre vous avez des arrière grands-parents, grands-parents, parents selon votre âge qui vous ont raconté leur vécu pendant cette période, qui ont rendu cette période un peu concrète pour vous.
Sinon, il est difficile d'imaginer dans notre monde d'abondance actuel ce qu'ont vécu les personnes pendant ces années, les femmes qui passaient des heures à faire la queue sans forcément de résultat, la faim souvent ressentie sans pouvoir la combler, notamment quand on était adolescent avec des besoins importants, la débrouille pour bricoler des semblants de repas, les ersatz d'aliments, qu'il s'agisse du sucre, du café, remplacé par des mélanges divers (photo ci-dessous), ...
La pénurie commence très vite au début de la guerre. Outre le manque bien réel, intense et durable de nourriture, l'organisation du rationnement a mis du temps à se mettre en place, avec notamment les tickets par âge ou métier. Les "J3" adolescents ou les travailleurs de force ont, c'est logique, vu leurs besoins énergétiques, droit à des rations plus importantes. En théorie, car bien souvent, les femmes font des heures de queue pour trouver des rayons vides...
D'ailleurs, la colère gagne peu à peu devant les difficultés à trouver de quoi se nourrir et d'autant plus quand les personnes apprennent qu'une part non négligeable de l'approvisionnement est destinée aux Allemands (les pommes de terre notamment). Le gouvernement de Vichy est obligé de lâcher du lest à partir de 1941. Il autorise le "marché rose", consistant à pouvoir recevoir ou aller chercher des colis et provisions alimentaires dans la campagne environnante. Heureux ceux qui avaient dans leur famille ou leurs proches des paysans pourvoyeurs de denrées de première nécessité. Et il tolère le "marché gris" de troc de produits manufacturés contre des denrées alimentaires. Reste illégal le marché noir, mais c'est le plus important, pour ceux qui peuvent y accéder. Par ailleurs, les consignes du pouvoir pouvaient être assez étranges. On apprend par exemple qu'on avait demandé aux boulangers de vendre le pain rassis, le lendemain de sa fabrication, afin de le rendre moins attractif....
L'exposition fait ressentir ce qu'ont été les difficultés de cette période. Il y a par exemple des témoignages audio de personnes qui étaient enfants ou adolescents et racontent quelques souvenirs, que ce soit la grande maigreur vécue alors, ou l'horreur durable des rutabagas. Il faut être né bien après la guerre pour avoir envie d'en manger, de même pour les topinambours... L'objectif de la collecte de ces témoignages était en effet à la fois d'évoquer des souvenirs mais aussi d'en raconter la trace qui a perduré. Et en effet, s'est transmis souvent de génération en génération la peur d'avoir faim, l'incapacité à gaspiller, la nécessité donc de finir son assiette, le savoir-faire pour accommoder des restes. Selon les familles, certains aspects se sont toutefois perdus au fil du temps et du développement de la société de consommation, avec son abondance, ses facilités et ses tentations, qui a mis à mal ces principes.
L'ambiance générale de l'exposition
On pourrait vraiment pour cette période parler de la "charge mentale des femmes", ce sujet d'actualité, car elles devaient faire des heures de queue, imaginer des solutions pour trouver le basique indispensable, être créatives en matière de recettes sans les aliments usuels pour que les plats restent un peu appétissants... Débrouillardise et ténacité étaient des qualités essentielles mais j'imagine que le découragement devait être parfois plus fort... Le sujet des femmes était orienté. Le gouvernement de Vichy voulait en effet promouvoir une femme épouse et mère, qui s'occupe valeureusement de sa famille... Les magazines féminins proposaient quantité de recettes de restriction. L'exposition met ainsi en avant les écrits d'Edouard de Pomiane, récemment réédité par Menu Fretin, qui tentait de proposer des solutions adaptées aux temps difficiles.
Il y a eu par exemple un livre de recettes à base de miettes de pain (remplaçant la farine). Il était en effet devenu un réflexe d'utiliser absolument tout ce qu'on avait sous la main pour composer des plats le plus acceptables possible.
Le recul par l'humour et les chansons (une parodie de "J'ai du bon tabac" par exemple) resta toutefois présent, sans doute indispensable pour supporter la dureté des temps...
L'aspect médical et santé est aussi abordé. Il est clair que la pénurie alimentaire a entraîné maladies, carences, problèmes de croissance et nombre de morts de dénutrition durant cette période même si cela n'a pas été quantifié précisément.
Il est d'ailleurs précisé que la Libération et la fin de la guerre, après une période d'euphorie, n'ont pas marqué la fin du rationnement. Celui-ci a continué et ce n'est que deux-trois ans environ après la fin de la guerre que la situation est revenue à la normale, avec un approvisionnement suffisant.
Un dernier volet présente quelques aspects de la nourriture dans les camps de concentration. Contexte alimentaire bien différent, bien plus privatif encore, assurant à peine la survie, et humiliant quand, par exemple, on ne dispose pas de couverts pour manger. Cela m'a fait penser à un témoignage de Simone Veil au sujet de l'impossibilité fondamentale de raconter ce qui s'était passé, au retour des camps. Elle donne ainsi une anecdote où elle essaie d'expliquer la privation de nourriture et une amie lui rétorque quelque chose du style : ah oui, c'est comme nous qui devions faire plusieurs km pour trouver des aubergines... (il me semble, je n'ai pas retrouvé l'émission où elle raconte cela). Il y avait aussi cependant le pouvoir d'évocation des recettes de cuisine que l'on se racontait, que l'on écrivait tant bien que mal pour se souvenir et rêver. Ou les recettes qui étaient un moyen de crypter des messages. Cela est évoqué par Jacky Durand ici.
Si vous voulez avoir un éclairage complémentaire du sujet, une émission La Marche de l'Histoire de France Inter y a été également consacrée : Les Jours sans 1939-1949.
Avez-vous dans votre famille des témoignages de ce temps ? Ressentez-vous encore les effets de ce qui a été vécu alors ?
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Ajout du 01/09/2017
Jacky Durand a fait un beau et large compte-rendu de l'exposition dans Libération
08:30 Publié dans Activités, medias, lectures... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : les jours sans, lyon, chrd, alimentation et pénurie pendant la guerre | | Facebook | | Imprimer
16/01/2017
Elle court, elle court, la gourmandise... !
Suite à la sortie de mon livre, il y a eu quelques événements à Paris et j'ai été sollicitée deci-delà par des lecteurs/lectrices, contacts sur les réseaux sociaux pour venir parler de mon livre et le dédicacer. Oh, je ferais bien le tour de France mais temps et budget risquent de manquer un peu pour cela ! Je compte quand même saisir quelques opportunités d'aller parler de mon livre et d'alimentation au fil des mois.
Pour l'instant, il n'y a pas de dédicace programmée à Paris prochainement sauf changement de dernière minute mais on peut toutefois en imaginer une de façon informelle si vous, lecteur-lectrice parisien le souhaitez. En effet, samedi 21, de 16h30 à 17h00, je serai sur l'espace La Cornue de la Grande Epicerie du Bon Marché à Paris, pour parler d'huile d'olive nouvelle, donc pas vraiment de mon livre. Mais, si vous passez juste après, et souhaitez me voir ou avoir une dédicace, ce sera avec grand plaisir. Et mon livre est disponible au Bon Marché (si vous ne l'avez pas encore !). Cela se passe dans le cadre d'un bel événement, les Olio Nuovo Days, une semaine destinée à mettre en valeur des huiles d'olive nouvelles (récolte récente) de multiples origines et de haute qualité. Je vous invite à regarder le programme, il y a de multiples événements prévus, soit de découverte-dégustation, soit dans des restaurants.
Quittons un peu Paris... Chaque dédicace est l'occasion de rencontres et échanges fort sympathiques et intéressants. Et il y en aura une une dans quelques jours, à Bordeaux. En effet, je suis invitée par l'association Femmes 3000 de Gironde à parler alimentation autour de mon livre. Et je compte bien profiter aussi de l'occasion pour rencontrer/revoir quelques sympathiques personnes installées là-bas.
J'ai évoqué mes "virées" à Brest et Périgueux, j'avais oublié Lyon. Je suis en effet partie fin octobre à Lyon pour rencontrer quelques personnes qui me suivent depuis longtemps ou moins longtemps avec fidélité. Ce fut une rencontre en fin de journée, fort chaleureuse et plaisante, dans un lieu agréable, un salon de thé-librairie, le Tasse-Livre.
J'en ai profité pour me balader une demi-journée dans Lyon, il faisait un temps froid et lumineux et j'ai beaucoup marché. J'avais sollicité quelques gourmets locaux sur les réseaux sociaux pour savoir où diriger mes pas.
Je suis arrivée à l'heure du déjeuner et me suis lancée dans une longue marche pour atteindre un restaurant largement vanté par la très gourmande Sonia Ezgulian, le Kitchen Café. Après avoir failli repartir faute de table, j'ai pu y déjeuner d'un plaisant et original plat (oie du Périgord, polenta crémeuse, choux de Bruxelles à la sauce soja) et d'un fort délicieux dessert à base de pommes "feuille à feuille". Tout cela, pas typiquement lyonnais !
Juste à côté, je suis tombée par hasard sur une boulangerie récemment ouverte, Antoinette Pain et Brioche, où j'ai été accueillie très sympathiquement. Une boulangerie qui ne fait que des pains et des brioches (déclinées à différents parfums). J'ai pris un pain de seigle (à la farine fournie par un vieux Monsieur) et une brioche, non pas aux pralines mais au café, qui fut un bonne part de mon dîner dans le train retour.
Laurence de Chocolatitudes m'avait recommandé de faire une visite à l'artisan chocolatier bio Guillaume Daix. Là aussi, j'ai eu un accueil adorable, j'ai discuté avec le chocolatier, goûté divers chocolats et suis repartie avec quelques achats.
Je suis aussi allée visiter les Halles de Lyon, pas aussi emballantes qu'on me l'avait promis, peut-être à cause du calme d'une heure creuse. J'en aurais bien rapporté quelques quenelles (j'ai le souvenir d'enfance que je mangeais cela avec délectation quand nous faisions un stop dans une brasserie lyonnaise sur la route des vacances) mais je n'avais pas le bon timing pour garder des produits au frais.
J'apprécie vraiment beaucoup ces petites escapades, mix de rencontres, de balades et de gourmandise, tout ce que j'aime !
08:20 Publié dans Activités, medias, lectures..., Restaurants & Shopping | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dédicace, la gourmandise ne fait pas grossir, lyon, bordeaxu, femmes 3000 gironde, olio nuovo day, huile d'olive nouvelle | | Facebook | | Imprimer
09/05/2010
Goûtons les spécialités locales : la praline rose de Lyon (plaisir gourmand du 8 mai)
Ce week end, j'étais à Lyon pour cause de séminaire de travail avec l'association dont je fais partie, le G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids). Pas trop l'occasion de flâner à la découverte des spécialités lyonnaises mais quand même un petit plaisir gourmand offert par une de mes gentilles collègues : une véritable praline lyonnaise, bien rose, bien croquante. Elle avait un petit goût d'enfance car cela ressemble aux "pralines" ou autres "chouchous" (qui contiennent en général une cacahuète) qu'on mangeait sur la plage. La différence, c'est que c'est une amande au milieu. La vraie praline de Lyon est toute rose car l'amande est recouverte d'une couche de sucre coloré avec un colorant naturel, la cochenille (nous a-t-on dit). Les bonnes pralines ont une petite couche de sucre pas trop épaisse pour préserver l'équilibre gustatif entre le sucre et l'amande. Donc, il vaut mieux se méfier si les pralines sont très grosses... C'est vraiment une spécialité et on trouve dans toutes les boulangeries-pâtisseries des brioches aux pralines, des tartes aux pralines toutes roses, ... J'étais contente de goûter et une a suffi à me faire plaisir.
22:52 Publié dans Plaisirs gourmands | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alimentation, lyon, praline rose, spécialités, bonbons, sucreries, confiserie, g.r.o.s, obésité, surpoids | | Facebook | | Imprimer